La hausse de la fréquentation des médias d’influence du Kremlin RT et Sputnik, dont le nombre de visites mensuelles était respectivement de 4 et 8 millions avant l’invasion de l’Ukraine[1] par la Russie et la suspension de leur diffusion au sein de l’Union européenne dans la foulée, est largement concomitante au mouvement des « Gilets jaunes »[2]. Comme très souvent (Printemps arabes, Révolution française, sécessions de la plèbe de la Rome antique[3]…) aux revendications d’abord d’ordre économique sont rapidement venues se greffer des revendications d’ordre politique : refus de la représentation, démocratie directe, référendum d’initiative citoyenne…
La spécificité de ces revendications n’est pas neutre et met en lumière les manquements et faiblesses de ce que nous tenons comme étant de la nature d’une démocratie (libérale), à savoir, non seulement un régime dont les institutions sont fondées sur l’Etat de droit - la séparation des pouvoirs – la souveraineté de la nation – l’égalité civique et civile, mais aussi la démocratie comme « fait social » reposant sur la croyance en « l’égalité des conditions[4] » qui en serait le « fait générateur » pour reprendre les mots d’Alexis de Tocqueville.
L’affaiblissement de nos institutions démocratiques
La Vème République est largement un ovni parmi les démocraties libérales. Elle accorde une place prépondérante à l’exécutif sur le législatif, à rebours de la tradition républicaine française, accentuée par le passage du septennat au quinquennat qui assure, généralement, une majorité législative au parti au pouvoir. L’exécutif y jouit de prérogatives qu’on ne retrouve nulle part ailleurs, entendu au sein des pays considérés comme démocratiques, à l’instar du fameux article 49.3 et de la procédure accélérée à laquelle le gouvernement actuel a eu recours pour faire voter la réforme des retraites. Ces dispositifs contrecarrent le débat démocratique et donnent aux institutions un caractère très vertical qui peut être encore accentué par la pratique du locataire de l’Elysée, le président E. Macron n’accordant que peu d’importance aux corps intermédiaires.
A cet état de fait, s’additionne une accumulation de législations de plus en plus sécuritaires comme l’entrée de certains dispositifs de l’état d’urgence, institué à l’origine pour lutter contre le FLN durant la guerre d’Algérie, dans le droit commun (Loi SILT, 2017), ou encore la loi Asile immigration (2018), « anticasseurs » (2019), sécurité globale et « séparatisme » (2021)[5]. Cet arsenal juridique, parfois établi pour lutter contre le terrorisme, se trouve appliqué à de simples militants, 4 semaines seulement séparant la promulgation de l’état d’urgence de son emploi contre des militants écologistes à l’occasion de la COP21, ou de simples citoyens se rendant à une manifestation de « gilets jaunes » comme en témoigne l’avocat Raphaël Kampf[6] qui souligne la disproportion, à caractère dissuasif, du recours à la garde à vue, plus de 10 000 au cours du mouvement des « gilets jaunes », au vu du faible nombre de condamnations, 3100[7].
La chercheuse Vanessa Codaccioni note, par ailleurs, que ces lois participent d’une volonté de dépolitisation de la part du gouvernement des actes commis : « la spécificité de la répression politique se situe également dans le fait qu’elle est niée comme telle par celles et ceux qui la mettent en œuvre. […] Ce ne sont jamais, à entendre les agents du champ du pouvoir ou les acteurs répressifs, des activistes qui sont pris pour cible, mais des « casseurs », des « délinquants », des « fanatiques » ou des « terroristes ».[8] ». Faisant écho au propos du ministre de l’intérieur : « Si, c'est la fin des institutions que souhaitent une partie ultra-violente des « gilets jaunes » et bien c'est non. Ce ne sont pas des manifestants, mais des délinquants et des voyous »[9].
Cette justice d’exception se double d’un maintien de l’ordre lui aussi de plus en plus répressif qui n’accorde aucune place à la réflexivité. Les travaux du chercheur Paul Rocher (Gazer, mutiler, soumettre. Une politique de l’arme non-létale[10]) montre bien que l’armement de plus en plus massif de la police amène à une hausse de la conflictualité et du recours à la violence de la part des forces de l’ordre dans un contexte de recul de l’Etat social, ou du passage de la main gauche de l’Etat à sa main droite pour employer les mots de Pierre Bourdieu[11], le recours à la violence étant la condition nécessaire pour faire accepter les politiques de soutien au capital au détriment des classes populaires au travers de la dissuasion à manifester. Ainsi le journaliste David Dufresne a recensé plus 992 signalements, 30 éborgnés, 6 mains arrachées, et 4 décès lors du mouvement des « gilets jaunes »[12].
Misère de la démocratie comme fait social
Au traitement policier et judiciaire des « gilets jaunes » se calque un traitement médiatique aux allures de sanction sociale et qui dans les premiers temps semblait épouser le discours du gouvernement sur le déni des violences policières : « je n'ai jamais vu un membre des forces de l'ordre attaquer un manifestant ou un journaliste. À l'inverse, j'ai vu des manifestants attaquer systématiquement nos forces de sécurité et des journalistes[13] » ; tant l’absence du traitement journalistique de ces dernières était flagrante dans les grands médias. Le site Arrêt sur image a passé au crible les deux grands journaux de 20H[14], celui de TF1 et de France 2, et sur les huit premières semaines du mouvement, seulement deux sujets à part entière ont été consacrés aux violences commises par les forces de l’ordre, et ce avec moult précautions oratoires.
