Tous les sondages attestent de la baisse continue des intentions de vote pour Macron au premier tour. Et l’écart séparant la fasciste et le fascisateur (selon l’expression de Frédéric Lordon) au second tour est désormais si faible qu’il est dans la marge d’erreur (voir ici). Samedi dernier, à La Défense Arena, Le Candidat a donné des signes inquiétants de perte de ses repères devant ses groupies et les figurants recrutés à grand renfort de promesses de goodies.
On pouvait prendre la mesure de son désarroi en écoutant l'ancien banquier d'affaires plagier le slogan du NPA, « nos vies valent mieux que leurs profits ». Et deux semaines après avoir expliqué aux enseignants qu’ils devraient enfin « faire des efforts » s’ils voulaient gagner plus, le voilà qui demandait à son fan-club d’applaudir « nos enseignants, à qui nous devons tant et à qui la Nation doit tant ». Comment cela, applaudir les enseignants !?! Applaudir ces losers qui, après de longues études supérieures, ont choisi une carrière de fonctionnaire mal payé dans une école publique plutôt que de devenir banquier chez Rothschild ou consultant chez McKinsey ! Il y avait là de quoi révulser légitimement plus d’un de ces JAM (Jeunes Avec Macron, oui, cela existe vraiment !) qui faisaient la Ola avec les ministres.
Autre signe de faiblesse, Le Candidat s’est aussi montré bouleversé par le sort « des gens qui ne sont rien ». Les Français « qui travaillent et voient tous leurs salaires partir en plein d’essence, en factures, en loyers et renoncent finalement à offrir un cadeau à leurs enfants », les retraités qui doivent « aller à l’aide alimentaire », les mères qui « renoncent à leur carrière parce qu’elles veulent fonder une famille », les familles « dans l’angoisse, sans solution face au grand âge », « notre jeunesse qui sombre dans la solitude, le désespoir parfois », et même les habitants « des quartiers entiers de notre République qui sont stigmatisés » ! « C’est injuste » s’est-il écrié à de nombreuses reprises.
Oui mais voilà : Le Candidat qui dénonce aujourd'hui ces injustices porte le même nom que le président de la République qui les a sciemment aggravées pendant cinq ans. Les larmes de crocodiles du premier à la veille des élections pourraient ne pas suffire à sauver la mise du second.
Marcheuses, marcheurs : il est temps de vous rendre à l’évidence. Votre gourou est détesté par une très large majorité de Français tandis que, depuis cinq ans et avec une belle unanimité, les médias ont réussi à rendre sympathique son adversaire du RN. Le ministre de l’Intérieur reprochait d’ailleurs à celle-ci d'être « un peu branlante et un peu molle », lui qui a mis en application ses idées avec zèle. Tout cela était censé servir Le Candidat en 2022. Or voici que le boomerang est sur le point de revenir.
Face à la perspective de moins en moins improbable d’une victoire de Le Pen au second tour, il vous reste toutefois une solution : faire barrage au premier tour en votant pour Mélenchon. Oui, je comprends bien que c’est une perspective qui vous répugne mais tant d’autres sont passés par là il y a cinq ans. Pourquoi ce geste désespéré ? Parce que face à Mélenchon au deuxième tour, votre idole conserve ses chances. De l’extrême-droite au PS, ils appelleront tous à voter Macron.
La peur du rouge, cette peur que Victor Hugo conseillait aux bourgeois de laisser « aux bêtes à cornes », pourrait sauver Le Candidat en perdition. Alors, offrez-vous un grand frisson et votez Mélenchon le 10 avril !