Un blogueur tunisien, Sami Ben Abdallah, a été bloqué mardi 6 septembre à l'aéroport de Tunis alors qu'il allait embarquer sur un vol à destination de Paris, où il réside. Entendu par la police mercredi, il a été libéré. L'interdiction de sortie du territoire est levée. Une affaire qui rappelle les vieux démons policiers de l'avant-révolution.
Sami Ben Abdallah peut rentrer en France, où il vit depuis dix ans. Après huit heures d'interrogatoire à la Brigade criminelle de Tunis, sa levée d'interdiction du territoire tunisien a été levée, comme il l'a annoncé cette nuit sur son blog. Sami Ben Abdallah avait été retenu au contrôle de police de l'aéroport mardi soir, peu avant d'embarquer pour la France. La police aux frontières lui a alors signifié son interdiction de sortie du territoire avec convocation à la Brigade Criminelle le lendemain.
Convoqué par la Brigade criminelle, Sami Ben Abdallah a été entendu mercredi en milieu de journée. Selon le récit de cette interrogatoire sur son blog, une plainte aurait été déposée contre lui pour des «SMS injurieux». «En somme, pour une affaire banale de SMS injurieux reçus et émis, la machine du pouvoir a fonctionné avec sa vitesse de croisière: Brigade Criminelle, interdiction de quitter le territoire, obtention de la fiche client» d'un opérateur mobile, écrit Ben Abdallah, qui dénonce une «une affaire politique maquillée en affaire de droit commun» et annonce à son tour son intention de porter plainte.
Ce blogueur connu en Tunisie anime depuis plusieurs années un site critique envers le régime de Ben Ali.
Ces derniers mois, Sami Ben Abdallah a publié de nombreux articles sur la torture en Tunisie (dont ce spécialiste de l'histoire tunisienne montre qu'elle existait avant Ben Ali).
D'autres articles évoquaient la personnalité contestée de Kamel Eltaief, un proche de Ben Ali à la fin des années 1980, avant d'être mis à l'écart et même emprisonné par le dictateur. Depuis la révolution, il est redevenu un des hommes forts du pays, accusés par beaucoup de le diriger en sous-main et de préserver les intérêts de certains hommes d'affaires. D'après Lyon Capitale, Eltaief et Ben Abdallah s'étaient rencontrés deux fois les jours précédents la rencontre, et une dernière fois le jour de son départ.
La rapidité de la police à traiter une banale affaire de SMS est d'autant plus notable que certaines personnalités de l'ancien régime ont pu gagner la France sans être inquiétées, comme l'ancien ministre Mondher Zenaïdi ou Saïda El Agrebi, ancienne présidente de l’Organisation tunisienne des mères (Otm) et pasionaria du régime.
Mise à jour: jeudi 8 septembre à 7h