Le croupier de la République

Prévoir, c’est sans doute très « ancien monde » pour le dirigeant de la prétendue « start-up nation ». Il faut vivre avec son temps, que diable !

Et l’époque est entre autres aux numéros verts. Pour ce gouvernement, dès qu’un problème fait l’objet de quelque attention dans les médias – la seule raison pour qu’il s’y intéresse -, il devient urgent d’annoncer  la création d’un numéro vert. Non pas pour résoudre le problème en question (qui est bien souvent une conséquence de la politique mise en œuvre) mais pour faire croire qu’il s’en occupe et pour expliquer à celles et ceux qui en subissent les conséquences comment se passer d’une solution. Tant de numéros verts ont été créés depuis quatre ans que le temps est d’ailleurs sans doute venu de créer un numéro vert pour s’y retrouver dans la jungle des numéros verts.

L’époque est aussi à « l’agilité », parait-il. Être « agile », cela permet à nos gouvernants de donner à l’improvisation et à l’impréparation les apparences d’une méthode et les signes extérieurs d’une stratégie. Tout changement de politique à 180 degrés est alors présenté non pas pour ce qu’il est - un constat d’échec - mais pour une preuve de l’extraordinaire capacité d’adaptation de nos dirigeants. Le summum de l’agilité, c’est évidemment de faire appel à des consultants qui obtiennent des contrats de l’État pour lui expliquer comment saccager un service public puis de nouveaux contrats pour aider les pouvoirs publics à en gérer les conséquences.

Dernièrement, le Grand Épidémiologiste qui nous gouverne et que le monde entier nous envie s’est découvert une passion pour le jeu. Il fait des « paris » et les chroniqueurs de la Cour nous racontent avec émerveillement qu’il est sur le point de « gagner son pari ». Dernier en date : transférer des malades depuis les services de réanimation d’Ile de France vers des hôpitaux de province afin d'éviter de devoir reconfiner la capitale et sa région. Car, ne pas reconfiner, c’était son pari précédent.

« Faites vos jeux, rien ne va plus », nous dit le croupier de la République. Rien ne va plus, en effet.