Cette invisibilisation des violences policières dans les grands médias peut paraître surprenant de prime abord, Reporters Sans Frontières recensant alors 54 journalistes blessés par les forces de l’ordre durant les 6 premiers mois de manifestations[15] (David Dufresne, lui, dresse la liste de 145 journalistes blessés sur 992 signalements), dont certains ayant même été placés en garde à vue[16]. Pour comprendre ce paradoxe, il faut s’intéresser à la sociologie des journalistes faite de grandes disparités, entre précarisation croissante de la profession et salaires faramineux. Si le revenu mensuel médian d’un journaliste en CDI est de 3 692€ brut (2 049€ pour un pigiste et 1 973€ pour un journaliste en CDD, chiffres de l’Observatoire des métiers de la presse[17]), les journalistes stars et interviewers des plateaux de télévision et des grandes matinales peuvent se prévaloir d’un salaire entre 5 000€ et 15 000€ pour le public, et 3 500€ à 47 000€ mensuels pour le privé[18]. Or ce sont ces derniers qui commentent et hiérarchisent, voir « décryptent », l’information, ou plutôt les images, en compagnie d’intellectuels, d’experts, ou d’éditorialistes dont certains des portraits ont été dressés notamment par Mona Chollet et Olivier Cyran dans leur ouvrage Les éditocrates. Ou comment parler de (presque) tout en racontant (vraiment) n’importe quoi[19].
Ceux que Pierre Bourdieu nommerait des Fast-thinkers se font le relais d’un discours de classe misérabiliste envers les « gilets jaunes », oscillant entre condescendance « Ils ne vivent pas comme nous, ce sont des gens qui veulent juste qu’on leur parle, qu’on leur explique[20] », et mépris : « crétinisation[21] » du mouvement ; « si on faisait des tests de QI à l’entrée des manifestations y aurait pas grand monde[22] » ; « mouvement de beaufs - j’ajoute poujadiste et largement d’extrême droite[23] ».
Le terme de « jacquerie » employé pour qualifier le mouvement est particulièrement illustratif. L’historien Gérard Noiriel nous rappelle[24] la construction de ce terme disqualifiant visant à mettre à exergue la dimension spontanée et désorganisée du mouvement, mais surtout porteuse d’une violence aveugle, et donc sans véritables fondements ou revendications d’ordre systémique, uniquement due à de la « jalousie[25] » ou des « passions tristes[26] ».
Cette dénégation des « gilets jaunes » comme porteurs de revendications politiques s’est donnée à voir sur BFM-TV. Face à un « gilet jaune[27] » en colère contre la privatisation d’Aéroport de Paris, des barrages, ou de la Française des jeux, le journaliste en plateau retorque alors « Les gilets jaunes que je vois régulièrement, ici-même, ils ne parlent pas comme vous. Parce que vous, vous êtes un faux gilet jaune […] vous parlez comme un militant politique[28] ». Comme si être militant était un qualificatif infamant en démocratie…
Ce qui se joue là c’est la négation des classes populaires comme acteur politique, ce que le politiste Francis Dupuis-Déri nomme « l’agoraphobie politique »[29], où le démos est nécessairement associé à une foule par essence haineuse et irrationnelle, uniquement animée de pulsions, facilement influençable, que l’on trouve dans la pensée libérale à l’origine de nos démocraties représentatives, et qui prend son essor au XIXe siècle, notamment avec la « Psychologie des foules » de Gustave Le Bon (On notera, par ailleurs, que ce sont les mêmes arguments qui ont été avancés pour exclure les femmes du suffrage universel). Ainsi dépolitisées, les violences du mouvement des « gilets jaunes » sont traitées comme des délits de droit commun, faisant de leurs auteurs de simples délinquants, et justifie leur répression brutale - quid des violences policières - alors passées sous silence jusqu’à qu’elles ne soient trop visibles [corporellement].
Michel Naudy, rédacteur en chef, chargé de mission à France 3, témoignait dans le film Les nouveaux chiens de garde :
« Pour la très grande majorité des journalistes, dès l’instant où les classes populaires sortent de leur rôle qui est d’être des gens pittoresques, d’être des gens identifiables à des poncifs idéologiques, où ils ne sont plus des indiens dans leur réserve, alors ils deviennent dangereux, parce qu’ils rompent avec le consensus mou de la démocratie molle, ils rompent la règle du jeu, ils brûlent des pneus, ils occupent des usines, ils séquestrent des patrons, ils sont hors le champ social, et là, l’appareil idéologique montre ses dents et mord cruellement. Et ce qui est moquerie de classe devient, à certains égards, exclusion, voire haine de classe[30]. »
A ce titre, les « éditocrates », dont certains reçoivent les honneurs de dîners « off » à l’Elysée[31], de par leur position d’autorité, jouent le rôle d’ « intellectuels organiques » tel qu’explicité par Antonio Gramsci. A noter que cette qualification ne renvoie aucunement au supposé bouillonnement de la matière grise des individus sus-désignés, mais à la leur fonction sociale qui est celle de véhiculer le « sens commun » propre à leur classe sociale, c’est-à-dire véhiculer leur représentation du monde en tant que représentation légitime. Pierre Bourdieu parle lui de doxa pour définir cette parole autorisée, celle qui a le droit de citer dans les médias dominants.
