Et de trois. Une fois de plus (voir ici et là), Patrick Balkany et son ancien bras-droit, Jean-Pierre Aubry, tous les deux mis en examen pour « blanchiment de fraude fiscale » (entre autres) et soumis à un strict contrôle judiciaire qui leur interdit de se rencontrer, se retrouvent au même moment, au même endroit, sur la même photo. Par hasard, sans aucun doute.

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Un cliché pris le 19 août à Saint-Tropez par le photographe Pierre Suu (Getty images), repéré par une source de Mediapart, montre ainsi le maire de Levallois-Perret (Les Républicains) devant le célèbre café Sénéquier, avec une vieille connaissance dans le dos. Car l’homme en short blanc qui patiente devant l’office du tourisme n’est autre que Jean-Pierre Aubry, le prête-nom, le propriétaire officiel du riad de Marrakech que les juges d’instruction soupçonnent d’appartenir en réalité à Patrick Balkany -il faut dire que Jean-Pierre Aubry dormait parfois à l’hôtel pour laisser "sa" villa au "patron" et à ses invités.
En vacances le 19 août « dans le sud de la France », l’ancien directeur général de la Semarelp (bras armé immobilier de la ville de Levallois) répond à Mediapart qu’il n’était « pas au courant que [Patrick Balkany] était à Saint-Tropez ». D’ailleurs, ce jour-là, il ne l’a même « pas vu », à quelques mètres de là. « Je sais qu’il a 10 000 copains là-bas, mais moi je sortais de l’office du tourisme, où j’étais allé récupérer un plan… »
Dans l’ordonnance de placement sous contrôle judiciaire de Jean-Pierre Aubry, datée de mai 2014, le juge Renaud Van Ruymbeke écrivait ceci : « Il est nécessaire, au vu des multiples investigations envisagées, d’éviter que Monsieur Aubry ne prenne contact avec les autres personnes citées et mises en cause dans ce dossier de blanchiment. » Jean-Pierre Aubry se voyait soumis à « l’obligation » de « s'abstenir de recevoir, de rencontrer ou d'entrer en relation de quelque façon que ce soit avec [le maire de Levallois] ».
« Le juge m’a précisé ce que ça signifiait : pas de tête à tête », jure Jean-Pierre Aubry. Sur la photo, on ne voit qu’un dos-à-dos. A aucun moment, les deux hommes ne se seraient parlé. Craché. D'ailleurs, Jean-Pierre Aubry, bravache, promet d’envoyer illico le cliché à Renaud Van Ruymbeke : « Je n’ai rien à cacher et je préfère qu’il le sache par moi.. J'ai son mail. »
En octobre 2014, son contrôle judiciaire avait par ailleurs été durci, avec « l'interdiction d’exercer toute fonction au sein de la Semarelp ». Or si l’on en croit Le Canard enchaîné, Jean-Pierre Aubry, après avoir effectivement cessé d’y travailler, aurait rejoint une autre structure liée à la municipalité, Levallois Habitat, présidée par... Patrick Balkany.