En 2015, une pétition lancée par Elise Lucet avant l'examen par le Parlement européen de la directive sur le "secret des affaires" avait recueilli plus de 500 000 signatures, dont celles de Christophe Barbier, Patrick Cohen et David Pujadas qui ne sont pourtant pas connus pour la ferveur de leur militantisme dans les organisations de gauche.
Une nouvelle pétition, lancée par l'ONG Pollinis avant l'examen par l'Assemblée Nationale de la proposition de loi transposant la directive européenne, a été signée par de nombreuses personnalités et des ONG, et a déjà recueilli pour de 200 000 signatures. Parmi celles-ci figurent aussi les sociétés de journalistes de la plupart des grands medias, et notamment celles du Figaro, du Point, de BFMTV, de RMC, des Echos, de Challenge, du JDD, du Parisien, titres qui appartiennent aux dirigeants de grands groupes industriels et dont on conviendra qu'ils ne sont pas dans l'opposition systématique au gouvernement actuel.
Cette pétition alerte les parlementaires français sur cette proposition de loi : "Élaborée par les représentants des lobbies des multinationales et des banques d'affaires, elle constitue une offensive sans précédent contre l'intérêt général et le droit des citoyens à l'information. La « loi secret des affaires » a des implications juridiques, sociales, sanitaires et environnementales graves. Sous couvert de protéger les entreprises, elle verrouille l'information sur les pratiques des firmes et les produits commercialisés par les entreprises. Des scandales comme celui du Médiator ou du bisphénol A, ou des affaires comme les Panama Papers ou LuxLeaks, pourraient ne plus être portés à la connaissance des citoyens."
Malgré cette opposition quasi-unanime, l'Assemblée Nationale a adopté hier en première lecture la proposition de loi présentée par les députés LaREM par 46 voix pour (LaREM, LR, MODEM et UDI) et 20 contre (voir ici). Lorsque cette loi aura été promulguée, les ONG, les syndicats et les lanceurs d'alerte courront des risques considérables s'ils tentent de dévoiler des informations d'intérêt public mettant en cause les grandes entreprises et les banques.
Démantèlement du code du travail, suppression de l'ISF et instauration de la flat tax, suppression du taux marginal sur les hauts salaires dans les banques et les assurances, renvoi aux calendes grecques de la taxe sur les transactions financières, baisse de l'impôt sur les sociétés, approbation du CETA, tapis rouge déroulé à Versailles pour les champions de la fraude fiscale, protection du "secret des affaires", et bientôt chasse aux chômeurs et privatisation d'actifs stratégiques : le bilan de cette majorité au service des lobbies du monde des affaires est d'ores et déjà impressionnant.
Quand viendra l'heure de quitter les palais de la République, les portes des conseils d'administrations et des comités exécutifs des grandes entreprises seront grandes ouvertes pour accueillir et récompenser comme il se doit celles et ceux qui auront mis en œuvre cette politique.