Mais les tares du traitement journalistique des « gilets jaunes » ne peuvent être seulement imputés à la parole de quelques individus, et doit questionner de manière plus globale la détérioration de la qualité de la presse liée à la concentration capitalistique des médias qui ne cesse de s’accroitre et a de profondes répercussions sur le travail des journalistes et les conditions de production de l’information.

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Infographie réalisée par Le Monde diplomatique en partenariat avec ACRIMED[32]
Le rachat d’une part de plus en plus importante des médias français par des acteurs historiquement extérieurs au champ journalistique et qui tirent l’essentiel de leur revenus d’autres activités, comme le souligne l’économiste Julia Cagé autrice de Sauvez les médias[33] et de L’information un bien public[34], au point qu’aujourd’hui, selon une enquête du média indépendant Bastamag[35], 9 milliardaires se partagent 90% du volume des quotidiens vendus en France et aux alentours de 50% des parts d’audience de la télévision et de la radio, pose la question des motivations de ces grandes fortunes.
En effet, lorsqu’une entreprise de presse est possédée par des milliardaires alors que l’une des revendications des « gilets jaunes » a été le rétablissement de l’ISF, on est légitimement en droit de se demander si les journalistes qui y sont salariés sont aussi libres de leur parole, comme certains le prétendent, ou s’ils ne sont pas confrontés à des phénomènes de censure, voire d’auto-censure dans le traitement de l’information.
Bien que ces grands capitalistes se dédouanent de toute accusation d’ingérence dans le fonctionnement de leurs médias, - lors de son audition devant la commission d’enquête au Sénat sur la concentration des médias, Vincent Bolloré a affirmé qu’il s’agissait « uniquement d’un projet économique » car « dans le monde le secteur des médias est le deuxième secteur le plus rentable après le luxe » -, force est de constater que les faits plaident contre eux. Il n’est pas particulièrement réjouissant de savoir que la « publicité » de l’information, nécessaire à nourrir l’ « espace public » cher à Habermas[36], n’est considérée que comme une marchandise.
Le rachat par ce même M. Bolloré de Canal+, puis d’I-télé, devenue par la suite Cnews, puis d’Europe 1, ne s’est pas fait sans perte et fracas. Les plumes jugées trop irrévérencieuses sont limogées, comme ce fut le cas pour les auteurs des Guignols de l’info[37] ou de Nicolas Canteloup après qu’il a moqué le nouvel actionnaire[38]. Certains documentaires, comme celui sur le Crédit mutuel[39], partenaire de Vincent Bolloré, sont déprogrammés. Des proches sont nommés aux postes de direction[40]. Et les salariés en grève, inquiets de l’ingérence de l’intéressé, sont poussés vers la sortie. Ainsi, après une grève infructueuse de 31 jours faisant suite à l’arrivée sur I-télé de Jean-Marc Morandini, mis en examen pour « corruption de mineur »[41], et réclamant son départ, les trois quarts de la rédaction finissent par démissionner[42], comme il en fut de même quelques années après pour Europe 1 où la moitié des journalistes accepte le plan de départ volontaire[43], aussitôt remplacé par des figures « journalistiques » de Cnews ou de Canal+[44].
Au vu de la dérive extrême-droitière de Cnews, maintenant jumelé à Europe 1, où s’y côtoient des personnalités telles que Renaud Camus, célèbre pour sa théorie du Grand remplacement dont on parle jusque dans le service public[45], Eric Zemmour, à la demande expresse de Vincent Bolloré selon les aveux même de l’intéressé[46] et depuis condamné par trois fois pour des propos racistes[47], ou bien venues de médias tels que Valeurs actuelles, condamné pour injure public à caractère public[48], du site Boulevard Voltaire, condamné pour provocation à la haine[49], il est juste de dire que les craintes des journalistes étaient fondées… La chercheuse du CNRS Claire Sécail, dans une étude en cours du CNRS[50], a par ailleurs montré la sur-représentation de l’extrême-droite dans le temps d’antenne consacré aux sujets politiques (53%) dans l’émission de Cyril Hanouna sur C8, chaine de Vincent Bolloré.
Mais si le cas Bolloré est paroxystique, les mêmes manœuvres ont été opérées dans d’autres médias, comme lors du rachat de L’Express par Alain Weill et Patrick Drahi, ce dernier également propriétaire de RMC, BFM-TV, ou Libération, entre autres choses, placé sous le signe d’un plan de sauvegarde de l’emploi, de coupes budgétaires, et d’abandon de l’investigation[51].
Il est également à rappeler que ces bienfaiteurs de la presse sont coutumiers des procès baillons. Le documentaire de Médiapart (abonnez-vous !) « Media crash – Qui a tué le débat public ? » relate comment Vincent Bolloré a attaqué en justice, et a finalement été condamné pour procédure abusive, l’auteur d’un documentaire pour l’émission Complément d’enquête, diffusée sur France 2, qui détaillait ses activités en Afrique, mais aussi la mise sur écoute de François Ruffin et son journal Fakir, lors de la réalisation de son documentaire « Merci patron ! » par Bernard Arnaud, ou de sa plainte pour « extorsion de fonds », classée sans suite, à l’encontre d’un autre journaliste de Complément d’enquête. Ces pratiques visent moins à obtenir des condamnations, car non fondées ou généralement classées sans suite, qu’à intimider les journalistes et les dissuader d’enquêter sous peine d’être astreint en retour à des procédures de justice demande du temps, de l’énergie, et de l’argent aux intéressés.
