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Billet de blog 19 février 2009

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Sarkozy se mêle de tout, même des questions d'actualité à l'Assemblée

 Bernard Accoyer, le Président de l'Assemblée, vient d'annoncer que l'opposition disposerait désormais du même temps de parole que la majorité lors des "questions au gouvernement". Des chronomètres numériques géants vont donc être installés dans l'hémicycle, visibles depuis tous les bancs...

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Bernard Accoyer, le Président de l'Assemblée, vient d'annoncer que l'opposition disposerait désormais du même temps de parole que la majorité lors des "questions au gouvernement". Des chronomètres numériques géants vont donc être installés dans l'hémicycle, visibles depuis tous les bancs...

Cette mesure s'appliquera pour la première fois le mardi 3 mars, toujours sous l'oeil des caméras de France 3. Bernard Accoyer tient là une promesse faite au PS en juillet dernier, en plein débat sur la réforme des institutions, quand il s'agissait d'amadouer la gauche pour lui faire voter la révision constitutionnelle.

Jusqu'ici, en effet, les groupes d'opposition (PS d'un côté, Verts et PC de l'autre) n'avaient le droit qu'à 5 questions en direction des ministres, contre 7 réservées aux élus de la majorité. C'était grosso modo proportionnel: 40% des sièges pour la gauche, 40% du temps de micro.

La décision de Bernard Accoyer constitue donc une avancée -sauf si le nombre de séances de questions au gouvernement est en parallèle ratiboisé, ce qu'envisage sérieusement l'UMP.

Mais le plus intéressant, c'est la manière dont cette mesure a été validée. En effet, la droite hésitait entre deux schémas, pour redonner de l'espace à l'opposition. La durée de la séance ne pouvant être augmentée (60 minutes pile), le groupe UMP pouvait décider de réduire le nombre de ses questions, pour les «rendre» à la gauche; ou bien conserver son quota de 7, mettre à niveau celui de l'opposition, et raccourcir du coup la durée de chacune des interpellations pour tenir le timing à l'arrivée (en les faisant passer de 2 minutes à 2 minutes 30). Un dilemme kafkaïen, que l'UMP a tranché d'une drôle de façon...

Car si l'on croit Jean-François Copé, la majorité parlementaire s'en est remise à la sagesse du chef de l'Etat en personne! En effet, les comptes-rendus confidentiels des réunions de travail internes au groupe UMP consacrées à la réforme en cours de l'Assemblée (que Mediapart s'est procurés) rapportent cette intervention de Jean-François Copé (datant du 5 novembre): «Le Président de la République est (...) totalement défavorable à ce que le nombre de questions dévolues à la majorité soit diminué». A l'instant où Jean-François Copé prononçait ces mots, le débat stoppait net. C'était acté: 7 questions pour la gauche, 7 pour la droite, et 30 secondes de moins par intervenant. Point final, et point suivant !

Il faut donc croire que Nicolas Sarkozy se mêle de tout, jusqu'à s'immiscer dans le moindre détail de la vie de l'Assemblée nationale. Le règlement intérieur du Palais-Bourbon, qui organise le rituel des questions d'actualité, ne relève pourtant que des seuls députés, qui l'écrivent et le votent entre eux. Mais le chef de l'Etat ignore sans doute la frontière -certes perméable- entre l'Elysée et l'enceinte du Palais Bourbon, c'est-à-dire le principe même de la séparation des pouvoirs.