Parmi les pays de l’OCDE, la France est celui où l’origine sociale des élèves a le plus fort impact sur leurs résultats scolaires selon le rapport PISA de 2019. Les élèves de familles défavorisées y ont cinq fois plus de risques d'être en difficulté que ceux venant d’un milieu aisé.
En octobre 2022, le ministère de l’Éducation Nationale a été contraint de publier les indices de position sociale (IPS) des écoles élémentaires et des collèges. Cet indice permet de quantifier les inégalités sociales à l’école et de savoir si les élèves sont en moyenne issus d’un milieu social favorable à la réussite scolaire. A la lecture des résultats, on comprend que le ministère ait tout fait pour éviter de publier ces données. Il révèle le degré élevé de ségrégation scolaire entre établissements, en fonction de leur localisation et de leur caractère public ou privé. Oh ! surprise, on constate que sur les 100 collèges avec l'IPS le plus élevé, 81 sont des établissements privés et 19 établissements sont publics.

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Faudrait-il réduire le nombre d’élèves par enseignant ? Pour ce faire, devrait-on mieux rémunérer ceux-ci afin de restaurer l’attractivité du métier et résoudre ainsi les difficultés de recrutement ? Rien de tout cela, bien entendu. Nouvelle ministre de l’Éducation Nationale, Mme Macron a identifié une mesure bien plus importante à prendre : le port de l’uniforme. Elle a fait part de son expérience en la matière et en a expliqué les bienfaits : « J'ai porté l'uniforme comme élève : 15 ans de jupette bleu marine, pull bleu marine. Et je l'ai bien vécu. Cela gomme les différences, on gagne du temps - c'est chronophage de choisir comment s'habiller le matin - et de l'argent - par rapport aux marques. »
Elle a bien raison Mme Macron. Quelle perte de temps pour tous ces enfants pauvres qui doivent choisir chaque matin parmi les dizaines de chemises, chemisiers, pantalons, jupes et robes de leur immense garde-robe ! Et puis, la ségrégation scolaire a toujours été au cœur de ses préoccupations. Elle a fait ses études dans un établissement catholique – avec sa jupette bleu marine -. Elle a enseigné au lycée jésuite La Providence d’Amiens où la bourgeoisie amiénoise scolarise ses rejetons. Puis elle a exercé ses talents au lycée privé jésuite Saint-Louis-de-Gonzague (« Franklin ») dans le XVIe arrondissement de Paris, dirigé à l’époque par Mme Fradin de Bellabre, et où furent notamment scolarisés les enfants de Bernard Arnault et le petit Bruno-demande, fils de la directrice.
Difficile de ne pas admettre que, dans ces établissements, le port de l’uniforme prépare aux plus grandes destinées. On peut même y entretenir avec un élève de 15 ans une relation qui ouvre plus tard les portes de l’Élysée alors qu’elle relèverait de l’article 227-27 du Code Pénal pour le commun des mortels. Si le port de l’uniforme venait à être étendu aux écoles publiques, il conviendrait de veiller à ce que des signes extérieurs permettent de distinguer les uniformes des enfants des gueux de ceux des enfants du gotha. Pourquoi ne pas attribuer à Dior un appel d'offre pour les uniformes des enfants de bonne famille ? Pour les autres, Kiabi fera l'affaire. Gommer les différences, certes, mais point trop n’en faut. Quant à ne pas céder à la dictature des marques, qui mieux que Mme Macron pour s’en préoccuper, elle qui arbore les tenues que lui prête de manière si désintéressée un ancien parent d’élève de Franklin, devenu première fortune mondiale.
L’obscur directeur de cabinet de Mme Macron, un certain Pap N’Diaye, avait fait part de son opposition au port de l’uniforme. « Imposer le port de l’uniforme à tous les élèves, c’est non », s'était-il exclamé. De quoi se mêle-t-il ? Heureusement, la ministre a quelques alliés qui partagent ses convictions : le RN a en effet déposé une proposition de loi rendant obligatoire le port de l'uniforme dans les écoles et collèges publics. Les députés l’ont toutefois rejetée, quel manque de respect ! C’est bien dommage car le Bleu Marine, dont Mme Macron garde la nostalgie, aurait fait l’objet d’un consensus avec ses amis versaillais et vichyssois. Du moins pour les filles. Car pour les garçons, le brun (ou éventuellement le noir, il faut rester ouvert d'esprit) seraient indéniablement plus seyants. Avec un petit brassard, cela va sans dire.