Mais cette saignée dans les l’effectifs journalistiques, et les coupes budgétaires drastiques, cocasses lorsque l’on sait que la moitié des aides à la presse bénéficient à seulement 6 groupes de presse[52], n’obéit pas seulement à une volonté d'interventionnisme, mais également une logique de rentabilité qui se répercute sur le traitement de l’information. La course constante à l’audimat conduit à préférer des émissions de plateau peu couteuses où le journalisme d’investigation laisse place au journalisme de commentaire. Journalisme d’investigation rendu difficile de fait, nous l’avons vu, par la diminution du nombre de journalistes dans les rédactions[53], si tant est que l’actionnaire le tolère. Il favorise ce que le site ACRIMED nomme le « journalisme de préfecture » qui consiste à puiser ses informations dans les sources policières, et ce sans les recouper car l’information en continue n’attend pas. Ainsi les chaines « d’information » montrent et commentent plus qu’elles n’informent.
Mais les logiques de marché dans le monde médiatique ne se cantonnent pas uniquement au secteur privé, elles percolent aussi dans le service public. Comme en témoignait l’ancien journaliste de France inter, Daniel Mermet, écarté après 30 ans de fidélité, la station de service public, qui naguère avait vocation à s’adresser à tous, a succombé à la loi du marché, à l’impératif de l’audimat, et rend de ce fait ses programmes plus homogènes de façon à cibler un public bien précis, tout cela dans un contexte de fin de la redevance qui va accentuer sa dépendance vis-à-vis du pouvoir politique en place. Une stratégie de distinction que l’ancien directeur, nommé, de la chaine Philippe Val résumait ainsi : « « France Inter, ça se mérite, c’est pas beauf, pas démago, pas vulgaire.[54] ».
Dans une enquête pour le Monde diplomatique, France inter, écoutez leurs préférences[55], David Garcia, afin de rendre compte de l’absence de représentation des classes populaires dans le paysage médiatique, a recensé l’ensemble des 177 invités de France inter sur une semaine. Verdict : 175 d’entre eux étaient issus de CSP+, les deux exceptions, une étudiante boursière et une chômeuse de longue durée, ont été invitées à participer à la même émission sur la plage horaire 22/23h.
La concurrence dans le champ médiatique, le soulignait Pierre Bourdieu, loin de diversifier « l’offre » d’information, a au contraire tendance à l’homogénéiser[56]. Il est impensable de ne pas traiter l’actualité dont les autres médias discutent. Dans ce contexte de champ, la concentration capitalistique des médias aux mains de quelques grandes fortunes, puisqu’elles peuvent se compter sur les doigts des deux mains, joue un rôle indéniable dans la droitisation des médias.
Cette homogénéisation des médias par la droite, et le classisme régnant au sein des rédactions comme à l’antenne, est par ailleurs largement favorisé par une endogamie des dirigeants et journalistes vedettes officiant lors des heures de grande écoute dont nombre d’entre eux sont passés par les mêmes écoles. Alain Garrigou, professeur de Science politique à Nanterre, notait déjà en 1999 dans les colonnes du Monde diplomatique : « En France, quelles sont les chances pour un chef d’Etat ou un ministre issu de Sciences-Po d’avoir un cabinet composé d’anciens de Sciences-Po, de diriger des chefs de service et sous-chefs de service qui sont des anciens de Sciences-Po, d’être interviewé par des journalistes anciens de Sciences-Po, de faire appel aux services de sondeurs et de conseillers en communication issus de Sciences-Po, de lire des commentaires de ses actes et de ses paroles par un éditorialiste passé par Sciences-Po ? Le degré d’intégration des élites est unique. »[57]
L’association ACRIMED a quant à elle mené une enquête anonymisée sur les lieux de résidence des dirigeants des grands médias de l’audio-visuel, public et privé, la logique voulant que le lieu de résidence soit, au moins en partie, le reflet des conditions matérielles d’existence, et sur les 131 individus considérés, 71% de ceux occupant un poste dans le privé vivaient dans l’ouest parisien, en particulier le 16e arrondissement, et ses banlieues « chics », et 71% des individus occupant un poste dans le public habitaient au centre de Paris, entre 1er et 7ème arrondissement[58].
C’est au travers de cette endogamie et dans un contexte de droitisation des médias, car une pluralité de médias ne signifie pas une pluralité d’opinions, que l’on doit comprendre la stupeur et le rejet du monde médiatique face aux revendications des « gilets jaunes », bien éloignées des questions d’immigration ou d’insécurité. Ils n’étaient alors pas les petits blancs en situation d’insécurité culturelle qu’ils se figuraient, mais avaient bel et bien des revendications d’ordre démocratique et économique concrètes. Leur refus de la représentation, loin d’être un refus de la démocratie, se faisait bien au contraire en réaction au ventriloquisme dont ils se sentent l’objet. On assiste alors à un phénomène de dissonance cognitive où les croyances (ici les préjugés de classe) rentrent en contradiction avec les faits. Afin de sortir de cet inconfort cognitif, une des solutions consiste à réévaluer ses croyances en fonction des faits, la seconde à écarter les faits qui rentrent en contradiction avec les croyances, c’est cette deuxième voie qui a donné lieu à la violence médiatique à l’encontre du mouvement.
