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Billet de blog 13 juin 2025

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Moi, dans l’image. / Todtnauberg, 1:1

: Ce n’est pas un portrait. Encore moins un autoportrait pour le salon. (Moi — frontal, nu. Sans alibi.) L’appareil photo ? C’est moi. Le sujet ? Moi aussi. (On dirait : je témoigne de moi-même. Mais c’est déjà trop dire.)

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: Ce n’est pas un portrait.
Encore moins un autoportrait pour le salon. (Moi — frontal, nu. Sans alibi.)
L’appareil photo ? C’est moi.
Le sujet ? Moi aussi.
(On dirait : je témoigne de moi-même. Mais c’est déjà trop dire.)

L’image :
un visage. Le mien. Sans maquillage, sans distance.
Gros plan = responsabilité proche.
Pas l’art du beau. Mais de la trace. De la faute, peut-être. (Ou du souvenir, si l’on veut adoucir.)

Illustration 1

: Todtnauberg.


La série. L’endroit. La cabane. Les mots qui ne sont pas venus.
(Juillet 49, Celan rencontre Heidegger. — Il reste un poème. Il manque une phrase.)

Je viens de là. Ou d’à côté. Donc : pas innocent.
La forêt qu’Heidegger regardait — je l’ai respirée.
Pas par choix. Par origine.

La photo : pas une pose.
Mais une prise de position. Une attitude — dans la chair.
Le regard ? — pas un regard, un contre-regard.
(Non, je ne te regarde pas. Je te traverse. Jusqu’à ce que tu évites.)

L’image est rugueuse, granuleuse. Comme l’Histoire sous les ongles.
Comme la honte, agrandie.

Je me mets dans l’image —
non pour être vu. Mais pour ne pas fuir.
Le lieu l’exige.
L’ombre de Todtnauberg : ce n’est pas la météo.

Celui qui peut, qu’il regarde. Celui qui ne peut pas — qu’il détourne.

Mais une chose reste :
Il y a quelqu’un debout. Et il reste debout.


⊞ Note de contexte : Todtnauberg (pas un lieu. Une fissure.)

: Sud de la Forêt-Noire.
Une cabane. Heidegger s’y retire. Il pense. Ou pas. (A la Grèce, oui. A la Shoah ? Moins sûr.)
1949. Paul Celan monte. Rencontre. Tension.
Ils parlent. Ou ne parlent pas.
Ils boivent une eau — trop claire.
Un mot est attendu.
Il ne viendra pas.

Le poème restera. Le silence aussi.
Todtnauberg : non pas une réponse, mais une zone d’inconfort mémoriel.
Une question sans balise.

: Matthias Koch y revient. Pas comme biographe. Ni comme procureur.
Mais comme héritier lucide.
Il photographie ce que les archives ne disent pas.
Pas le fait — le frémissement du fait.

Il se place dans l’image.
Non pour s’y montrer. Mais parce qu’on ne peut pas rester hors champ, quand on est né dedans.


Matthias Koch (non, pas juste photographe)

Né en 1964, quelque part dans l’angle allemand du monde.
Traverse : Caracas, Santiago, Oaxaca.
Puis s’enracine — Ardèche.

Il ne photographie pas les choses. Il photographie leur écho.
Ce qui tremble encore, même après disparition.

Il œuvre dans les zones grises :
mémoire, exil, effacement, silence.

Séries : Eschaton, Unheimlichkeit, In Absentia, Leaving Home, Resonances, Todtnauberg.
À chaque fois : le corps en tension, la parole absente.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.