Le 5 septembre 2017, quelques semaines après avoir baissé le montant des APL de 5 euros, le président de la République avait lancé cet appel: « J'appelle publiquement tous les propriétaires à baisser les loyers de 5 euros par mois. » Les locataires n’en finissent pas de remercier les innombrables propriétaires qui ont répondu à l’appel présidentiel.
Le 17 décembre 2018, M. Gilles Le Gendre, alors président du groupe LREM à l’Assemblée Nationale, concédait que le gouvernement et sa majorité avaient sans doute commis une erreur : « C’est le fait d’avoir probablement été trop intelligent, trop subtil, trop technique dans les mesures de pouvoir d’achat. » Si l’intelligence et la subtilité des hiérarques du régime n’avaient pas vraiment frappé les esprits, les matraques et les tirs de LBD de sa police avaient généreusement frappé les corps.
Le 16 mars 2020, M. Macron annonçait le début du confinement et formulait cette recommendation : « Lisez, retrouvez aussi ce sens de l'essentiel. Je pense que c'est important dans les moments que nous vivons. La culture, l'éducation, le sens des choses est important. » Il est vrai qu’il venait de répéter cinq fois que nous étions « en guerre », donc pas de quoi s’affoler.
Le 1er avril 2020, lors d’une audition à l’Assemblée Nationale, le Premier ministre Édouard Philippe affirmait haut et fort : « Il n'y a pas de preuve que le port du masque dans la population apporterait un bénéfice. (…) Ce serait même plutôt le contraire, à cause d'une mauvaise utilisation. » Ce facétieux Édouard Philippe n’avait pu résister au plaisir de raconter une petite blague à l’occasion du 1er avril.
Le 18 novembre 2020, après une n-ième réunion du très secret Conseil de défense, le Journal Officiel publiait ce décret qui restera dans les annales de la République : « Les interdictions mentionnées au présent décret ne font pas obstacle à la vente d'arbres de Noël à compter du 20 novembre 2020 ». C’était bien dans le Journal Officiel et non pas dans le Gorafi.
Ce qui précède n’est qu’un petit échantillon des déclarations mémorables commises par les dignitaires du régime pendant le premier quinquennat de M. Macron. Depuis le début du deuxième quinquennat, la crise de l’énergie a donné l’occasion à plusieurs membres du gouvernement de montrer l’étendue de leur talent burlesque.
Le 24 mai 2022, Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, y allait de ses conseils sur les « petits gestes » pour « sauver la planète » : « On va fermer la lumière en pensant qu'on a fait des grosses économies d'énergie et puis on va envoyer derrière un mail un peu rigolo à nos amis avec une pièce jointe et on aura consommé beaucoup plus d'énergie. » La même déclarait le 30 août 2022 à propos de l’utilisation de jets privés : « C'est clairement un problème qui est très limité en terme d'impact climatique. » Rien à voir avec l’envoi d’une pièce jointe dans un mail, évidemment.
Le 20 juillet 2022, le porte-parole du gouvernement, M. Olivier Véran s’exprimait lui aussi sur « ces gestes du quotidien [qui] ont un très fort impact sur notre consommation énergétique » : « Quand on part en week-end ou en vacances, on débranche un maximum de prises électriques, parce que sinon ça continue de consommer de l’énergie et notamment, on débranche son WiFi. » Surtout, ne jamais oublier de débrancher le wifi avant de sauter dans son jet privé.
Le 27 septembre, la Première ministre, Mme Elisabeth Borne, apparaissait en doudoune dans une réunion à Matignon. Le même jour, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, annonçait une autre révolution vestimentaire sur les antennes de France Inter : « Vous ne me verrez plus avec une cravate mais avec un col roulé. Et je pense que ce sera très bien, ça nous permettra de faire des économies d’énergie, de faire preuve de sobriété. »
Le 28 septembre, c’est l’inénarrable Gilles Le Gendre qui s’est rappelé à notre bon souvenir pour nous faire part de la décision radicale qu’il avait prise avec son épouse : « Moi, ça y est, chez moi, ma femme et moi, on a décrété : on ne se sert plus du sèche-linge. Honnêtement, ce n'est pas très compliqué à faire. » Et d’expliquer que désormais, lui et son épouse allaient « éteindre le linge ». Avant de rectifier : il voulait dire « étendre ». Il avait confondu avec le wifi. On le lui pardonne : tant de « petits gestes » à expliquer à 67 millions d’enfants, même les plus intelligents et les plus subtils s’y perdent !
Alors que nous ne sommes qu’au début de l’automne, la bouffonnerie gouvernementale tourne à plein régime. La collection automne-hiver s’annonce très prometteuse.
Dans une émission de juin 2011, à propos de la hausse des prix de l’énergie de l’époque, les Guignols de l’Info avaient présenté leur solution : le co-foutage de gueule, « approuvé par le Grenelle de l’environnement », qui se déclinait en co-chauffage, co-éclairage et co-mijotage. Onze ans plus tard, les Guignols et le Gorafi sont définitivement ringardisés par la Macronie.