Les médias sont alors moins le miroir d’une société ou une source d’information à même d’alimenter le débat démocratique, car la liberté comme le disait Noam Chomsky dans La Fabrication du consentement il y a de ça plus de trente ans « implique notamment la possibilité de choisir parmi des options qui ne soient pas exclusivement proposées par une oligarchie dont l’objectif premier est de vendre des téléspectateurs à des publicitaires[59] », mais le reflet d’une endogamie de classe où les gens qui s’y côtoient font partie des mêmes cercles et y véhiculent peu ou prou les mêmes représentations sociales, et disons-le, les mêmes intérêts de classe.
Julia Cagé, dans son ouvrage Le prix de la démocratie[60], dénonçait le poids pris par l’argent dans les campagnes électorales, y compris en France, incitant de fait les partis politiques à représenter les classes les plus aisées, ce qui est d’autant plus vrai que la sous-représentation des classes populaires conduit ces dernières à s’écarter de la participation électorale.
Bien qu’elle ne soit pas formulée en des termes partisans, ni aussi informée, la colère des gilets jaunes, loin d’être irrationnelle, cible la tendance à la plutocratie de notre pays qui rompt cette croyance en « l’égalité des conditions ». S’il est évident qu’« un homme, une voie » est un principe qui ne s’est jamais réalisé dans les faits, le décalage entre cet idéal démocratique et la réalité n’a cependant jamais été aussi flagrant aux yeux d’un aussi grand nombre.
Failles démocratiques, brèche pour l’extrême droite
Ce double discours de l’exécutif fait à la fois de refus de reconnaitre la violence politique du maintien de l’ordre : « ne parlez pas de violences policières, ces mots sont inadmissibles en démocratie[61] » ; « quand on parle de violence policière je m’étouffe[62] » ; et de banalisa de celle-ci faisant fi de son caractère de proportionnalité : « la police exerce une violence, certes légitime, mais une violence, et c’est vieux comme Max Weber ! » ; l’avocat Raphael Kampf nous rappelle par ailleurs que la violence de la police est par nature illégitime[63], car autorisée seulement dans certains cas définis par la loi, elle reste l’exception ; couplé à un discours classiste dans les médias dominants qui la légitime et l’invisibilise, au sens large, le recours à la violence se faisant contre des « casseurs » ou des « factieux » et non contre des citoyens « gilets jaunes », amène ces derniers à s’orienter vers d’autres médias, tant le décalage est important entre la réalité qui est donnée à voir et celle qui est vécue.

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Le fait que les journalistes de RT soient salués lors des manifestations tandis que ceux de BFM-TV se font molester[64], quand il ne s’agit pas tout simplement de manifestations devant leur siège[65], est en soit éloquent. Par leur traitement du mouvement des « gilets jaunes », Sputnik comme RT, dont le slogan est « Osez questionner » et qui diffusait des heures durant les violences de la part de la police dans les manifestations, ont réussi à se poser en phares de la presse indépendante, bien que financés directement par le Kremlin.
Dans un article pour Le Monde[66], le chercheur à l’IFRI Maxime Audinet, auteur de « Russia Today (RT) : un média d’influence au service de l’Etat russe », résume ainsi la stratégie de la chaîne : « Le “soft power” pratiqué par la Russie avec RT ne consiste pas à rendre ce pays plus attractif aux yeux des Occidentaux, mais à délégitimer les démocraties libérales en surmédiatisant les divisions de leur société ».
Toutefois, si cette surmédiatisation se nourrit d’élément bien réels, elle se fait évidemment sous un angle bien précis. Cette posture de voix dissonante mais policée (il ne s’agit pas ici de fustiger les « journalopes » des « merdias »), sous couvert de vernis intellectuel comme dans l’émission de Frédéric Taddeï « interdit d’interdire », s’inscrit de manière dissimulée dans ce qu’il est convenu de nommer à l’extrême droite la « réinformation ». Les thèmes sécuritaires et de l’immigration sont privilégiés[67] tandis que la candidate RN jouit d’un traitement des plus favorables à l’abord des présidentielles[68], et les personnalités d’extrême droite (sans être désignées comme telles) s’y succèdent, parfois même au cœur de l’édifice, le député RN Thierry Mariani a ainsi siégé parmi les membres du comité d’éthique[69], quand ce ne sont pas les journalistes de la chaine eux-mêmes qui rejoignent la campagne du candidat Zemmour en qualité de « coordinateur recrutement cercles de réflexion »[70].
