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Billet de blog 17 novembre 2021

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La pauvreté menace les patrons du CAC40

« Quant à l'augmentation générale des salaires, faisons attention à la boucle prix-salaires, qui est un cercle vicieux qui peut nourrir l'inflation, et appauvrir les Français. » Bruno Le Maire, le 16 novembre 2021.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans une déclaration faite hier devant l’Assemblée Nationale, le ministre de l’Économie a « appelé tous les secteurs qui sont en pénurie de main d’œuvre à faire des effort salariaux pour rendre leurs métiers plus attractifs et avoir de meilleures rémunérations. » Et de répéter ce matin au micro de Sud Radio : « Il faut des augmentations significatives de salaire dans les secteurs où il y a des tensions sur le recrutement et sur la main d'œuvre. »

C’est qu’il deviendrait presque insistant le ministre de l’Économie. On s’est en effet habitué aux « demandes » de M. Le Maire aux patrons. Toujours formulées avec une très grande modération : « Serait-il possible, si cela ne vous dérange pas, que je vous demande d’avoir l’obligeance de bien vouloir étudier la possibilité de procéder à l’analyse de l’éventualité d’un hypothétique examen de telle ou telle mesure ? » Au choix : licencier avec modération, investir, embaucher, ne pas verser trop de dividendes tout en empochant les aides publiques, etc. etc.

Aucune des demandes du ministre de l’Économie n’a jamais été suivie du moindre effet. Et cela ne le gêne nullement puisqu’il s’agit d’opérations de pure communication de sa part. Mais même pour faire de la comm’, les hausses de salaire n’ont jamais fait partie des « demandes » de Bruno Le Maire depuis 2017 car on ne plaisante pas avec ces sujets à l’Élysée et à Bercy. Le « coût du travail », que diable ! Qu’un ministre de ce gouvernement se mette à en parler est donc nouveau et peut-être, mais ce n’est qu’une hypothèse, faut-il y voir un lien avec la proximité d’échéances électorales.

Or il s’avère que certaines entreprises semblent avoir déjà devancé les demandes du ministre. Il ne s’agit pas de la pizzeria du coin ou du café de la gare qui payent leurs employés au lance-pierre et s’étonnent de manquer de bras. C’est L’hebdo des AG, « le media digital de référence de la gouvernance et de la communication financière des entreprises cotées », qui nous l’apprend dans une étude sur la rémunération des dirigeants des sociétés cotées en bourse. En 2021, elles « rebondissent fortement : elles dépassent de 10% celles de 2019 dans le CAC 40 à 5,4 millions d’euros, de 43% dans le Next 80 à 3,2 millions d’euros, et de 10% à 0,8 million pour les plus petites sociétés. »

Les sociétés cotées seraient-elles confrontées elles aussi à une pénurie de dirigeants et contraintes de « faire des efforts salariaux pour rendre ces métiers plus attractifs » ? Pizzaiolo et patron du CAC40, même combat ?

Bruno Le Maire doit de toute urgence avertir ces premiers de cordée du danger qui les guette et dont ils ne sont sans doute pas conscients : l’augmentation générale et très substantielle de leur rémunération risque à terme de les appauvrir ! Un peu moins vite que les gueux, certes, mais quand même.

En Oceania, « la guerre c'est la paix, la liberté c'est l'esclavage, l'ignorance c'est la force ».

Dans le Macronistan, l’augmentation des salaires c’est l’appauvrissement.

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