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Billet de blog 4 septembre 2017

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Le chien de Macron et les migrants du Sahel

Nemo, le capitaine du «Nautilus», est le nom que la famille Macron a donné au chien de l’Elysée. Il a eu plus de chance que les migrants qui traversent le désert, la mer et les grillage pour atteindre le paradis européen.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nemo, le capitaine du «Nautilus», est le nom que la famille Macron a donné au chien de l’Elysée. Il a eu plus de chance que les migrants qui traversent le désert, la mer et les grillage pour atteindre le paradis européen. Nemo se trouve déjà au paradis sans l’avoir cherché. Bien sûr il était en possession de tous les documents qu’il fallait pour le statiste français. C’était un demandeur d’asile, en attente d’être adopté par quelqu’un et trouver un logement digne de sa race. Un labrador noir croisé griffon, abandonné il y a un an.

Il se trouve à l’Elisée avec le droit d’asile, de déplacement, de logement, de soins médicaux, de nourriture satisfaisante et surtout il jouit de protection humanitaire. C’est cela qui le mettra à l’abri pour toujours des défis de sa catégorie canine. Surtout il sera libre de se déplacer sans aucun contrôle des pièces d’identités, de permis de séjour et des tracasseries que d’autres comme lui subissent ailleurs. En plus de cela il peut déambuler librement là où il n’aurait jamais osé penser.

Nemo, ainsi appelé à son insu, âgé d’à peine deux ans, il a été adopté auprès de la Société Protectrice des Animaux (SPA). La responsable a confirmé que la première dame a passé deux heures sur place avec les animaux et a présenté aux employés de la maison les critères du choix. Aussi  bien dans ce cas il s’agit d’une adoption choisie afin que le candidat corresponde autant que possible aux désirs présidentiels. C’est ainsi que Marin, un labrador noir, s’est transformé en Nemo et a trouvé une place unique à l’Elisée.

Faute de déplacements à l’étranger au cours de la semaine, le Président a pu rencontrer celui qui aurait trouvé sa place dans la politique française. En effet c’est  ‘le premier chien’ de France, selon les mots de la directrice de la maison d’accueil des animaux sous protection humanitaire, et nous en sommes ‘très fiers’. Quoi de plus pour un labrador. Il pourra assister aux réunions informelles et officielles, il participera comme observateurs aux entretiens avec les chefs d’Etat et il aura sa portion lors des riches réceptions.

Le Président a payé de sa poche les 250 euros exigés par le refuge et il n’a pas ‘voulu qu’on lui offre’, selon les mots de la directrice de l’institut. L’animal a déjà fait connaissance avec le gouvernement. Les premières photos ont été diffusées depuis le bureau de la première dame, Brigitte Macron. Dans certaines dédites photos on voit la première dame s’amuser avec Nemo dans le parc de l’Elisée. Tout comme dans les contes d’antan : le chien abandonné qui se trouve tout d’un coup couronnée de gloire et d’honneur.

Il y a des migrants qui pensent sérieusement de rentrer dans une maison pour la protection des animaux. Ils ont plus de chance qu’eux. Ils sont accueillis, hébergés, ils ont droit à un document et à la protection humanitaire. Peut etre un jour ils seront reconnus, choisis, adoptés et trouveront une maison et une famille digne de ce nom. Ils auront un nom, un statut, un style vie convenable et des congés annuels dans des lieux qu’ils n’auraient jamais imaginé connaitre un jour. Un centre d’accueil et de protection comme les animaux.

Il n’y a pas de place pour les migrants ‘économiques’, pour les sans-papiers, pour les sans noms, pour le réels NEMO, qui n’existent pas, ils ne sont personne. Au moins que l’on considère l’origine du nom en grec, ce qui signifierait alors ‘partage’. Bien sur le chien est obéissant, il entre dans le décor de la présidence, il n’exprime pas son opinion politique et il est aligné sur les positions du pouvoir en place. Les ‘invisibles’ qui essayent d’arriver en Europe pour la sauver, eux, n’ont pas la même chance que le labrador noir.

                                                                                                      Mauro Armanino, Niamey, Septembre 017

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