Sous couvert de défendre la pluralité des opinions et défendre une vision du monde dissidente, car, comme l’énonce Xenia Fedorova, directrice de l'information de RT France dans un tweet[71] « sans aucun média pour les contredire, les médias mainstream reviennent à leur "manipulation de l'opinion" habituelle », RT donne la parole à des personnalités ouvertement conspirationnistes, voire négationniste dans le cas d’Alain Soral, comme le relève le site Conspiracy Watch[72]. RT se fait le relais de la représentation du monde que cherche à véhiculer le Kremlin et que l’extrême droite a fait sienne, à savoir un monde multipolaire, peuplé de nations souveraines, hors de la mainmise de l’OTAN, de l’impérialisme américain, de la Mondialisation, et des odieuses universités intersectionnelles nord-américaines, dans un habile jeu de brouillage qui exploite les incohérences « occidentales » afin de retourner les accusations d’impérialisme et d’autoritarisme et d’en affubler les adversaires de la Russie. Au fond, on vous leurre, la vérité n'est pas là où vous la pensez.
On observe ici deux processus rhétoriques auxquels a largement recours l’extrême droite.
Le premier consiste à brouiller le sens des termes péjoratifs dont on la qualifie en en créditant ses adversaires, ainsi les antifascistes deviennent les vrais fascistes, les antiracistes les vrais racistes. Comme en témoigne la sémiologue Cécile Alduy pour Médiapart : « Nous assistons depuis quelques années à une entreprise d’inversion sémantique à but politique. […] La rhétorique du miroir permet de renvoyer à l’adversaire les accusations de fascisme ou de violence pour lui couper l’herbe sous le pied et surtout noyer le sens de ces expressions. […}. Il s’agit de détacher les mots des objets ou groupes qu’ils désignent normalement pour les retourner contre ceux-là mêmes dont c’est le combat politique de militer contre certaines formes de discrimination ou de violences en les accusant de faire ce qu’ils condamnent. Ainsi, en accusant les militants antiracistes d’être “racialistes”, on sous-entend, in fine, qu’ils sont “racistes” »[73]. Ce retournement a, assez ironiquement, dépossédé l’extrême-droite de ce qui faisait partie de la spécificité de son argumentaire, car il a été adoubé par la majorité présidentielle et le gouvernement qui cherchent maintenant à faire la guerre au « séparatisme » et multiplient les procès en « islamo-gauchisme ».
Le second procédé consiste, lui, à repeindre les dominants en victimes ; victime du racisme « anti-blanc », « anti-français », du grand remplacement, ou dans le cas de la Russie de Vladimir Poutine, victime de l’impérialisme de l’OTAN, ce qui légitimerait alors une juste riposte en envahissant l’Ukraine.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la présidente du RN a été reçue par ce dernier et que son parti a pu bénéficier de financements russes (voir le dossier de Médiapart sur L’argent russe du Rassemblement national[74]). Mais cet alignement sur les positions de la Russie n’est pas seulement intéressé, il traduit la fascination pour le régime en place, entre culte de l’homme fort « je rêve d’un Poutine français[75] » déclarait Eric Zemmour en 2018 dans l’Opinion, et fantasme d’une Russie blanche, chrétienne, homogène culturellement, socialement conservatrice, qui aurait réussi à se préserver de l’immigration, puisqu’il s’agit bien en réalité de cela qui se cache à demi-mot derrière leur conception d’une nation souveraine. Bien plus en tout cas que l’idée d’un corps politique qui s’autodéterminerait.
Si le RN, malgré son changement de nom, ne pourra jamais faire totalement oublier ses origines, ni le nom de Le Pen à jamais entaché par le « point de détail », il peut néanmoins compter sur RT pour discréditer les autres formations politiques et brouiller les clivages, comme en s’offrant l’alibi de personnalités venues de la gauche à l’instar de l’économiste souverainiste Jacques Sapir, afin d’imposer une nouvelle dichotomie politique non plus fondée sur l’axe gauche/droite mais mondialistes contre nationaux (ou souverainiste, il y ait en effet des -ismes qui sonnent mieux que d’autres…), faisant de l’extrême-droite non plus un épouvantail, mais un cas particulier des possibles. D’autant que ce nouveau clivage a été en partie validé par Emmanuel Macron durant sa campagne lorsqu’il a accepté de fait les termes du débat tels que posés par l’extrême-droite, quand il ne s’agit pas directement de mettre ces thèmes à l’agenda politique comme avec le projet de loi sur l’immigration porté par le ministre de l’Intérieur Gerald Darmanin[76], ou de faire élire des membres du RN à la vice-présidence de l’Assemblée nationale pour faire barrage à la gauche.
Si la guerre en Ukraine a porté un grand coup à la crédibilité de ces médias, les raisons qui ont permis la perméabilité de leurs discours sont toujours présentes et produisent des effets, et rien ne dit que « l’état de grâce » en faveur de l’Ukraine s’inscrira dans la continuité. Il est plus que temps de s’interroger sur les défaillances de nos démocraties plutôt que de crier de manière bravache « Essayez la dictature et vous verrez [77]», comme le fait le président en exercice, tout en contribuant à la brutalisation politique et sociale. Le philosophe Michael Fœssel dans son ouvrage « Récidive. 1938 » portait ce regard sur la faiblesse supposée de la France face à la montée des autoritarismes :
« Mon exploration de 1938 m’a pourtant moins convaincu de la faiblesse de la démocratie française que du fait que la France n’était plus, à cette date, que faiblement démocratique. 1938 n’est pas seulement l’année des reniements internationaux, c’est aussi celle de l’emploi systématique des décrets-lois (l’équivalent de nos ordonnances) par le gouvernement, de la répression massive des grèves, d’une politique de plus en plus hostile aux étrangers et de l’élection de Charles Maurras à l’Académie française[78]. »
Plutôt que de se lamenter sur la montée de l’extrême droite et fustiger de manière incantatoire les entreprises de déstabilisation (l’autoritarisme ?) russes, comme si le péril autoritaire venait de l’extérieur, il s’agirait en premier lieu d’arrêter donner les armes pour nous faire battre et d’offrir ainsi un marchepied à l’extrême-droite.
