C’est l’histoire d’Amélie et de son mari Frédéric. A l’époque des faits qui leur sont injustement reprochés par une certaine presse, elle était employée d’une compagnie d’assurance et son mari employé de banque. Un de ces couples de Français qui se lèvent tôt et travaillent dur sans jamais rien demander. Peu à peu, ils purent se constituer une petite épargne qui leur permit d’acquérir un modeste appartement dans le 6ème arrondissement, connu pour constituer l’un des ghettos du 7-5. Quand leur aîné eut l’âge d’entrer à l’école maternelle, c’est dans la petite école du quartier qu’ils durent scolariser leur rejeton.
Ce fut le début de l’enfer pour Amélie et Frédéric. Comme tous les habitants de ces « quartiers », ils emmenaient leur progéniture à l’école chaque matin avec la boule au ventre : la feignasse grassement payée avec nos impôts à qui ils confiaient leur bout de chou s’était-elle encore fait porter pâle ? Et si oui, l’administration aurait-elle déniché dans ses effectifs pléthoriques un autre de ces tire-au-flanc pour assurer la garderie ?
Amélie se souvient et raconte cette histoire, celle de son aîné Vincent. Elle évoque avec colère « la frustration de ses parents qui avaient vu des paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées ». Et elle lance ce cri, celui d’une mère déchirée : « A un moment, on en a eu marre, comme des centaines de milliers de familles qui à un moment ont fait un choix d’aller chercher une solution différente ».
Comme tant de familles modestes, Amélie et Frédéric plaçaient en effet tous leurs espoirs dans la scolarité de leur enfant, y voyant le moyen de lui assurer une vie meilleure que la leur. Comment accepter que leur enfant subisse une telle perte de chances en raison de l’absentéisme récurrent dans son école ? Et puis, il fallait à chaque fois trouver dans l’urgence un moyen de faire garder le petit et risquer les réprimandes de leur chef constatant une arrivée tardive au bureau.
Excédés, Amélie et Frédéric décidèrent donc de scolariser le petit Vincent dans un collège privé catholique proche de leur domicile, « un choix de proximité » tout simplement. Dans leur malheur, ces parents courageux ont malgré tout eu de la chance. Car bien souvent dans ces ghettos, les seules écoles privées qu’on y trouve sont des écoles de confession musulmane dispensant un enseignement intégriste : promotion de la non-mixité, assimilation de l’avortement à un meurtre, condamnation de la contraception, sexisme, homophobie et promotion des thérapies de conversion. Voilà ce qui aurait pu attendre Vincent et ses petits frères mais fort heureusement leur école dispensait les enseignements de notre Très Sainte Mère l’Église Catholique, Apostolique et Romaine dont on connaît les positions libérales sur toutes ces questions.
Malgré les sacrifices financiers que durent faire Amélie et Frédéric pour que leurs trois fils étudient dans cette école, ils n’ont jamais regretté leur décision. « Depuis, de manière continue, nous nous assurons que nos enfants sont non seulement bien formés, avec de l’exigence dans la maitrise des savoirs fondamentaux ; mais qu’ils sont heureux, qu’ils sont épanouis, qu’ils ont des amis, qu’ils sont bien, qu’ils sont en sécurité, en confiance... et c’est le cas pour mes trois petits garçons ».
Amélie a su épargner à ses « trois petits garçons » l’horreur d’une scolarité dans une école publique du ghetto où ils vivent. Une école publique où il n’y a aucune exigence dans la maîtrise des savoirs fondamentaux. Une école publique où les élèves ne peuvent être heureux, s’épanouir, avoir des amis, être bien. Une école publique où ils ne pourraient tout simplement pas se sentir en confiance et en sécurité.