Le Premier ministre, en tenant ces propos dans un entretien à Ouest-France, a ouvert de nouvelles perspectives aux technocrates de Bercy qui ne jurent que par la réduction de la dépense publique. A quoi bon en effet disposer de lits de réanimation prêts à être utilisés lors de catastrophes naturelles ou sanitaires ? Autant attendre que l’évènement se produise, n’est-ce pas ?
Cette approche innovante pourrait avantageusement être étendue à d’autres domaines de l’action publique. L’armée par exemple : pourquoi entraîner des soldats en temps de paix et les équiper en matériel couteux ? Ne serait-il pas plus judicieux d’attendre que la guerre menace pour acquérir le matériel et former ceux qui les utilisent ? Ce serait certes courir le risque d’une défaite cuisante mais le Premier ministre du moment pourrait toujours expliquer que « personne ne pouvait le prévoir », que l’on n’achète pas des chars d’assaut « chez Ikea » et qu’on ne forme pas des soldats en claquant des doigts.
De même, les pompiers qui luttent contre les incendies de forêts. Pourquoi faut-il maintenir une flotte de Canadair qui reste dans les hangars pendant tout l’hiver et des pompiers qui sont sous-utilisés ? Ne pourrait-on recruter les pompiers en CDD d’un mois renouvelable entre mai et octobre et attendre le premier incendie pour louer le matériel nécessaire ? Même chose pour les chasse-neige qui ne servent à rien en été.
« Gouverner, c’est prévoir », dit la maxime attribuée à Adolphe Thiers (mais aussi à Emile de Girardin). Bien que Thiers soit à l’évidence une source d’inspiration dans de nombreux domaines pour l’actuel gouvernement, la maxime qui définit le mieux ce régime est plutôt : « Gouverner, c’est improviser. »
Avec le succès que l’on sait depuis un an.

Agrandissement : Illustration 1
