Mardi 27 juin à Nanterre. Un adolescent de 17 ans a été tué d'un tir à bout portant par un policier suite à un contrôle routier et à un « refus d’obtempérer ». Auparavant, le policier avait dit à la victime : « Je vais te tirer une balle dans la tête. » Son collègue l’avait encouragé : « Shoote-le. » La police nationale, toujours à la hauteur de sa réputation. Le gamin était d'origine maghrébine, inutile de le préciser. Ou plutôt si, il aurait pu être Noir.
Comme cela se passe à chaque fois, la machine s’est mise en branle. Les policiers ont menti en prétendant avoir dû faire usage de leurs armes car ils auraient été en danger. Les BFMTV, CNews et autres Télé-Mille-Collines qui donnent le la de la désinformation en continu relayèrent les mensonges de la police et en firent des tonnes sur le casier judiciaire de la victime, prétendument « long comme le bras ». Salir la victime, justifier l’action de la police : la mécanique a servi des dizaines de fois et est bien rodée.
Mais, un petit grain de sable enraya cette belle mécanique. Un habitant du quartier avait filmé la scène et diffusa la vidéo sur les réseaux sociaux : elle était accablante pour les policiers. Le lendemain en début d’après-midi, le président de la République et son ministre de l’Intérieur furent contraints de reconnaître que ce qu’il s’était passé était « inexcusable ». Il faut dire que Kylian Mbappé s’était exprimé dès le matin sur Twitter et il était donc temps de réagir. Le couplet habituel sur « le soutien sans faille aux forces de l’ordre » n’allait pas suffire : va pour « l’émotion de la Nation » et un semblant de compassion pour la famille endeuillée.
Le soir même, les quartiers populaires se révoltèrent. A Nanterre et dans de nombreuses villes de la banlieue parisienne et de province.
Et le soir même, le président de la République et son épouse se rendirent ... à Nanterre. Auprès de la famille de la victime comme l’avait fait François Mitterrand en 1986 après le meurtre de Malik Oussekine par les « voltigeurs » de la police ? Pas du tout : c’était pour assister au concert d’Elton John, voyons ! Un ado Maghrébin tué par la police du régime, ça ne devait quand même pas empêcher M. Macron et son épouse d’aller écouter de la lyre, à défaut d’en jouer (lui, c’est le pipeau qui a sa préférence). La politique qu’il mène depuis six ans met régulièrement le pays à feu et à sang, la belle affaire ! L’Élysée était protégé, Le Touquet aussi et personne ne s’attaquait à l’École Alsacienne ou au Lycée Franklin. Rien qui fût de nature à gâcher une belle soirée à La Défense Arena pour le Néron de la « start-up nation ». On a le Quirinal qu’on mérite.