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Billet de blog 16 janvier 2025

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François Bayrou achète la bienveillance du PS pour quelques lentilles

Il fut un temps où des politiciens retournaient leur veste pour un plat de lentilles. De nos jours, quelques lentilles suffisent.

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Le Bureau National a tranché après des jours de faux suspense : les députés PS ne voteront pas la motion de censure déposée par les autres groupes du NFP : LFI, les Écologistes et le PCF. Faux suspense car l’histoire montre que quand le PS penche, il finit toujours par tomber du même côté : le côté droit.

Les électeurs de gauche non socialistes qui ont voté pour un candidat PS apprécieront que le député qu’ils ont contribué à faire élire en juillet 2024 apportera en fin de compte son soutien au gouvernement le plus réactionnaire constitué depuis Vichy et dans lequel les syndicats de police factieux ont placé deux de leurs protégés : M. Retailleau à l’Intérieur et M. Darmanin à la Justice. La présence de ces deux politiciens d’extrême-droite, tendance catho intégriste pour le premier et tendance Action Française pour le second, devrait suffire à tout député prétendument de gauche pour voter la censure. Pas pour un député PS.

Tout le monde a compris que ce qui se jouait dans cette comédie, c’était la survie politique d’Olivier Faure que la droite du PS (la droite de la gauche de droite) entend déloger lors du congrès de 2025. Il lui fallait donner des gages aux Hollande, Delga, Hidalgo, Cazeneuve et Glucksmann qui veulent à tout prix rompre avec le NFP et se livrer aux délices des alliances avec les « gens responsables », les « partis de gouvernement », ce que Marine Le Pen appelait il y a quelques années l’UMPS.

Mais les députés PS qui soutiennent MM. Retailleau, Darmanin et Valls ont leur susceptibilité : il leur fallait obtenir quelques miettes pour prix de leur soutien. C’est chose faite : François Bayrou après moult tergiversations a fini par leur jeter les miettes en question. Le budget 2025 sera bien pire que celui de 2024 mais un tout petit peu moins que ce qu'il aurait pu être : grande victoire du PS ! Le gouvernement renonce à des mesures qui n’auraient pu être prises si le budget avait de nouveau été censuré (les 2 jours de carence supplémentaires des fonctionnaires, l’augmentation du ticket modérateur) et fait quelques promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent.

Et surtout, après avoir réclamé l’abrogation puis seulement la suspension de la réforme des retraites, le PS se satisfait maintenant de l’ouverture d’une pseudo-négociation entre les partenaires sociaux. Négociation dont Michaël Zemmour a bien montré dans ce billet de blog le caractère profondément déséquilibré au bénéfice du patronat. Pendant ce temps, celui de la négociation puis celui nécessaire au vote d’une nouvelle loi prenant en compte ses résultats éventuels, la réforme de 2023 continuera de s’appliquer. Le MEDEF n’ayant aucun intérêt à faire des concessions, M. Bayrou fera le constat dans le courant de l’année que les partenaires sociaux n’ont pas su se mettre d’accord et qu’il n’y a donc pas d’autre solution que de maintenir la réforme de 2023.

Le Nouveau Front Populaire est mort. Le PS se ré-hollandise. Qui aurait pu le prévoir ? Toutes celles et ceux qui n'ont pas oublié ce que ce parti a fait depuis plus de 40 ans.

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Addendum après le vote de cet après-midi : 8 députés PS (sur 66) ont refusé les lentilles.

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© Christian Creseveur (@creseveur@mamot.fr)

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