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Billet de blog 21 septembre 2024

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Michel Barnier et son chapelet de ministres réactionnaires, racistes et homophobes

Choisi par Mme Le Pen et nommé par le président Fillon … euh pardon… par le président Macron, le Premier ministre a composé un gouvernement faisant la part belle aux obsessions de la France rance, celle des nostalgiques de Pétain, des colonies et de la Manif pour tous.

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Nommé ministre de l’Intérieur, M. Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat depuis 2014, est un authentique réactionnaire, un vrai de vrai, un dur parmi les durs. En 2022, dans un entretien au JDD, il affirmait vouloir « mener la bataille contre ceux qui veulent déconstruire notre civilisation : wokistes, islamo-gauchistes, communautaristes. » Bon sang ne saurait mentir pour celui dont la carrière politique a débuté au Mouvement pour la France fondé par M. Philippe Marie Jean Joseph Le Jolis de Villiers de Saintignon, plus connu comme Philippe de Villiers, ce politicien vendéen d’extrême-droite aux côtés duquel M. Macron s’affichait tout sourire en août 2016 au Puy du Fou. MM. Macron et Retailleau étaient faits pour s’entendre.

En bon catholique réactionnaire, le sénateur de Vendée s’est opposé à la constitutionnalisation de l’IVG en mars 2024. Il a voté contre le mariage pour tous en 2013 et contre l’interdiction des thérapies de conversion prétendant « guérir de l’homosexualité » en 2021. Il a cosigné une proposition de loi visant à interdire la prise en charge des parcours de transition des mineurs. L’Église, une, sainte, catholique et apostolique reconnait là l’un des siens.

Lors des débats sur le mariage pour tous en 2013, M. Retailleau s’est illustré par une saillie raciste à l’égard de la sénatrice Esther Benbassa : « Nous n'avons pas la même couleur politique. D'ailleurs d'autres couleurs non plus. » En 2022, il a apporté son soutien à Valérie Pécresse qui avait employé les expressions « Français de papier » et « grand remplacement », qui sont au cœur de l’idéologie de l’extrême-droite. , Immigration et délinquance sont pour lui deux synonymes, s’agissant des immigrés qui n’ont « pas la même couleur », cela va sans dire. A propos des révoltes déclenchées par le meurtre du jeune Nahel par des policiers en juin 2023, M. Retailleau s’exprimait ainsi à propos de l’immigration : « Certes, ce sont des Français mais ce sont des Français par leur identité. Et malheureusement, pour la deuxième, la troisième génération, il y a comme une sorte de régression vers les origines ethniques. » Il voulait dire « vers l’état sauvage », chacun l'aura compris.

Pour le nouveau ministre de l’Intérieur, les digues de l’État de droit doivent sauter. Dans l’entretien au JDD précité, il s’en prenait à ces « Cours européennes ou constitutionnelles [qui] empêchent l’État de protéger les Français ». Ce clone vendéen de Viktor Orbán s’y prononçait pour une modification de la Constitution afin de « créer un bouclier constitutionnel ». « Dès lors qu’il s’agit de nos intérêts vitaux – sécurité, immigration, laïcité… –, la loi française ou la voix des Français, via le référendum, doit s’imposer sur toute autre décision, notamment de la CEDH ou de la Cour de justice européenne. »

En juin 2023, il a déposé une proposition de loi destinée à « reprendre le contrôle de la politique d’immigration, d’intégration et d’asile » et dont les dispositions furent très largement reprises dans la loi immigration votée en décembre 2023 par l’arc réactionnaire allant de ReNaissance au RN en passant par LR. Au menu : quotas migratoires, durcissement du regroupement familial, suppression de l’aide médicale d’État, durcissement de l’acquisition de la nationalité, rétablissement du délit de séjour, suppression des exceptions aux expulsions ou aux OQTF, condition de résidence d’une durée de 5 ans pour les prestations sociales. Une partie de ces dispositions ont été censurées par le Conseil Constitutionnel dans une décision qualifiée de « déni du pouvoir du Parlement » par M. Retailleau. Nul doute qu’il remettra son ouvrage sur le métier en tant que ministre de l’Intérieur. Mme Le Pen en rêvait, M. Retailleau le fera.

