Le député UMP Yves Nicolin veut mettre la ministre de l'Intérieur sous pression. Par un mail, envoyé mercredi 14 octobre, il a invité tous ses collègues à parapher sa proposition de loi «visant à rendre obligatoire et permanente la castration chimique pour les coupables d'agressions sexuelles sur mineur [de moins] de 15 ans». Pour récolter un maximum de signatures, il a joint un «coupon réponse»: «Je vous remercie de bien vouloir me [le] renvoyer avant le 30 octobre par fax au 04 77 70...».
C'est qu'il faut faire vite. Yves Nicolin ambitionne de convaincre l'exécutif d'ici l'examen, fin octobre, du texte de Michèle Alliot-Marie sur la prévention de la récidive criminelle, dont il veut durcir le volet "castration chimique" (ce traitement médicamentaux qui joue sur les hormones mâles et la libido, toujours associé à une psychothérapie).
«Le viol sur mineur de [moins de] 15 ans constitue certainement l'un des crimes les plus abjects», écrit Yves Nicolin dans son mail, remonté comme un coucou depuis le kidnapping et le meurtre, le 28 septembre dernier, d'une joggeuse dans la forêt de Fontainebleau et l'arrestation d'un suspect déjà condamné en 2002 pour le viol d'une adolescente de 13 ans.
«Autrefois, l'opinion et l'Etat n'étaient pas prêts à aller dans [mon] sens, déclarait-il récemment. Mais ça a changé. Nous devons profiter de ce fait tragique pour mettre en place cette solution qui a fait ses preuves [à l'étranger]».
Il profite, donc. Et sollicite ses «chers collègues» de la majorité, divisés. Si Bernard Debré avait déjà déposé une proposition de loi sur le sujet en 2005, puis 2007, le «villepiniste» François Goulard dénonce une «gesticulation». Tandis que Jean-Christophe Lagarde, député du Nouveau centre, déclare: «Le principe d'attenter à l'intégrité physique d'une personne, même condamnée, paraît choquant».
Pour l'heure, la loi n'autorise que les castrations médicamenteuses volontaires, sur des détenus enfermés pour crimes ou délits sexuels: sans consentement, pas d'injections. Simplement, si le prisonnier refuse la prescription de son médecin, il voit s'envoler ses possibilités de réduction de peine. Le traitement s'arrête de toute façon à sa sortie.
Ces derniers jours, Michèle Alliot-Marie a déjà annoncé qu'elle irait plus loin: «Il faut rendre [la loi] plus efficace». La castration doit pouvoir «s'appliquer pendant l'incarcération [sur des individus volontaires], mais aussi après, a-t-elle déclaré. Il faut que la personne [libérée après un aménagement de peine ou avec un suivi socio-judiciaire] n'ait pas la possibilité d'y renoncer ensuite, sauf à retourner en prison». Pour l'instant, la ministre a l'aie de balayer l'idée d'une castration obligatoire et permanente.
Mais son texte, pas encore connu dans le détail, peut évoluer. Et le nombre de coupons-réponses récoltés par Yves Nicolin pourrait peser dans la balance...
→ Lire ici la proposition de loi du député