[1] https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/01/14/en-france-la-contre-offensive-des-medias-prorusses_6157840_4500055.html
[2]Colin Gérard, Guilhem Marotte et Loqman Salamatian, « RT, Sputnik et le mouvement des Gilets jaunes : cartographie des communautés politiques sur Twitter », L’Espace Politique [En ligne], 40 | 2020-1, mis en ligne le 21 octobre 2020, consulté le 26 janvier 2023. URL : http://journals.openedition.org/espacepolitique/8092 ; DOI : https://doi.org/10.4000/espacepolitique.8092
[3] https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/01/18/des-plebeiens-aux-gilets-jaunes_5410980_3232.html
[4] De Tocqueville Alexis , De la démocratie en Amérique, Paris, C. Gosselin, 1835.
[5] https://basta.media/etat-d-urgence-lois-securite-globale-separatisme-anti-casseurs-libertes-publiques-bilan-du-quinquennat
[6] Kampf Raphaël, Violences judiciaires, la justice et la répression de l’action politique, Paris, La Découverte, 2022.
[7] Ibid.
[8] Codaccioni Vanessa, Répression : l’Etat contre les contestations politiques, Paris, Textuel, 2019.
[9] Darmanin Gerald, invité de RTL, 7 janvier 2019.
[10] Rocher Paul, Gazer, mutiler, soumettre. Une politique de l’arme non létale, Paris, La Fabrique, 2020.
[11] Bourdieu Pierre, La misère du monde, Paris, Seuil, 2015.
[12] Allô Place Beauvau: nous sommes à l’écoute | Panoramiques | Mediapart
[13] Castaner Christophe, ministre de l’Intérieur, Carcassonne, 15 janvier 2019.
[14] https://www.arretsurimages.net/articles/a-la-tele-deux-regimes-pour-les-videos-de-violences
[15] https://rsf.org/fr/six-mois-de-manifestations-gilets-jaunes-et-de-violences-polici%C3%A8res-au-moins-54-journalistes
[16] https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/04/21/gilets-jaunes-reporters-sans-frontieres-et-le-snj-denoncent-des-atteintes-a-la-liberte-d-informer_5453207_3224.html
[17] https://data.metiers-presse.org/overview.php#income/alljournalists/2016/none
[18] https://www.acrimed.org/Que-gagnent-les-journalistes-Entre-precarisation
[19] Chollet Mona, Cyran Olivier, Fontenelle Sébastien, Reymond Mathias, Les éditocrates. Ou comment parler de (presque) tout en racontant (vraiment) n’importe quoi, Paris, La Découverte, 2009.
[20] Giesbert Franz-Olivier, BFM, 17 novembre 2018.
[21] Seux Dominique, journaliste aux Echos et France inter, LCI, 19 février 2019.
[22] Gantzer Gaspard, conseiller en communication de François Hollande, Cnews, 18 février 2019.
[23] https://twitter.com/quatremer/status/1061197253023555584
[24] Noiriel Gérard, « Les “Gilets jaunes” et les “leçons de l’histoire” », Lava, 18 février 2019, https://lavamedia.be/fr/les-gilets-jaunes-et-les-lecons-de-lhistoire/
[25] Bruckner Pascal, « L’envie est profondément liée à la démocratie », Le Figaro, 11 décembre 2018, https://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2011/08/12/01006-20110812ARTFIG00283-pascal-bruckner-l-envie-est-profondement-liee-a-la-democratie.php
[26] Macron Emmanuel, cité dans Siroux Jean-Louis, Qu’ils se servent de leurs armes. Le traitement médiatique des gilets jaunes, Vulaines-sur-Seine, Editions du Croquant, 2020, p.81.
[27] Il s’agit de Chrisophe Couderc
[28] Jeudi Bruno, BFM-TV, 8 décembre 2018.
[29] Dupuis-Déri Francis, La peur du peuple. Agoraphobie et agoraphilie politiques, Montréal, LUX, 2016.
[30] Naudy Michel dans Balbastre Gilles, Kergoat Yannick, Les nouveaux chiens de gardes, 2012, JEM productions.
[31] https://www.arretsurimages.net/chroniques/retraites-macron-ne-reculera-devant-rien-sauf-les-medias
[32] https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA
[33] Cagé Julia, Sauvez les médias. Capitalisme, financement participatif et démocratie, Paris, Seuil, 2015.
[34] Cagé Julia, Huet Benoît, L’information est un bien public. Refonder la propriété des médias, Paris, Seuil, 2021.
[35] https://basta.media/Le-pouvoir-d-influence-delirant-des-dix-milliardaires-qui-possedent-la-presse#nb1
[36] Habermas Jürgen, L’Espace public. Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, Paris, Payot, réed. 1998.
