« On rencontre une extrême difficulté à trouver une rentabilité au projet. » (Rapport Brossier Ingénieur Général des Ponts et Chaussées - 1998 page 59)
« Ainsi qu'on l’a dit plus haut, ce n'est probablement qu’après 2017 que l’insuffisance de capacité des ouvrages existants à l’époque pourrait justifier la réalisation d’une nouvelle percée. » (Rapport Brossier Ingénieur Général des Ponts et Chaussées - 1998 page 59)
« Au total, il semble que des améliorations substantielles soient possibles sur la ligne actuelle pour un montant d’investissements qui ne dépasserait pas 10 % des sommes nécessaires à la réalisation du projet Lyon-Turin. » (Rapport Brossier Ingénieur Général des Ponts et Chaussées - 1998 page 57)
« La mission estime que, dans le cadre méthodologique actuellement applicable à l’évaluation des projets d’infrastructures, les études socio-économiques sont loin de démontrer l’intérêt du projet pour la collectivité. » (Rapport Ponts et Chaussées Inspection Générale des Finances - 2003 page 62)
« A cet égard, elle relève en premier lieu que les études socio-économiques conduites par Alpetunnel reposaient sur une méthodologie discutable : les hypothèses de trafic étaient particulièrement optimistes, les volets Voyageurs et Fret n’avaient pas été mis en cohérence, la valorisation des effets externes, non standard, tendait à surestimer la rentabilité socioéconomique du projet. » (Rapport Ponts et Chaussées Inspection Générale des Finances - 2003 page 62)
« Or, en deuxième lieu, même dans ce cadre méthodologique contestable, les indicateurs de l’intérêt socio-économique du projet étaient mauvais, ce qui tient notamment à l’ampleur considérable des investissements nécessaires à sa réalisation. » (Rapport Ponts et Chaussées Inspection Générale des Finances - 2003 page 62)
« En définitive, l’ensemble de ces remarques invitent à considérer avec une grande précaution les projections de trafic voyageurs à l’horizon 2015 qui apparaissent en l’état insuffisamment étayées et fondées sur des hypothèses résolument optimistes. » (Rapport Ponts et Chaussées Inspection Générale des Finances - 2003 page 306)
« Ce parti d’aménagement limité permet donc en principe d’éviter tout problème capacitaire jusqu’aux environs de 2020 pour les accès au tunnel historique. En soi, l’objectif consistant à porter les capacités des voies d’accès au niveau de celle du tunnel de Modane ne se justifie donc qu’à un horizon éloigné, entre 2020 et 2030 » (Rapport Ponts et Chaussées Inspection Générale des Finances - 2003 page 317)
« Bien que fondés sur des présupposés méthodologiques discutables, les résultats actuellement disponibles montrent que ce n’est clairement pas sa rentabilité socioéconomique qui peut conduire à justifier ce projet. » (Rapport Ponts et Chaussées Inspection Générale des Finances - 2003 327)
« La valeur actualisée nette économique est négative dans tous les scénarios envisagés » (Référé Cour des Comptes 1er août 2012 page 5)
« Cette trop faible rentabilité socio-économique est par exemple manifeste pour la liaison Lyon-Turin, que la Cour a critiquée dans son référé du 1er août 2012. » (Cour des Comptes La grande vitesse ferroviaire octobre 2014 page 7)
« Il considère que la démonstration n’a pas été faite de l’urgence d’engager ces aménagements dont les caractéristiques socio-économiques apparaissent à ce stade clairement défavorables. ... Il semble peu probable qu’avant dix ans il y ait matière à poursuivre les études relatives à ces travaux qui au mieux seront à engager après 2038. » (Conseil d’Orientation des Infrastructures 1er février 2018)
A la lecture de ces extraits assassins pour le projet Lyon-Turin et quels que soient le regard et l’appréciation générale que l’on porte sur les analyses de ces institutions, il est légitime de s’interroger :
- comment ce projet peut-il se poursuivre sans véritable débat, en dépit des critiques des hauts fonctionnaires ?
- quels systèmes décisionnels et le fonctionnement démocratique autorisent les exécutifs à soutenir publiquement ce type du projet contre l’avis de leurs administrations ?
- comment les prévisions des promoteurs affichées peuvent-elles être en contradiction avec les analyses des administrations sans être questionnées ?
Les aspects purement économiques ne suffisent assurément pas à justifier le Lyon-Turin.
De 1998 à 2018, les hauts-fonctionnaires et experts consultés concluent TOUS à la possibilité de mieux utiliser l’infrastructure existante qui doit permettre de répondre aux besoins futurs.
Cette dernière a été entièrement rénovée pour 1 milliards d'euros jusqu'en 2012, pour mise au gabarit GB1 de Dijon à Turin et pour améliorer la sécurité; pourtant, elle est utilisée 6 fois moins qu'avant rénovation alors que la "DG move" de la commission europénne évalue que le trajet en train est 30% moins cher que par la route.
Les politiques ignorent tous les avis des experts de l'état, ignorent ou dénigrent l'infrastructure existante sans étayer leur démonstration. Ils ont une "vision" à coup de dizaines de milliards d'argent public, d'impots et de dette.