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Billet de blog 6 septembre 2024

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Un barbon réac succède à un gamin réac

« Le temps ne fait rien à l’affaire » aurait pu dire Brassens.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Après avoir nommé le plus jeune Premier ministre de la Ve République, M. Macron a finalement nommé le plus âgé. Après la nomination de Gabriel Attal à Matignon et le transfert de Simone Veil au Panthéon, le chef de l’État a désigné un politicien qui a voté contre la fin de la discrimination légale à l'encontre des jeunes homosexuels âgés de 15 à 18 ans en 1981 et contre le remboursement de l’IVG par la Sécurité Sociale en 1982.

Cette nomination s’accompagne d’une autre innovation : M. Barnier est issu d’un parti qui a obtenu 4,78% des voix au 1er tour de l’élection présidentielle et 6,57% au 1er tour des élections législatives. Dans les démocraties, le Premier ministre est issu du parti ou de la coalition ayant obtenu le plus de sièges mais en Macronie, il provient du parti qui est arrivé en quatrième position.

Si M. Barnier a été nommé par M. Macron, c’est en réalité Mme Le Pen qui l’a choisi. Selon Le Monde : « Ces derniers jours, le téléphone de Marine Le Pen ne cesse de vibrer. Emmanuel Macron s’enquiert de l’avis de la leader d’extrême droite. » Xavier Bertrand ? Elle baisse le pouce, M. Macron s’exécute. Thierry Beaudet ? Elle baisse le pouce, M. Macron s’exécute. Michel Barnier ? Dans un premier temps, l’un des seconds couteaux frontistes formule ce jugement lapidaire : « Les Français veulent la rupture avec sept ans de macronisme. Leur vendre Barnier à Matignon, c’est se foutre de leur gueule ». Pas faux…  Un autre le qualifie aimablement de « fossile » de « Jurassic Park ». Bien vu… Mais tout compte fait, Mme Le Pen a décidé de lever le pouce. Et M. Macron s’est donc empressé de nommer celui qu’elle a adoubé. Du moins pour l’instant.

Dans le discours qu’il a prononcé lors de la cérémonie de passation de pouvoir à Matignon, le nouveau Premier ministre a parlé des « gens d’en bas qu’il faut respecter ». Les « respecter », Monsieur est vraiment trop bon. Qu’il prenne garde à ne pas attraper un vilain tour de reins en s’abaissant vers ces « gens d’en bas ». Étaler son mépris de classe dès sa prise de fonction, voilà qui ne peut que plaire à un président de la République qui sue par tous les pores la haine de la « vile multitude » comme disait son maître à penser Adolphe Thiers. Candidat à la primaire de la droite en 2022, M. Barnier s’était aussi prononcé pour la retraite à 65 ans, ce qui ne peut que ravir M. Macron. Il s’était déclaré en faveur du durcissement de la politique d’immigration avec un chapelet de propositions dont beaucoup furent reprises dans la loi immigration votée main dans la main par les macronistes, LR et RN en décembre 2023. Ses couplets sur la « sécurité » et  la lutte contre « l’assistanat » étaient aussi de nature à enchanter tant MM. Wauquiez et Ciotti que Mme Le Pen.

Nous voici donc avec un Premier ministre qui mènera une politique encore plus réactionnaire sur le plan économique et social, encore plus raciste et encore plus violente. Comme en Italie, c’est une alliance de la droite et de l’extrême-droite qui va gouverner. La longévité de son gouvernement ne dépendra que de celle à qui il doit sa nomination, qui le tient en laisse et lui dictera sa politique : Mme Le Pen. Et lorsqu’elle jugera le moment propice, elle baissera le pouce.

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