Au lendemain de la motion de rejet du projet de loi immigration à l’Assemblée Nationale, Mme Nadia Hai, députée du groupe Renaissance (qu'il convient désormais de dénommer RNaissance) , se désolait sur LCP face à un député RN : « Vous avez décidé de sanctionner un texte dont vous souhaitez débattre depuis plus de 40 ans, nous vous l’offrons sur un plateau d’argent avec près de 280 amendements du RN et vous avez refusé ce débat. » Cet après-midi, Mme Le Pen a annoncé que son groupe voterait en faveur du texte concocté par la CMP (Commission Mixte Paritaire), en réalité par les exécuteurs des basses œuvres de M. Macron, Mme Borne et M. Darmanin d’une part et MM. Ciotti et Retailleau pour LR d’autre part.
Six ans après le fantomatique barrage que M. Macron prétendait représenter face au RN, c’est en effet sur un plateau d’argent que la minorité macroniste a offert au RN le texte de loi le plus raciste depuis le régime de Vichy. Rien de bien étonnant en réalité de la part de M. Macron, admirateur de Pétain et de Maurras et de M. Darmanin, ancien de l’Action Française. Mme Le Pen ne s’y est pas trompée et a déclaré : « On peut se réjouir d'une avancée idéologique, d'une victoire même idéologique du Rassemblement national, puisqu'il est inscrit maintenant dans cette loi la priorité nationale »
Pour en arriver là, les petits soldats du LR Lepenisé, MM. Ciotti et Retailleau, auront faire boire le calice jusqu’à la lie au gouvernement et à sa minorité parlementaire. Hier, Mme Borne a été sommée d’envoyer avant 17h00 une lettre à M. Larcher dans laquelle elle s’engage à présenter un projet de loi sur la réforme (en réalité la suppression) de l’aide médicale d’Etat (AME). Elle s’est exécutée. Aujourd’hui, les députés macronistes participant à la CMP, à qui M. Macron a ordonné de trouver un accord avec LR, ont voté la quasi-totalité des dispositions qu’ils avaient supprimées la semaine précédente en Commission des Lois. Les casuistes du macronisme nous expliquent désormais que pour éviter l’arrivée au pouvoir du RN, il convient de mettre en œuvre sa politique.
Que LR, qui prétend être l’héritier d’un mouvement politique, le gaullisme, né contre le pétainisme et la collaboration, soit devenu le supplétif du RN, parti fondé par un WaffenSS et des collabos, dit assez la décrépitude idéologique de cette formation politique et la bassesse de ses dirigeants.
Que les députés macronistes, à quelques exceptions près, votent aujourd’hui des dispositions contraires à celles qu’ils auraient votées il y a une semaine démontre que ces invertébrés idéologiques ne savent qu’obéir à leur gourou et sont avant tout soucieux de leur carrière et des avantages matériels et symboliques qu’elle leur procure.
Que Mme Braun-Pivet explique que « c’est normal que pour faire un compromis, on accepte des choses qui nous coûtent, c’est la vie » n’étonnera personne de la part de celle qui a apporté un soutien inconditionnel au massacre perpétré à Gaza par le gouvernement d’extrême-droite de M. Netanyahou. La « préférence nationale » que défend Mme Braun-Pivet, c’est un sujet que connait bien M. Netanyahou.
Que Mme Borne, fille d’un résistant juif rescapé des camps de concentration, défende un texte qui inscrit dans la loi les obsessions racistes et xénophobes d’un parti dont le dirigeant historique est un négationniste, témoigne du naufrage intellectuel et moral que l’exercice du pouvoir cause chez ceux qui n’ont d’autre ambition que s’y accrocher coûte que coûte.
Quant à M. Macron, son portrait a en quelque sorte été tracé en 1851 par Victor Hugo dans son pamphlet Napoléon le petit : « Cet homme ternirait le second plan de l'histoire, il souille le premier. (…) Ne rencontrant en lui-même aucun obstacle intérieur dans ce que les autres hommes appellent conscience, il pousse son dessein, n'importe à travers quoi, nous l'avons dit, n'importe sur quoi, et touche son but. »
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La liste des députés ayant voté cette loi de la honte est consultable ici.