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Billet de blog 17 octobre 2024

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« Justice a été rendue » : quand l’assassinat politique tient lieu de justice

« Justice a été rendue » : c'est la réaction de Kamala Harris à l’assassinat de Yahya Sinwar par Israël. Les mêmes mots avaient été utilisés par Barack Obama après l’assassinat d’Oussama Ben Laden par les États-Unis et par Joe Biden après celui d’Hassan Nasrallah par Israël.

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Il ne s’agit pas de s’apitoyer sur le sort de ces trois individus mais l’assassinat politique, fût-il celui d’auteurs de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité, n’a évidemment rien à voir avec la justice. La justice se rend lors d’un procès … comme celui d’Eichmann en Israël en 1961. Rappelons que celui-ci avait été enlevé à Buenos Aires par les services secrets israéliens puis transféré en Israël pour y être jugé.

Les dirigeants occidentaux, ceux de l’autoproclamé « camp du Bien », et leurs perroquets médiatiques nous expliqueront une fois encore que l’élimination physique d’un dirigeant d’une organisation qu’ils qualifient de terroriste est justifiée. Le « Bien » terrasse le « Mal », les « Bons » tuent les « Méchants », quoi de plus légitime et de plus moral, n’est-ce pas ?

Mais qu’est-ce qui définit un méchant terroriste qu’on peut éliminer sans autre forme de procès avant de célébrer son assassinat ? Serait-ce le nombre de victimes civiles ? A cet aune, Benyamin Netanyahou qui a plus de sang innocent sur les mains que Ben Laden, Nasrallah et Sinwar réunis serait passible de la même forme de « justice » que ces derniers. Et pourtant, dans l’hypothèse où un missile ou un drone tiré par le Hamas, le Hezbollah ou les Houthis venait à tuer le Premier ministre israélien et que les dirigeants de ces organisations déclaraient que « justice a été rendue », les dirigeants occidentaux s’indigneraient d’une telle déclaration et envisageraient immédiatement des sanctions et des représailles.

Rien de plus normal, nous dira-t-on car on ne saurait mettre sur le même plan le dirigeant d’un État souverain et le chef d’une organisation commettant des actes terroristes, quand bien même le premier serait tout aussi criminel que le second. Vraiment ? Imaginons qu’un commando tchétchène tue Vladimir Poutine, ne se trouverait-il pas un chef d’État du « camp du Bien » pour expliquer que « justice a été rendue » ? Poser la question, c’est y répondre.

Tout cela n’a évidemment rien à voir avec la justice : il s’agit du droit du plus fort à faire ce que bon lui semble. Que ces deux états voyous que constituent les États-Unis et Israël se rejoignent pour qualifier de « justice » les assassinats politiques de leurs ennemis n’étonnera personne. Qu’attendre d’autre quand le second commet sous nos yeux un génocide avec l’appui inconditionnel du premier sur les plans économique, militaire et diplomatique ?

Après ce qu'Israël a fait à Gaza et en Cisjordanie depuis un an et au Liban depuis quelques semaines, des dizaines de Sinwar et de Nasrallah prendront la relève dans les mois et les années qui viennent. Quel que soit le vainqueur de l'élection présidentielle américaine en novembre prochain, il ou elle aura encore de nombreuses occasions de faire part de son indécente réjouissance à chaque fois que « justice aura été rendue ».

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