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Billet de blog 17 novembre 2022

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Put*** 5 ans!

Désespérés à l'instar de l'ancienne marionnette des Guignols, nous pressentons que les cinq années à venir vont être longues. Choix économiques à côté de la plaque et posture politique désespérante, il va falloir encore supporter les macronistes pendant cinq ans. Billet d'humeur engagé et subjectif!

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Les tartuffes, bidasses et autres guignols constitueront-ils l’équipe de ceux qui vont nous diriger pour les cinq ans à venir? A regarder le gouvernement Macron depuis quelques mois, le sentiment d’un grand n’importe quoi ne peut que l’emporter.

Observons tout d’abord leur politique économique. Macron le dit et le répète : il faudra faire sa réforme des retraites. Pourquoi cette obsession ? Pourquoi vouloir à tout prix en faire un marqueur de son mandat ? Presque personne n’en veut (73% des sondés considèrent que 62 ans est l’âge idéal) et personne ne comprend plus pourquoi il serait urgent de la faire. La grande majorité des études sérieuses démontrent que le fameux déficit du régime de retraite ne pèse presque rien : dans les scénarios pessimistes à peine 3% du budget (10 milliards d’euros sur 300 milliards de prestations versées). L’équilibre à moyen terme est assuré, grâce à toutes les réformes qui ont déjà eu lieu.

L’impression qui en résulte est celle de l’obsession d’un monarque présidentiel coupé des réalités qui n’a plus comme seule envie et seul horizon de poursuivre sa destruction néolibérale (ou les réformes courageuses, c’est selon) du système de protection sociale. Est-ce un aveuglement idéologique ? Il faudrait, dans son dogme, réduire quoi qu’il en coûte la part de la socialisation des revenus, mauvaise par essence. Est-ce un simple calcul politicien ? Il lui faudrait dépecer ce qu’il reste de la droite non-macroniste pour asseoir sa domination. Dans une hypothèse comme dans l’autre, cela est indigne d’un gouvernement. Cette réforme ne résoudra pas grand-chose et même dans les rangs des macronistes, on commence à en douter.

Rappelons également l’entourloupe de la contribution audiovisuelle. Seulement trois semaines auront suffi à l’alliance de la droite et de l’extrême-droite pour mettre fin à cet impôt. Officiellement, cela a pour objectif de : “redonner du pouvoir d’achat aux français”. Comme toujours avec eux, il faut lire entre les lignes. Tout d’abord, ils prétendent vouloir sanctuariser un service public de l’information. L’extrême droite, plus transparente et directe sur le sujet, ne cache pas son souhait de le voir privatiser. Connaissant le peu de goût des libéraux pour le service public (France Telecom ne serait jamais privatisé, GDF non plus, EDF encore moins), il est difficile de croire à leur volonté de conserver un service public puissant. Selon la technique bien connue des libéraux et inventée par les conservateurs américains “starve the beast”, il s’agit de réduire les budgets d’un service public, de constater son dysfonctionnement et ainsi demander sa privatisation, naturellement plus efficace selon eux. Il est donc permis de douter du maintien du financement du service public, qui se retrouve désormais entre les mains du Parlement et d’éventuels objectifs politiques. 

Les 3,7 milliards d’euros ainsi économisés seront dorénavant financés par une fraction de TVA. A quoi était jusque-là attribuée cette somme ? Nul ne répondra. Le gain d’un côté se traduira nécessairement par une perte de l’autre. Ici encore, on a l’impression de voir s’agiter un canard sans tête et sans projet, dont la simple envie est de pouvoir se présenter comme le gouvernement qui a baissé les impôts (toute la construction politique et médiatique de Bruno Lemaire repose là-dessus).

Qu’en est-il du reste de leur politique économique? Toutes les études démontrent qu’elle ne mène à rien et pourtant ils persistent. Une évaluation de la réforme de l’ISF a été publiée, sans bruit médiatique évidemment. Les résultats sont clairs : aucun effet sur l’investissement n’est constaté, ce qui était pourtant l’objectif annoncé. (source ici).

Leur autre grande réforme est la transformation du CICE en baisse durable de cotisations sociales : coût 24 milliards d’euros par an pour créer de l’emploi. Résultat : effet nul sur l’emploi (source ici).

Et pourtant ils continuent : ils prévoient un cadeau de 10 milliards d‘Euros pour les actionnaires avec la suppression des impôts dits de production, qui sont en fait payés en majorité par les grandes entreprises (source : ici). Imaginons un court instant des évaluations aussi mauvaises concernant une mesure de lutte contre la pauvreté ? Les libéraux, les identitaires et les médias s’en donneraient à cœur joie.

