En ce mois de septembre 2018, l’Homme Fort du Macronistan intervint sur de très nombreux dossiers, comme à son habitude. La chronique en serait longue et fastidieuse ; aussi nous limiterons-nous à ses interventions dans les affaires qui éclaboussent son régime.
Dès sa prise de pouvoir, E.M. transforma rapidement l’Assemblée Nationale du Macronistan en une simple chambre d’enregistrement, grâce à ses affidés qui forment le groupe majoritaire. Mais la deuxième chambre, le Sénat, continua de donner des signes de résistance. Elus dans l’ancien monde (avant E.M.), ces parlementaires n’ont toujours pas compris ce que l’Homme Fort attend d’eux : qu’ils marchent au pas tout simplement, comme leurs collègues de l’Assemblée Nationale.
Aussi ces sénateurs récalcitrants se mirent-ils en tête d’auditionner le 19 septembre un certain Alexandre Benalla, dans le cadre d’une commission d’enquête parlementaire sur l’affaire qui porte son nom. Ledit Benalla, un barbouze chargé de la sécurité de l’Homme Fort avant et depuis sa prise du pouvoir, se fit remarquer le 1er mai dernier entrain de tabasser des manifestants, en se faisant passer pour un policier.
Que des policiers tabassent des manifestants, ou des réfugiés, ou toute personne dont le teint est moins blanc que celui d’E.M., rien de plus commun en Macronistan. Mais qu’un civil, très proche de l’Homme Fort, le fasse au vu de tous en se substituant à ceux dont c’est le métier, voilà qui fit la une des gazettes, bien qu’elles lui fussent fort dévouées.
Fort marri d’apprendre que le Sénat allait auditionner son barbouze préféré, l’Homme Fort appela le président du Sénat pour le mettre solennellement en garde contre une interférence dans la procédure judiciaire en cours, risquant ainsi de porter atteinte à la séparation des pouvoirs. Le peuple observa avec amusement l’importance qu’E.M. semblait soudainement attacher à ce principe constitutionnel, dont il n’avait pas fait grand cas jusqu’à ce jour.
La Cour fit bien évidemment bloc : la garde des Sceaux, devenue conseil juridique de M. Benalla, mit en doute la validité de cette audition ; le secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement (dont la fonction est de dicter leur vote aux députés du parti de l’Homme Fort) alla jusqu’à accuser les sénateurs de l’opposition de vouloir destituer E.M. !
Le peuple du Macronistan ne put que s’interroger sur les lourds secrets que pourrait détenir le barbouze, au vu de la panique qui s’empara du régime avant cette audition. Mais la prestation de M. Benalla fut impeccable : il avait été parfaitement entraîné pour mentir avec aplomb sous serment, comme les ministres et hauts fonctionnaires auditionnés avant lui.
En parallèle avec les démêlés de son garde du corps, l’Homme Fort se piqua d’intervenir dans la nomination du procureur de Paris, poste éminemment stratégique puisque toutes les affaires sensibles y convergent. Or de nombreux dignitaires du régime (Mme Pénicaud, M. Ferrand, Mme Nyssen, M. Bayrou, Mme Flessel) et … le barbouze préféré d’E.M. font l’objet d’enquêtes judiciaires dont aura à connaître le futur procureur de Paris.
Alors que la garde des Sceaux, croyant sans doute avoir son mot à dire, avait proposé un candidat (l’actuel procureur de Lyon), E.M. vient de bloquer sa nomination. Il est vrai que ce magistrat s’est illustré par de bien mauvaises manières : il a en effet ouvert une enquête préliminaire sur le financement de la campagne présidentielle de l’Homme Fort à Lyon. Comment ne pas comprendre qu’E.M. tienne à choisir un(e) magistrat(e) plus respectueux(se) de la non-séparation des pouvoirs.
Ainsi vont les affaires publiques en Macronistan en ce mois de septembre 2018, An 2 après E.M.
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(*) La Somme est un département du Nord du Macronistan qui est la terre d’origine de l’Homme Fort. Éblouis par le génie de leur Maître, ses affidés le surnomment affectueusement le « Génie de la Somme ».