Une explosion qui dévaste la moitié de la capitale du Liban, cela valait bien d’abandonner la piscine du fort de Brégançon pour quelques heures. Les autorités libanaises avaient peut-être autre chose à faire que d’accueillir un chef d’État pour une séance photo deux jours après cette catastrophe, mais il en fallait plus pour retenir M. Macron.
Ce dernier n’a d’ailleurs pas fait que visiter Beyrouth accompagné des caméras (très important pour le journal télévisé). Il a aussi rencontré les dirigeants libanais, représentants d’une oligarchie qui fait l’objet d’un profond rejet de la part de la population. Le président français a déclaré qu’il exigeait des « réformes indispensables dans certains secteurs, l’énergie, les marchés publics, la lutte contre la corruption ». « Si ces réformes ne sont pas faites, le Liban continuera de s'enfoncer », a-t-il ajouté (voir ici). Alors que la France a toujours soutenu les dirigeants libanais corrompus (on se souvient que Rafik Hariri était un grand ami de Jacques Chirac), il est pour le moins piquant d’entendre un président français exiger d’eux qu’ils luttent contre la corruption.
Le couplet sur la corruption, c’était évidemment pour amuser la galerie. L’important, ce sont les fameuses « réformes structurelles » qui permettront aux multinationales de faire de juteux profits dans la reconstruction du Liban. Tel un fonctionnaire de la Troïka se rendant à Athènes il y a quelques années, M. Macron est donc allé à Beyrouth pour exiger l’application des recettes du FMI.
Grisé par un bain de foule comme il ne peut plus s’en permettre en France, le président français a aussi déclaré qu’il voulait réclamer un « nouveau pacte politique » aux dirigeants libanais. Aux manifestants qui réclamaient leur démission, il a tenu ces propos ahurissants de la part d'un chef d’État étranger en visite dans un pays souverain (voir ici) : « S’ils ne savent pas le tenir, je prendrai mes responsabilités avec vous. » Le mandat français sur le Liban aurait-il été rétabli la nuit dernière ? Le préfet Lallement va-t-il être prochainement nommé Haut-Commissaire au Levant ?
Mais rassurez-vous, il ne s’agit nullement d’ingérence dans les affaires du Liban ; l’ingérence, cela s’applique à la Russie, voyons.