[37] https://www.huffingtonpost.fr/medias/article/guignols-de-l-info-comment-vincent-bollore-est-quand-meme-parvenu-a-ses-fins_124498.html
[38] https://www.telerama.fr/radio/nicolas-canteloup-evince-deurope-1-face-a-bollore-on-rit-jaune-6933264.php
[39] https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2015/09/28/ce-que-contient-le-documentaire-sur-le-credit-mutuel-censure-par-vincent-bollore_4774558_1655027.html
[40] https://www.acrimed.org/La-mise-au-pas-des-medias-par-Patrick-Drahi-et#nh1
[41] https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2016/09/23/jean-marc-morandini-mis-en-examen-pour-corruption-de-mineur_5002447_1653578.html
[42] https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2016/12/23/i-tele-la-redaction-trop-reduite-pour-assurer-le-direct-pendant-les-fetes_5053623_3236.html
[43]Oberti Valentine, Hermann Luc, Média crash – qui a tué le débat public, 2022, Médiapart et Premières lignes.
[44] https://www.la-croix.com/Economie/Cest-peu-comme-Europe-1-etait-morte-2021-07-08-1201165439
[45] https://www.acrimed.org/Zemmour-un-artefact-mediatique-a-la-Une
[46] Zemmour Eric, La France n’a pas dit son dernier mot, Paris, Rubempré, 2021.
[47] https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/01/17/eric-zemmour-condamne-pour-la-troisieme-fois-par-la-justice_6109839_823448.html
[48] https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/11/17/valeurs-actuelles-condamne-en-appel-pour-injure-publique-a-caractere-raciste-envers-daniele-obono_6150329_3224.html
[49] https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/islamophobie-une-militante-et-boulevard-voltaire-condamnes-pour-provocation-a-la-haine-7775412703 9999
[50] https://lesfocusdulcp.wordpress.com/2022/01/26/lelection-presidentielle-2022-vue-par-cyril-hanouna-1-la-pre-campagne-automne-2021/
[51] https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/18/l-express-va-connaitre-une-importante-saignee-de-ses-effectifs_6016082_3234.html
[52] https://www.acrimed.org/Le-clan-des-milliardaires-accapare-les-aides-a-la
[53] Cagé Julia, Sauvez les médias. Capitalisme, financement participatif et démocratie, Paris, Seuil, 2015.
[54] Mermet Daniel, « Rapprocher le micro de la fenêtre », Le Monde diplomatique, mai 2014.
[55] Garcia David, « France inter, écoutez leurs préférences », Le Monde diplomatique, aout 2020.
[56] Bourdieu Pierre, Sur la télévision, Paris, Raisons D’agir, 1996.
[57] Garrigou Alain, « Sciences-po, laminoir des élites française », Le Monde diplomatique, mars 1999.
[58] https://www.acrimed.org/Dans-les-beaux-quartiers-mediatiques-de-la-classe?recherche=endogamie
[59] Chomsky Noam, Herman Edward, La fabrication du consentement, agone, 2019, p.37.
[60] Cagé Julia, Le prix de la démocratie, Paris, Fayard, 2018.
[61] Macron Emmanuel, 10ème Grand débat, Gréoux-les-Bains, 7 mars 2019.
[62] Darmanin Gérald, Commission des lois de l’Assemblée nationale, 28 Juillet 2020.
[63] Kampf Raphaël, Ibid.
[64]https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/11/26/gilets-jaunes-la-violence-contre-des-journalistes-prend-une-ampleur-inedite_5388961_3224.html
[65] https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/manifestation-des-gilets-jaunes-a-paris-altice-france-va-deposer-plainte-apres-une-intrusion-dans-les-locaux-de-bfmtv_4103891.html
[66] https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/01/05/la-chaine-rt-surfe-sur-le-mouvement-des-gilets-jaunes_5405334_3234.html
[67] https://www.arretsurimages.net/articles/loi-travail-et-immigration-themes-preferes-des-medias-russes-en-france
[68] https://www.arretsurimages.net/articles/pourquoi-les-medias-russes-raffolent-de-lextreme-droite-francaise
[69] https://www.conspiracywatch.info/notice/russia-today
[70] https://www.mediapart.fr/journal/france/201021/l-equipe-de-campagne-d-eric-zemmour-le-listing-secret
[71] https://www.conspiracywatch.info/notice/russia-today
[72] https://www.conspiracywatch.info/russia-today-la-chaine-conspirationniste-du-kremlin_a778.html
[73] https://www.mediapart.fr/journal/france/101221/des-antifas-traites-de-fascistes-les-perversions-semantiques-de-l-extreme-droite-se-banalisent
[74] https://www.mediapart.fr/journal/france/dossier/largent-russe-du-rassemblement-national
[75] Zemmour Eric, L’Opinion, 18 septembre 2018. https://www.lopinion.fr/politique/eric-zemmour-je-reve-dun-poutine-francais
[76]https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/02/01/sur-l-immigration-un-projet-de-loi-qui-manie-la-carotte-et-le-baton_6160055_3224.html
[77] Macron Emmanuel, Radio J, 23 janvier 2020.
[78] Fœssel Michaël, Récidive. 1938, Paris, PUF, 2019.