Le chef de l’État est un fin connaisseur qui sait distinguer un bon dictateur d’un mauvais. Vladimir Poutine empoisonne ses opposants, c’est inacceptable. Mohammed ben Salmane (MBS) les débite en morceaux, c’est bien plus respectable. Le premier a recours à des produits chimiques - voire radioactifs - fort nocifs pour l’environnement (en plus du désagrément causé aux victimes). Le second n’utilise que des procédés mécaniques traditionnels et des outils lavables à l'eau claire et entièrement recyclables. Un boucher bio, en quelque sorte. Pour un grand défenseur de l'environnement comme M. Macron, cela compte évidemment.
Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine il y a six mois et la guerre qu’il a déclarée a fait plus de 10 000 victimes civiles officiellement recensées selon l’ONU (le chiffre réel est sans doute bien supérieur). MBS et son compère Mohammed ben Zayed (MBZ) des Émirats Arabes Unis massacrent depuis sept ans le peuple yéménite et la guerre menée par les deux monarchies du Golfe est responsable de la mort de plus de 380 000 Yéménites. Mais on ne va tout de même mettre sur le même plan des blancs chrétiens d’un côté et des basanés musulmans de l’autre.
Et surtout, les Ukrainiens qui meurent sous les tirs de missiles russes sont les victimes du camp du Mal. Alors que les Yéménites ne mesurent pas la chance qu’ils ont d’être tués par des armes occidentales fournies par le camp du Bien. Avouez que cela fait toute la différence. Ah, si Vladimir Poutine avait eu le bon goût de signer des contrats de plusieurs dizaines de milliards d’euros avec nos marchands de canon, le respect de « nos valeurs » eut sans doute conduit Emmanuel Macron à plus de compréhension envers le dirigeant russe.
MBS, MBZ, ainsi que le président égyptien Al-Sissi ont été reçus à l’Élysée depuis le début du mois. Ces riants démocrates savent y faire pour trouver les arguments qui font mouche avec un ancien banquier d’affaire reconverti depuis 2017 en VRP de Dassault, Thalès et des grandes entreprises du CAC40. Ce Poutine est décidément un loser.

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