Le 9 septembre 2021, dans la cour d’honneur des Invalides, Emmanuel Macron présidera son dixième hommage national à une personnalité disparue depuis le début du quinquennat. Il y en avait eu sept sous la présidence Hollande, deux sous Sarkozy et deux sous Chirac (voir ici). Pas de doute, le président du prétendu « nouveau monde » adore ces cérémonies en hommage aux gloires de l'ancien. Et il « panthéonise » aussi à tout va ! Oh, pas n’importe qui certes, pas Gisèle Halimi par exemple. Il ne faut tout de même pas braquer l'électorat de droite extrême à quelques mois de la présidentielle.
Tous les communicants vous le diront : un hommage national, c’est toujours bon pour la cote de popularité, surtout quand il honore une personnalité populaire justement. Cela vous assure deux heures de retransmission en direct sur toutes les chaînes de TV, de larges extraits du discours dans tous les journaux télévisés et des commentaires dithyrambiques des plumitifs de la Cour. Et pas le moindre risque de se faire huer par la populace. Par les temps qui courent, c'est inestimable.
Certes, à sept mois du premier tour, cette cérémonie arrive un peu tôt. Belmondo aurait pu attendre un peu mais que voulez-vous, il faut faire avec (si l’on peut dire). Cependant, tout espoir n’est pas perdu pour le commémorateur en chef. Il reste sept mois. Oublions Line Renaud : elle a 93 ans et ferait sans doute un effort pour son petit Manu mais ce serait au prix d'une déprime de Mme Macron qui serait malvenue en pleine campagne électorale. Brigitte Bardot est bien placée ; elle a 86 ans, elle plaît beaucoup aux fachos - ce qui est un plus indéniable - ainsi qu’aux défenseurs des bébés phoques, dont le poids électoral est moindre mais il n’y a pas de petits profits. Alain Delon a 85 ans et il a soutenu François Fillon en 2017 ; sa récupération posthume serait un coup dur pour Les Républicains. Écartons en revanche Gérard Depardieu car c’est un petit jeune de 72 ans et en plus c’est un grand ami de Poutine.
Tout bien pesé, un hommage national à Bardot ou Delon aux alentours de mars 2022, ce serait d'une rentabilité digne d'un grand banquier d'affaire. Les deux, ce serait la réélection assurée.
En attendant, des extraits du discours que le président de la République pourrait prononcer jeudi aux Invalides ont déjà fuité. Il parait que les conseillers en communication de M. Macron essaient de le dissuader d'inclure dans son hommage à Belmondo cette référence cinéphilique :
« Si vous n’aimez pas la suppression de l’ISF, si vous n’aimez pas la baisse des allocations-chômage, si vous n’aimez pas la réforme des retraites, allez vous faire foutre ! »