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Billet de blog 21 juillet 2024

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La France n'a plus de Constitution

Bien qu'ayant essuyé deux cinglants désaveux dans les urnes, M. Macron y répond en piétinant le principe de séparation des pouvoirs.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les 11 et 25 septembre 1958, L’Express publiait deux articles de Jean-Paul Sartre dans lesquels il appelait à voter non au référendum sur la Constitution de la Ve République. Dans le premier article intitulé La Constitution du mépris, il écrivait notamment ceci : « La caque sent le hareng, le régime gaulliste sentira jusqu’à sa fin et dans toutes ses manifestations l’arbitraire et la violence dont il est issu. »

Si l’habit du fondateur de la Vème République s’est révélé bien trop grand pour son lointain successeur, l’exercice du pouvoir par M. Macron a indéniablement été caractérisé par « l’arbitraire et la violence ». De la répression sanglante du mouvement des gilets jaunes à l’état d’urgence sanitaire, des atteintes incessantes aux libertés publiques au bâillonnement de l’Assemblée Nationale à coups de 49-3, des révoltes dans les quartiers de banlieue en juin 2023 à celles de Nouvelle-Calédonie en mai 2024, toutes deux « pacifiées » par des méthodes dignes de l’époque coloniale, M. Macron aura en permanence gouverné ce pays de manière autoritaire et violente. Il n’y a guère que l’article 16 de la Constitution qu’il n’a pas encore utilisé mais ce n’est peut-être qu’une question de temps avant qu'il ne tente de s'arroger les pleins pouvoirs.

Depuis le second tour des élections législatives, le régime macroniste est en voie de putréfaction accélérée. Non seulement la caque sent plus que jamais le hareng mais elle dégage une fort mauvaise odeur. Dans une démocratie, un dirigeant politique désavoué dans les urnes reconnait sa défaite. Pas M. Macron. Dans une démocratie, le chef de l’État appelle le parti ou la coalition arrivée en tête à former le gouvernement. Pas M. Macron. Dans un État de droit, la séparation du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif est un principe intangible. Pas pour M. Macron. Les ministres du gouvernement qui ont été élus à l’Assemblée Nationale y siègent depuis jeudi et ont permis l’élection d’une présidente issue du parti présidentiel. Le ministre de l’Industrie a été élu vice-président de l’Assemblée Nationale et le ministre délégué chargé de l’Europe a été élu président de la Commission des Affaires étrangères !

Depuis 2017, M. Macron n’a eu de cesse de mettre au pas le pouvoir judiciaire en nommant un ministre de la Justice qui poursuit de sa vindicte des magistrats du parquet et en déstabilisant le Parquet National Financier qui enquête sur ses turpitudes et celles de sa garde rapprochée. Il a utilisé toutes les ressources de la Constitution de 1958 pour transformer le Parlement en une chambre d’enregistrement digne de l'Ancien Régime. Ce n’était pas suffisant : des ministres se font maintenant élire à des postes importants à l’Assemblée Nationale.

La Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 dispose en son article 16 : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution. »

Nous y sommes : la République Française n’a plus de Constitution.

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