Le nouveau ministre est bien entendu partisan de la « tolérance zéro » pour les délinquants et en faveur de peines planchers. Mais que MM. Sarkozy et Fillon se rassurent, cela ne vaut que pour les « petits délinquants » et de préférence un peu basanés. Il a aussi le droit de grève et le droit de manifester dans son viseur. En fin de compte, M. Retailleau est un peu le conservateur du musée des horreurs idéologiques de l’extrême-droite. Pas une obsession anti-sociale, raciste, homophobe ou liberticide qui n’ait fait l’objet d’une proposition de loi de sa part.

Aux côtés d'un ministre de l’Intérieur qui a le potentiel de nous faire regretter son prédécesseur (c’est dire !) siègeront quelques spécimens de la droite extrême qui partagent ses obsessions réactionnaires. Par exemple, M. François-Noël Buffet, sénateur LR du Rhône, qui participait à la Manif pour tous en 2013. Fin 2023, comme président de la commission des Lois du Sénat, il a œuvré avec M. Retailleau pour durcir la loi immigration. « Pour l’immigration irrégulière, c’est la tolérance zéro », disait-il alors. Il est désormais ministre délégué aux outre-mer, sujet auquel il ne s’est jamais intéressé dans sa carrière politique. Tel M. du Châtelet dans Les Illusions perdues, M. Buffet « possédait toutes les incapacités exigées par sa place ». Qu’importe, nul besoin d’y connaître quoi que ce soit ni même de s’y intéresser puisque la politique de l’outremer, cela consiste à servir les intérêts des colons ou des descendants des esclavagistes, ceux qui sont « de la même couleur » que M. Retailleau. Puis à envoyer le GIGN pour mater les autochtones quand ils osent lever la tête.

Pour mener la bataille contre les « wokistes » et les « islamo-gauchistes » qui veulent « déconstruire notre civilisation », M. Retailleau pourra aussi compter sur M. Patrick Hetzel, député LR du Bas-Rhin. Lui aussi a voté contre le mariage pour tous en avril 2013, pour la loi immigration en décembre 2023 et contre l'inscription de l'interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution en mars 2024. Un strict minimum pour faire partie du gouvernement Barnier. Ce monsieur a toutes les qualifications requises pour devenir ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche puisqu’il a cosigné en avril 2024 une proposition de résolution « tendant à la création d’une commission d’enquête relative à l’entrisme idéologique et aux dérives islamo-gauchistes dans l’enseignement supérieur ». Il y dénonçait (prenez votre souffle) une « minorité agissante islamo-gauchiste qui se situe à la convergence entre le militantisme révolutionnaire d’extrême-gauche et l’islamisme » et « une dictature idéologique qui masque ses visées politiques et ses assignations sociales derrière le décolonialisme, l’indigénisme et la culture importée du wokisme. » Tout cela débouchant évidemment sur « un antisionisme assumé et un climat d’antisémitisme ». C’est un sans-faute : pas un seul « -isme » ne manque à l’appel, le « judéo-bolchévisme » étant désormais passé de mode même chez les héritiers de Maurras. M. Hetzel a peut-être toutefois un défaut aux yeux du très catholique M. Retailleau : il est protestant. Que voulez-vous, personne n’est parfait et pour combattre la dictature idéologique des « wokistes » et des « islamo-gauchistes », il faut savoir se montrer tolérant.

Réactionnaires de toutes les provinces françaises, ralliez-vous au panache brun de M. Barnier pour bouter hors de notre beau pays les immigrés - Noirs et Arabes évidemment -, leurs descendants et tous leurs complices « wokistes », « islamo-gauchistes », « communautaristes », « indigénistes » et « décolonialistes ». Le moment est venu de purifier la « nation organique » comme dirait M. Macron.

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