MANUGÉRALD - De quoi, selon votre médecin, êtes-vous malade ?
MARIANNE – Il dit que c’est du chômage, et d’autres disent que c’est de la pauvreté.
MANUGÉRALD - Ce sont tous des ignorants, c’est du voile que vous êtes malade.
MARIANNE – Du voile ?
MANUGÉRALD - Oui. Que sentez-vous ?
MARIANNE - Je sens de temps en temps les effets du réchauffement climatique.
MANUGÉRALD – Justement, le voile.
MARIANNE - Il me semble parfois que je vois des étudiants dans la misère.
MANUGÉRALD – Le voile.
MARIANNE – J’ai quelquefois des cauchemars à cause de tous les plans sociaux.
MANUGÉRALD – Le voile.
MARIANNE – Je sens parfois des lassitudes dues à l’état d'urgence sanitaire.
MANUGÉRALD – Le voile.
MARIANNE – Et quelquefois il me prend des douleurs à la tête, comme si j’avais été matraquée par des policiers.
MANUGÉRALD – Le voile. Vous êtes attachée à la liberté ?
MARIANNE – Oui, Monsieur.
MANUGÉRALD – Le voile. Vous aimez l’égalité ?
MARIANNE – Oui, Monsieur.
MANUGÉRALD – Le voile. Vous chérissez la fraternité ?
MARIANNE – Oui, Monsieur.
MANUGÉRALD – Le voile, le voile, vous dis-je. Quelle politique vous ordonne votre médecin ?
MARIANNE - Il m'ordonne plus de justice sociale.
MANUGÉRALD – Ignorant.
MARIANNE - De rétablir l'ISF.
MANUGÉRALD - Ignorant.
MARIANNE - De lutter contre la fraude fiscale.
MANUGÉRALD - Ignorant.
MARIANNE - D'augmenter le SMIC.
MANUGÉRALD - Ignorant.
MARIANNE - De donner plus de moyens aux hôpitaux.
MANUGÉRALD - Ignorant.
MARIANNE - Aux écoles et aux universités.
MANUGÉRALD - Ignorant.
MARIANNE - Et de réguler la finance.
MANUGÉRALD - Ignorant.
MARIANNE - Et surtout de cesser de réprimer les mouvements sociaux.
MANUGÉRALD - Ignorantus, ignoranta, ignorantum.