Alors que 2 millions de Français ont participé à la votation sur l'avenir de La Poste, la polémique enfle sur la fiabilité de ce «scrutin» d'un nouveau genre. L'UMP, dépassée, dénonce une «pantalonnade»... Pour répliquer, des militants CFDT de l'entreprise publique ont choisi l'ironie: sur leur blog, ils notent avec malice que La Poste avait la solution en interne - si elle avait voulu - pour sécuriser les suffrages...
Depuis 2008, La Poste est en effet propriétaire de la société Extelia, spécialiste du vote électronique, qui propose aux collectivités comme aux entreprises d'organiser leurs consultations «maison»... «[Nos] équipes conseillent et aident (...) dans l'organisation [des] élections, depuis les premières démarches administratives jusqu'à la proclamation des résultats», explique le site web de la filiale.
Extelia vante en particulier son savoir-faire et son expérience dans les «référendums d'initiative locale» - un comble! Dans ses publicités, visibles sur le net, elle encense l'«e-démocratie», pour mieux vendre ses services: «Consultez vos concitoyens grâce à internet», prêchent les réclames.
Les arguments des promoteurs d'Extelia ne manquent pas de sel, au regard de la votation de ce week-end, préparée depuis des mois par des partis ou centrales syndicales: «Le vote par Internet, allié ou non au vote papier (...) permet aux votants de se prononcer aisément sans se déplacer jusqu'à un bureau de vote. Résultat: les taux de participation sont souvent en sensible hausse»! «Autre atout non négligeable, insiste la filiale. Une baisse des coûts d'organisation pour la collectivité»! Rapidité, sûreté, confidentialité: si le comité contre la privatisation de La Poste avait eu les moyens...
Mais ça n'était pas le cas; Extelia ne s'en plaindra pas. D'autant que la société a décroché récemment un autre marché: après le vote du projet de loi Hadopi, elle a été choisie par le ministère de la Culture pour jouer les facteurs d'un nouveau genre et superviser les envois de mails aux «pirates», coupables de télécharger illégalement! Alertée par les ayants droit, elle mettra en oeuvre le système - tant décrié - de «riposte graduée»: si les courriels d'avertissement ne suffisent pas, Extelia s'occupera d'envoyer des lettres recommandées... A l'Assemblée nationale, la ministre avait parlé de quelque 10.000 mails par jour... Un beau marché, celui-là.