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Billet de blog 20 novembre 2021

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Prénoms « grand remplacés » et pronoms « woke »

Mahmoud et Fatimata, iels détruisent « les valeurs qui sont les nôtres ». Non, non, pas les miennes mais celles du Front Réactionnaire.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un jour, c’est le repris de justice et multirécidiviste Éric Zemmour qui s’en prend à la chroniqueuse Hapsatou Si dans une émission de C8 : « C’est votre prénom qui est une insulte à la France. » Craignant des poursuites, la chaîne coupera cet échange au montage.

Un autre jour, c’est le même qui veut rétablir la loi de 1803 qui n’autorisait que les prénoms « en usage dans les différents calendriers » et « ceux des personnages connus de l'histoire ancienne ».

Un autre jour encore, c’est le président par intérim du RN, Jordan Bardella (dont les parents ignoraient à l’évidence la loi de 1803) qui explique : « Je n’aime pas ce mot de grand remplacement parce que je trouve qu’il n’est pas clair, c’est un slogan très intellectuel mais il pointe une réalité qui est juste »

Un autre jour encore, les candidats à la primaire LR ne sont nullement gênés par cette « théorie du grand remplacement ». Pour Éric Ciotti, « vous appelez ce phénomène comme vous voulez, mais moi je le constate. [...] S'il faut parler de «grand remplacement», je parle de «remplacement ». Quant à Valérie Pécresse, elle précise : « J'ai dit que je n'aimais pas cette expression, mais je n'ai pas du tout nié le vrai problème ! ». C'est exactement ce que dit … Jordan Bardella.

Un autre jour encore, c’est le député LREM François Jolivet, qui écrit à l’Académie Française pour dénoncer l’entrée dans la nouvelle édition du Robert des pronoms neutres « iel » et « iels », qui serait « le stigmate de l’entrée dans notre langue de l’écriture dite inclusive, sans doute précurseur de l’avènement de l’idéologie « Woke », destructrice des valeurs qui sont les nôtres » et qui aboutirait à « une langue souillée ». Le mot « woke » a d’ailleurs fait son entrée dans le Robert en même temps que les prénoms honnis mais cela gêne nullement M. Jolivet.

Le même jour, c’est le ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer, qui « soutient évidemment la protestation de François Jolivet vis-à-vis du Petit Robert ». Le même, deux jours plus tôt, annonçait dans Le Point vouloir renforcer l’enseignement du grec et du latin au collège et au lycée afin de combattre « l’idéologie woke ». Quelqu’un dans son cabinet a-t-il osé lui rappeler que le genre neutre existe en grec et en latin ? Homère et Virgile auraient-ils été des propagandistes de l’idéologie « woke » comme M. Jourdain faisait de la prose ?

Deux jours plus tard, c’est l’épouse du président de la République, ancienne enseignante au Lycée privé catholique Franklin dans le XVIe arrondissement de Paris, qui abonde dans le même sens : « Il y a deux pronoms : il et elle. La langue est si belle. Et deux pronoms, c’est bien. » Il et elle, c’est comme un papa et une maman, c’est le (bon) sens commun, en quelque sorte.

Éric Zemmour, Brigitte Macron, Jean-Michel Blanquer, Éric Ciotti, Valérie Pécresse, Jordan Bardella : bonnets bruns et bruns bonnets, dont certains sont confectionnés au 55 rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris.

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