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Billet de blog 3 mars 2020

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Le jour que l’Europe contamina l’Afrique

Jusque-là relativement épargnée par l’inexorable ‘Coronavirus’, l’Afrique, estimée héberger les plus dangereuses épidémies de ces dernières décennies, a été touchée à son tour par le virus en question. A la date de l’écrit six Pays de notre continent sont déclarés affectés par la maladie.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Jusque-là relativement épargnée par l’inexorable ‘Coronavirus’, l’Afrique, estimée héberger les plus dangereuses épidémies de ces dernières décennies, a été touchée à son tour par le virus en question. A la date de l’écrit six Pays de notre continent sont déclarés affectés par la maladie. En Egypte où le nom du porteur n’a pas été révélé, la deuxième d’origine italienne en Algérie et, encore un italien au Nigéria, en Tunisie et au Maroc. Dans le cas du Sénégal le porteur est un français, depuis deux ans dans ce Pays mais qui a fait un voyage en France…Il s’agit bel et bien de ‘contaminations occidentales’ qui touchent l’Afrique, continent que la plupart des observateurs considère ‘ à la dérive’ dans le domaine médical. Une preuve supplémentaire que l’histoire du monde n’est pas seulement dans la lutte des classes, comme récitaient Marx et Engels dans leur fameux ‘Manifeste du parti communiste’, elle est surtout une histoire des ‘contaminations’. 

Depuis la ‘découverte’ des Indes, ou estimées telles, par Christophe Colomb, et les exportations des maladies occidentales qui contribueront à décimer les populations indigènes, les contaminations constituent un des traits marquants de tout transit humain. Celles coloniales, post et néocoloniales sont particulièrement insidieuses car elles affectent les centres d l’imaginaire symbolique que l’époque de la traite esclavagiste avait déjà profondément blessés. L’auto estime, si nécessaire pour définir sa propre identité, a été l’élément le plus affecté et, rendu ensuite fragile par la réduction des personnes à  des objets commerciales, a terminé par intérioriser le néfaste message exporté dans le continent. Avec le temps la ‘contamination’ citée a assumée des nouvelles formes et a su se transformer dans une vision du monde dans lequel les stratégies de control de tout et des tous, apparait comme ‘le’ système politique par excellence. Il fut ainsi que les tentatives, libres ou forcés, de mobilité humaine, furent perçus comme une sorte de maladie dont il fallait se protéger à tout prix. La théorie que le fin justifie les moyens fut appliquée grâce aussi à la falsification du langage qui, manipulant la réalité, transforma les personnes plus vulnérables en dangereux passeurs de nouveauté. Etant cette dernière trop proche de la vie réelle on essaya de l’immuniser avec le concours des murs et grillages barbelés. 

Vu de loin, depuis ce Sahel convulsionné qui a appris à ses dépens à marquer la différence entre l’essentiel et l’éphémère, ce qui se passe en Europe et dans le monde, commençant par la Chine qui l’a rempli de ‘chinoiseries’, tout semble confectionné par le matériel qu’ici se trouve en excès : le sable.  Sablonneuses nous paraissent les mesures de sécurité par qui, depuis longtemps, craint la vie comme une aventure risquée et qui, sans trop réfléchir a vendu les liens de sa liberté en échange des marchandises. Seulement le sable, structure portante de l’actuelle politique et économie, donc tout à fait friable, nous donne la meilleur clé de lecture et d’interprétation de la peur qui, témoin fidèle de l’histoire de l’Occident, l’accompagne sans faille. L’imaginaire que l’on pensait enseveli dans le sable de la chasse aux sorcières du Moyen Age, retourne avec une étonnante vitalité avec un nom qui a une saveur ‘monarchique’ : le ‘Corona-virus’, puis baptisé ‘Covid-19’. C’est comme du sable que le vent disperse dans les medias, les photos et dans les personnes contaminées qui, en temps réel, trouvent une publicité proportionnelle à leur âge, généralement adulte. DE tout cela notre sable sourit, lui qui, depuis longtemps sais qu’il n’y a rien de vraiment nouveau sous le soleil et que les peurs, pour une fois, ont changé de direction.

L’Occident, effrayé par les frontières qu’il a fait montre de tracer, intimidé par les ‘barbares’ qui se trouvent à ses portes, englouti par la panique quand il s’agit des migrants et des réfugiés, se découvre comme celui qui ‘contamine’ notre Afrique, déjà éprouvée par son destin. Ma ne craignait pas, sans aucune rancœur nous vous sauveront encore une fois.

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