Depuis 2017, Emmanuel Macron a toujours apporté un soutien inconditionnel à la politique du gouvernement israélien dans les territoires occupés. Ainsi, à chaque bombardement de Gaza par l’armée israélienne faisant suite à des tirs de roquette du Hamas, le gouvernement français appelle les deux parties « à la retenue » établissant de fait une équivalence entre des dégâts matériels et quelques victimes d’un côté et des dizaines de morts et des centaines de blessés de l’autre. L’interdiction de manifestations pro-palestiniennes en France (voir ici et là) et la tentative de dissolution de deux associations (par un décret suspendu ultérieurement par le Conseil d’Etat) participent aussi de ce soutien.
M. Netanyahou ne s’y trompe pas puisque c’est en France qu’il a effectué sa première visite officielle à l’étranger après son retour au pouvoir fin décembre 2022, à la tête d’une coalition d’extrême-droite. Si M. Macron ne se cache pas pour afficher son soutien au régime de M. Netanyahou, il fait preuve d'une grande discrétion sur la collaboration entre les services de police des deux pays. Pourtant, l’Humanité a révélé qu’un responsable de la police israélienne avait récemment affirmé devant une commission d’enquête parlementaire « avoir reçu un fax du ministère de l'Intérieur français pour un partage d’expérience sur la gestion des manifestations ».
A l’occasion des révoltes urbaines ayant suivi le meurtre de Nahel par un policier à Nanterre, le gouvernement a franchi un cap dans la gestion de l’ordre public dans les quartiers très majoritairement peuplés de personnes racisées. Des unités anti-terroristes (BRI, RAID, GIGN) ont participé aux opérations policières de ces derniers jours. Deux syndicats de police ont publiquement affirmé être « en guerre » contre les « hordes sauvages » et les « nuisibles » sans susciter la moindre réaction du ministre de l’Intérieur. De lourdes peines de prison ferme avec mandat de dépôt sont systématiquement requises et le plus souvent prononcés à l’encontre des personnes interpellées sur la base des seules déclarations de la police. Des sanctions financières voire pénales sont envisagées à l’encontre des parents. A l’inverse, aucune annonce n’a été faite pour s’attaquer à la racine des problèmes (ghettoïsation, violence et racisme systémiques dans la police).
Le régime macroniste a manifestement choisi de refermer le couvercle de la cocotte-minute et de gérer le problème par une approche purement répressive. Les affinités idéologiques de plus en plus évidentes entre Macron et Netanyahou conduiront-elles le premier à transformer peu à peu les quartiers en « bantoustans » qui feraient l’objet d’une répression policière de plus en plus violente ? Il ne s’agit évidemment pas de sous-entendre ici que le gouvernement français envisage de traiter les quartiers comme Israël traite la bande de Gaza. Mais c’est une partie de la politique poursuivie en Cisjordanie qui pourrait servir de modèle avec un mélange de surveillance électronique et de répression militarisée. Pour ce qui est des humiliations et de la brutalité lors des contrôles, la police française n’a rien à apprendre.