Samuel Grzybowski est ce macroniste défroqué qui voulait faire pression pour empêcher les candidats ayant l’outrecuidance de ne pas se soumettre à sa « primaire populaire » d’obtenir leurs 500 parrainages.
Raphaël Gluscksmann, qui hérita de son père une grande admiration pour Nicolas Sarkozy, est un européiste béat et un atlantiste jusqu’au bout des ongles. Son fonds de commerce, c’est les « droits de l’homme ». Quand il était conseiller du président géorgien Saakachvili, les violations des droits de l’homme ne l’empêchaient pourtant pas de dormir.
Cyril Dion était l’un des « garants » de la Convention Citoyenne pour le Climat, créée par Emmanuel Macron et dont il a fait litière des propositions. Mais notre garant a compris pourquoi : le président de la République et ses ministres manquent de formation sur les enjeux de la transition écologique. Dans une tribune publiée dans le JDD qu’il signe avec une quinzaine de personnalités, il leur demande donc de suivre une formation de 20 heures afin qu’ils comprennent de quoi il s’agit (prière de ne pas s'esclaffer).
Qu’ont en commun ces trois personnalités – parmi d’autres qui sentent le vent tourner ? D’avoir eu leur épiphanie à propos de la NUPES et d’en être devenues des ardents soutiens (voir ici, ici et là). Cela ne fait pas l’ombre d’un doute : on pourra compter sur ces convertis de la vingt-troisième heure pour être d’une grande fermeté lorsqu’un éventuel gouvernement Mélenchon devra affronter le président Macron, le Sénat, le Conseil Constitutionnel, le Conseil d’État, le MEDEF, les syndicats de policiers, la BCE, la Commission Européenne, la quasi-totalité des gouvernements de l’UE et celui des États-Unis.
Dans cette épreuve, ils trouveront à leurs côtés les dirigeants et députés PS, EELV et PCF qui ont soutenu Hidalgo, Jadot et Roussel et dont l’unique objectif était d’empêcher que Jean-Luc Mélenchon accède au 2ème tour. Sans compter les transfuges tels que Cédric Villani, désormais candidat investi par la NUPES dans la circonscription où il fut élu sous l’étiquette LREM en 2017 ! Mélenchon, l’ami des dictateurs, le complice de Poutine, le danger pour la démocratie (dixit Jadot et Hidalgo) ou encore celui qui ne parle qu’aux « franges radicalisées des quartiers périphériques » (dixit Roussel) semble soudainement (et provisoirement) avoir trouvé grâce aux yeux de tous ces politiciens, à l’heure où leur seule priorité est de sauver leur sinécure.
Est-ce que cette alliance est de nature à donner à un gouvernement Mélenchon une base parlementaire solide pour mettre en œuvre une politique de rupture ? Il est permis d’en douter même si le rapport de forces ne permettait probablement pas d’espérer gagner les législatives sans l’appui de partis moribonds qui ont trahi les espoirs des classes populaires depuis des décennies. Qui peut croire notamment que l’attribution de 70 circonscriptions au PS qui a soutenu la politique de François Hollande soit de nature à convaincre ceux qui ne votent plus pour la gauche depuis des lustres de le faire les 12 et 19 juin prochains ? Elle risque au contraire d’en éloigner certains qui ont voté Mélenchon au 1er tour.
Xavier Mathieu, l’ancien syndicaliste CGT des « Conti », a sans doute le mieux résumé la déception et la colère de nombre de militants et de citoyens qui ont soutenu la candidature de Jean-Luc Mélenchon au 1er tour. Annonçant qu’il quittait le « Parlement de l'Union Populaire » (instance qui n'a plus donné signe de vie depuis le 1er tour) et déplorant que le PS ait été préféré au NPA, il a déclaré dans un communiqué : « Pourquoi ressusciter le Parti Socialiste dont les trahisons l’ont mis là où il méritait de rester : la morgue. (…) » Et de conclure : « Force à l’assemblée. Force à la rue pour un monde meilleur. »
Un nouveau juin 1936, contraignant une majorité parlementaire timorée à aller beaucoup plus loin que le programme sur lequel elle a été élue, c'est en effet là que se situe l'espoir de pouvoir construire un monde meilleur. Si un tel mouvement social voyait le jour, il trouverait contre lui tous ceux qui soutiennent la NUPES comme la corde soutient le pendu.