GABRIEL - De quoi, selon votre médecin, êtes-vous malade ?
L’ÉDUCATION NATIONALE – Il dit que c’est du manque d’effectifs, et d’autres disent que c’est de la réforme du bac.
GABRIEL - Ce sont tous des ignorants, c’est de l’abaya que vous êtes malade.
L’ÉDUCATION NATIONALE – De l’abaya ?
GABRIEL - Oui. Que sentez-vous ?
L’ÉDUCATION NATIONALE - Je sens de temps en temps les effets des restrictions budgétaires.
GABRIEL – Justement, l’abaya.
L’ÉDUCATION NATIONALE - Il me semble parfois que je vois des écoles et des collèges délabrés.
GABRIEL – L’abaya.
L’ÉDUCATION NATIONALE – J’ai quelquefois des cauchemars à cause du manque d’enseignants.
GABRIEL – L’abaya.
L’ÉDUCATION NATIONALE – Je sens parfois des lassitudes dues à la baisse des recrutements.
GABRIEL – L’abaya.
L’ÉDUCATION NATIONALE – Et quelquefois il me prend des douleurs à la tête, comme si j’avais été matraquée par le gouvernement.
GABRIEL – L’abaya. Vous êtes attachée à l’école publique ?
L’ÉDUCATION NATIONALE – Oui, Monsieur.
GABRIEL – L’abaya. Vous aimez l’égalité des chances ?
L’ÉDUCATION NATIONALE – Oui, Monsieur.
GABRIEL – L’abaya. Vous chérissez votre mission ?
L’ÉDUCATION NATIONALE – Oui, Monsieur.
GABRIEL – L’abaya, l’abaya, vous dis-je. Quelle politique vous ordonne votre médecin ?
L’ÉDUCATION NATIONALE - Il m'ordonne d’augmenter les salaires des enseignants.
GABRIEL – Ignorant.
L’ÉDUCATION NATIONALE – De créer 10 000 postes supplémentaires.
GABRIEL - Ignorant.
L’ÉDUCATION NATIONALE - De réduire le nombre d’élèves par classe.
GABRIEL - Ignorant.
L’ÉDUCATION NATIONALE – D’augmenter le nombre d’AESH.
GABRIEL - Ignorant.
L’ÉDUCATION NATIONALE – De rénover les établissements délabrés.
GABRIEL - Ignorant.
L’ÉDUCATION NATIONALE - De supprimer les aides à l’enseignement privé.
GABRIEL - Ignorant.
L’ÉDUCATION NATIONALE – De ne plus faire appel à McKinsey.
GABRIEL - Ignorant.
L’ÉDUCATION NATIONALE - Et surtout de cesser de prendre les enseignants pour des idiots.
GABRIEL - Ignorantus, ignoranta, ignorantum.