Dans une analyse géopolitique d’une grande finesse et d’une rare élégance, Raphaël Enthoven dénonce les « raisonneurs », les « planqués » et les « munichois » qui ne sont que des « frocs baissés » et des « suceurs de tyrans ». Raisonneur : « celui, celle qui raisonne, enchaîne les arguments » d’après Le Littré. Quelle horreur !

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BHL a pour sa part survécu à moult mitraillages de photographes sur tous les fronts. Il est aujourd’hui aux commandes depuis son QG des beaux quartiers de Paris, prêt à le transférer à Marrakech si les chars russes se dirigeaient vers la place de la Concorde. Une photo (en noir et blanc de préférence) dans Kiev assiégée complèterait magnifiquement son album, trente ans après Sarajevo.
Un autre grand ami de l’Ukraine, Raphaël Glucksmann, est lui aussi sur le front des chaines d’infox en continu. En tant que député européen, il a voté avant le déclenchement du conflit une assistance financière à l’Ukraine assortie de « conditions (...) axées sur des réformes structurelles et des finances publiques saines, auxquelles l’assistance (...) doit être subordonnée. » Des « réformes structurelles » à la sauce FMI et mises en œuvre par un gouvernement néo-libéral soutenu par des oligarques, tel était l’avenir radieux auquel était promis le peuple ukrainien par son « ami » Glucksmann. Ses opinions bellicistes et son engagement pro-OTAN ne datent pas d’aujourd’hui puisqu’il fut le conseiller de l’ancien président géorgien Saakachvili, aussi atlantiste et néo-libéral que peu regardant sur la démocratie et les droits de l’homme.
Les va-t-en-guerre ont donc repris du service. L’impérialisme russe succède à l’islamisme, Vladimir Poutine à Saddam Hussein ou Mouammar Kadhafi et la « poutinophilie » à « l’islamo-gauchisme ». Un produit en remplace un autre sur les étagères du prêt-à-penser médiatique. Toujours aussi fringants, ils vont d’un plateau TV à l’autre et appellent à l’intervention armée des Occidentaux en Ukraine. Et ils sont bien déterminés à ce que les Ukrainiens se battent jusqu’au dernier ! Que diable, il y va de notre civilisation et accessoirement de leur rente médiatique.
Pendant la guerre d’Espagne, André Malraux, George Orwell ou encore Simone Weil ne se payèrent pas de mots : ils partirent se battre aux côtés des Républicains espagnols. C’est une époque révolue puisque, selon Raphaël Enthoven « une guerre se gagne quand chacun est à sa meilleure place, et je suis (à regret) plus efficace avec un clavier qu’avec une mitraillette ». Le Point fera-t-il une manchette de plus sur le thème : « Le niveau baisse » ? En attendant, de source proche du Kremlin, on rapporte que Poutine est très inquiet de l’emploi de cette arme de destruction massive qu’il n’avait sans doute pas anticipé : le clavier (mal tempéré) d’Enthoven.

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