Depuis que M. Darmanin avait qualifié « d’agriculterroristes » les militants de cette organisation, ils se savaient dans le collimateur du gouvernement. Le couperet est donc tombé cette semaine et le décret a été publié au Journal officiel du 22 juin 2023.
Dans les considérants, le décret du gouvernement affirme :
- que cette organisation « incite à la commission de sabotages et dégradations matérielles, y compris par la violence » ;
- que « ce groupement joue un rôle majeur dans la conception, la diffusion et la légitimation de modes opératoires violents (…) et doit, pour ce motif, être regardé comme provoquant à des agissements violents contre les personnes et les biens » ;
- que « ces provocations ont été suivies d'effets lors des différentes actions de contestation (…), caractérisées le plus souvent par des destructions matérielles et des agressions physiques contre les forces de l'ordre »;
- que cette organisation « légitime, assume et revendique avoir participé à ces différents évènements ».
On retrouve bien dans ces considérants les modes d’action de la FNSEA et des FDSEA qui la composent. Il était grand temps d’agir car ce groupement d’activistes ultra-violents (comme on dit place Beauvau) s’est attaqué depuis des lustres et à de très nombreuses reprises à des bâtiments publics et aux forces de l’ordre.
Ainsi, le 8 février 1999, des militants de la FNSEA agressaient un fonctionnaire du ministère, saccageaient le bureau de la ministre Dominique Voynet et emportaient des documents. La justice fut impitoyable : 10000 francs d’amende pour quatre d’entre eux.
Le 5 novembre 2004, ils saccageaient l’Hôtel des Impôts de Morlaix et un policier avait été grièvement blessé à la tête par un jet de pavé. Trois ans plus tard, la justice passait … à côté en prononçant un non-lieu.
Le 19 septembre 2014, une centaine de producteurs de légumes ont saccagé puis incendié le siège de la Mutualité Sociale Agricole et le Centre des Impôts de Morlaix, avant d’entraver l’arrivée des pompiers. « Je tire un coup de chapeau à ceux qui ont osé faire ce qu'ils ont fait », s'était félicité le président de la FDSEA du Finistère, Thierry Merret. Huit ans après les faits, quatre des incendiaires ont été condamnés en 2022 à des peines de sursis probatoires (un à deux ans). Promis, juré, ils éviteront de recommencer.
Le 5 novembre 2014, des militants de la FNSEA murèrent les locaux de l’Inspection du travail, de la préfecture et d’autres bâtiments publics à Châlons-en-Champagne après avoir menacé les personnels de la DIRRECTE quelques jours auparavant.
Le 27 février 2016, le stand du ministère au Salon de l’Agriculture a été « démonté » par des membres de la FNSEA. « Notre action est légitime », avait déclaré à cette occasion Jérôme Despey, secrétaire général adjoint du syndicat.
Le 17 février 2023, à Toulouse, ce sont les locaux de France Nature Environnement qui ont été attaqués et des personnels de cette association qui ont été menacés et agressés par les militants de la FNSEA.
Le 22 mars 2023, la maison du vice-président de France Nature Environnement 17 a été la cible des attaques de membres de ce syndicat. Plusieurs tracteurs ont débarqué pour déverser le reste des déchets, taguer le muret d'insultes homophobes et jeter des pierres sur la résidence.
Ce qui précède n’est qu’un petit échantillon des exactions commises par les membres de cette organisation (voir ici et là). L'important, c'est que le ministre de l’Intérieur ait enfin agi.
Ah mais… non, je m’égare… Le gouvernement n’a pas dissous la FNSEA mais Les Soulèvements de la Terre. Et il l’a fait sous la pression de la FNSEA qui menaçait de « tout casser » comme le rapporte Reporterre. Tout casser, c’est-à-dire se livrer aux saccages et aux agressions dont cette organisation est coutumière et qu’elle commet en toute impunité avec le soutien du ministre de l’Agriculture. Pour lui comme pour tous ses prédécesseurs, les demandes de la FNSEA sont des ordres.