Dès 20h01, vous les entendrez, les trémolos dans la voix, sonner la charge contre l’extrême-droite pour « défendre les valeurs de la République » et « sauver la démocratie ». Ils sont prêts et n'attendent que cela mais il leur faut d'abord écarter définitivement le danger qui les empêcherait de voter Macron au second tour en se drapant dans le manteau de l’antifascisme. Et ce danger, c’est évidemment que la candidate de l’extrême-droite soit éliminée dès dimanche par le seul candidat de gauche susceptible de parvenir au second tour.
Si tel était le cas, la démocratie serait en péril, vous disent-ils. Par celui qui piétine le Parlement depuis cinq ans et a mené la répression la plus violente depuis la guerre d’Algérie ? Mais non, enfin, celui-là, c’est leur candidat du second tour.
Cet homme dangereux soutient toutes les dictatures. Qui cela ? Celui qui fait la courbette devant le prince saoudien Mohammed ben Salmane et décore en catimini le président égyptien Al-Sissi, ces riants démocrates ? Vous n’y êtes pas du tout. Celui-là, c’est le président sortant, pour qui ils vont voter au second tour.
Ceux qui s’affichaient avec le syndicat Alliance dans une manifestation de policiers factieux devant l’Assemblée Nationale ne veulent surtout pas qu’on les prive d’un second tour entre deux candidats qui étaient eux aussi présents ou représentés à cette manifestation et qui promettent tous deux une impunité totale aux forces de l’ordre.
Vraiment, vivement dimanche soir afin qu’ils puissent se consacrer à l’essentiel. Depuis plusieurs semaines, ils s’activent dans les cuisines électorales pour se partager les circonscriptions aux législatives, en fonction des résultats du premier tour des présidentielles. C’est le financement de leurs boutiques qui est en jeu. Il ne s’agirait tout de même pas que ce travail soit ruiné par la dynamique que générerait un second tour différent.
Tout faire donc afin de pouvoir voter pour le fascisateur contre la fasciste et puis penser à la suite. Dès 20h01. La suite ? D’abord, s’assurer que l’on a encore un poste d’élu car il faut bien vivre. En attendant un poste de ministre, une sinécure dans quelque Autorité ou dans une institution européenne. Pas tout de suite, bien sûr, car on a sa dignité. Quoique… Sauver la démocratie contre « les extrêmes », cela mérite bien une certaine reconnaissance.