Par curiosité, j'ai passé au "scanner" le discours à l'Assemblée de Jean-Marc Ayrault, qui plaidait mardi 27 janvier la motion de censure et le "contre-plan de relance" socialiste, puis celui de François Fillon, qui a défendu ses mesures contre la crise. Instructif.
Jetez un oeil sur les 60 mots les plus utilisés par le leader PS (*):
Agrandissement : Illustration 1
Puis comparez avec ceux du Premier ministre:
Agrandissement : Illustration 2
On peut ensuite se livrer à une petite analyse lexicologique. Voici la mienne, grossière:
• quand Fillon décrit les forces supérieures du "système" et de "l'économie", Ayrault revendique une place pour la "politique", le "social"
• le premier, mains dans le cambouis, affronte une "réalité" brute, qui réclame du "courage"; le second déplore une "tempête", qui "frappe" toujours les "mêmes"
• tandis que le chef du gouvernement fait la part belle aux "entreprises" et "dirigeants", le député socialiste évoque les "ménages", les "collectivités", ses "concitoyens", injectant de l'humain
• tous les deux plaident la "relance", mais Fillon croit à une politique de l'offre ("crédit", "banques", "fonds"), tandis qu'Ayrault plaide pour une politique de la demande ("consommation", "achat")
• si le premier veut "supprimer" des dizaines de milliers de postes dans la fonction publique, le second s'accroche aux "services" à la française
• la "solidarité" s'impose sur toutes les lèvres, mais elle est d'abord gouvernementale chez Fillon
• le Premier ministre trouve de quoi se "féliciter" dans son bilan, quand Ayrault se montre sceptique ("trouvez-vous", "est-il", "pourquoi")
• le Premier ministre semble "faire" ce qu'il "peut", le chef de l'opposition parlementaire crie "encore", évidemment
• etc
A vous de jouer !
* La grosseur des termes est proportionnelle à leur fréquence. J'ai "épuré" les textes en retirant des pronoms, adverbes, etc... Ainsi qu'une poignée de mots (crise, pays, français...) qui, dans les deux discours, écrasaient tout le reste.