Le sujet du moment : La lutte contre l’inflation. Rappelons tout d’abord que, selon eux, celle-ci ne devait pas arriver en France ou tout du moins ne pas durer, tout comme les masques ne servaient à rien ou la pénurie d’essence n’existait pas. Mais qu’ont-ils en tête avec leur bouclier tarifaire et leur soutien à l’achat d’essence ? Leur grande idée : subventionner massivement le carburant, via la fameuse ristourne. Elle bénéficie à ceux qui doivent travailler comme à ceux qui profitent de loisirs, elle profite à ceux qui cumulent plusieurs petits boulots comme à l’actionnaire. Cette ristourne coûte 7,5 milliards d’euros, soit près de 15% du budget de la transition écologique. Subventionner indistinctement les carburants alors que le dérèglement climatique se fait de plus en plus fort : mais où trouvent-ils donc leurs idées? N’y a-t-il pas une seule personne compétente et inspirée dans leur équipe pour imaginer et favoriser des alternatives à la voiture, aider davantage ceux qui n’ont pas le choix et pour qui l’achat d’un véhicule, l’entretien et le carburant sont une contrainte budgétaire énorme et trop souvent subie ? Ne parviennent-ils pas à sortir de leurs illusions technologiques de croissance verte et de voitures électriques ? Ils nagent en plein déni et nous sommes en droit de se demander s’ils n’ont pas complètement perdu contact avec la réalité.

Deuxième pilier de leur lutte contre la hausse des prix : leur bouclier tarifaire. En boucle, ils nous répètent que l'inflation en France est moins forte qu’ailleurs en Europe. Cela nécessiterait sans doute des analyses approfondies des réelles dépenses des ménages. Et quand bien même, à quel coût obtiennent-ils ce résultat ? 45 milliards pour 2023. Le budget de l’éducation nationale : 59 milliards. Nous allons donc subventionner la consommation d’énergie et cela massivement, au point de dépenser presque autant que pour éduquer l’ensemble de nos enfants. N’est-il pas possible de distinguer les premiers kilowattheures d’énergie indispensables à la vie décente de ceux qui sont dépensés en excès ? Prévoient-ils de demander aux annonceurs de publicités énergivores ainsi qu’aux centres commerciaux multi-illuminés, chauffés et climatisés de faire un effort? Ils ont même le culot de retoquer un amendement, voté par les oppositions, qui prévoit un investissement massif dans l’isolation thermique des bâtiments (source : ici), mesure bonne pour le porte-monnaie et pour l’emploi.  Prévoient-ils un changement de modèle de consommation et de production d’énergie alors même qu’elle est appelée à coûter durablement cher? Non, rien n’est prévu. Tout juste ressortent-ils des cartons des projets électronucléaires du siècle dernier. Piégés dans leur idéologie, ils ne peuvent rien imaginer, rien penser en dehors de leur modèle libéral, de “laisser faire” par le marché, d’accumulation et d’extraction de ressources. Ils ne proposent rien, ou presque : travailler plus, produire plus, consommer plus.

“Make our planet great again”, la Convention Citoyenne pour le Climat, la sobriété… on devine l'obsession de Macron pour son image de réformateur de la croissance verte, mais dès qu’il est question d’agir vraiment pour la bifurcation écologique, il n’y a plus personne.

Incapables sur le volet économique, qu’en est-il sur le plan politique ? Que penser de celui qui se rêve comme le champion de la Démocratie ? Rappelons ses hauts faits d’armes : une répression brutale du mouvement des gilets jaunes, un grand débat qui s’est transformé en grand monologue, une convention citoyenne pour le climat dont les idées ont fini à la poubelle, une campagne de réélection sans projet et sans débat. Observons la situation actuelle : un gouvernement minoritaire qui exerce le pouvoir sans avoir obtenu de vote de confiance à l’assemblée, comme cela devrait être le cas en démocratie. Seul l’archaïsme du système politique français et son hyper-présidentialisation permettent au gouvernement d’imposer ses vues. Se remet-il en question ? Essaie-t-il de défendre cette Démocratie et cette République dont il se prétend le garant ? Aucunement. Bien au contraire même. Dans leurs bouches, il n’y a qu’eux et les extrémistes. En dehors d’eux, il n’y a que des ennemis de la République. Ils nient toute légitimité à l’opposition. Est-ce là une pratique saine de la Démocratie ? Que cherchent-ils ? Tout à leur obsession de diaboliser la gauche unie dans la NUPES, ils ne font que préparer l’accession au pouvoir de l’extrême droite. En brutalisant la Démocratie comme ils le font, ils préparent le terrain à un régime encore plus autoritaire. Nous voici avec un Darmanin qui trouve le Pen trop molle, qui veut nous présenter une énième loi sécuritaire pour répondre aux obsessions de l’extrême droite, qui lève à peine le regard quand les militants d’extrême droite défilent, mais qui va qualifier ceux qui luttent pour l’environnement de “terroristes”. Il n’ignore pas la portée de ce mot. Sa loi séparatiste a d’ailleurs été récemment utilisée à Poitiers pour tenter d’annuler la subvention d’une association écologiste (source : ici). A quoi jouent-ils? Croient-ils vraiment être les gardiens de la démocratie ou plutôt d’une République vidée de sa substance émancipatrice et qui se résume au maintien d’un ordre social et économique. Ces incapables sont-ils conscients qu’ils préparent ainsi la voie de l’extrême droite, qu’ils contribuent à rendre la démocratie moins désirable et moins vivace ?

Enfermés dans leur idéologie néolibérale sur la plan économique, aveugles aux inégalités et à l’urgence climatique, ils sabordent également notre République par leurs actions politiques. Comme la défunte marionnette de Chirac aux Guignols de l’info, on se dit que les cinq prochaines années vont être vraiment longues : « Putain, 5 ans ! ».

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