Dans un communiqué de presse du 28 octobre 2021, le ministère de l’Intérieur explique que « ces véhicules permettront aux forces de l'ordre de conduire des opérations de rétablissement de l'ordre dans des environnements dégradés, ainsi que des opérations sous le feu ». Attribué à la société Soframe, le coût estimé de ce contrat est de 57,4 millions d’euros.
Le ministère de l’Intérieur a souligné que ces blindés de « conception française, seront montés et assemblés en Alsace » et que « la caisse y est également fabriquée à partir de tôles blindées produites en France ». Nous voilà rassurés : la relocalisation des productions stratégiques est en marche à en croire le gouvernement (ce n’est toutefois pas l’avis des spécialistes du secteur). La répression en circuit court et made in France, c’est donc maintenant.
Alors que l’état des services d’urgence est « au-delà de catastrophique » selon le Collectif Inter-Urgences, que 20% des lits d’hôpitaux sont fermés faute de personnel selon Jean-François Delfraissy, que les allocations de chômage ont été réduites à partir du 1er octobre pour plus d’un million de personnes, que la moitié des étudiants ne mangent pas à leur faim et font la queue devant les points de distribution des colis alimentaires, le président de la République choisit de choyer « ceux qui le protège ». Le budget du ministère de l’Intérieur augmentera donc de 1,5 milliard d’euros en 2022 (soit une hausse de plus de 10%), ce qui permettra notamment l’achat de ces joujoux ainsi que des 170 000 nouvelles munitions de LBD qui ont fait l'objet d'un appel d'offre en mars 2021.
Si l’on ignore encore le contenu du programme du candidat Macron pour le quinquennat 2022-2027, on connait au moins les outils qu’il entend utiliser pour « convaincre » les « Gaulois réfractaires » de son bien-fondé. En soi, c’est déjà un programme.
C’est sans doute là ce qu’il est convenu d’appeler « dialogue social » dans la novlangue, et qui est en réalité un monologue antisocial. Une fois le carnet de chèque de la campagne électorale refermé, ce sera le temps des « opérations sous le feu ». Si les masques et les protections faisaient défaut aux soignants au début de l’épidémie de Covid-19, les « forces de l'ordre », elles, ne manqueront de rien.

Agrandissement : Illustration 1
