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Billet de blog 5 avril 2018

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Migrants d’Origine Contrôlée au Sahel

Ils ont un code à barres comme pour les marchandises. Ainsi les migrants sont fichés, mieux «barrés», afin de faciliter les transactions humanitaires. Juste migrants DOC, D’Origine Contrôlée, par le biais d’une carte en plastique barrée.

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Ils ont le code à barre comme pour les marchandises. Aussi les migrants sont fichés, mieux ‘barrés’, afin de faciliter les transactions humanitaires. Juste migrants DOC, D’Origine Contrôlée par le biais d’une carte en plastique barrée. Cela afin de mieux servir, identifier, contrôler, ficher et, s’il le faut, éliminer les candidats à la migration vers la terre (sacralisée) de l’Europe des droits humains seulement déclarés. En bas du code on trouve le prénom, VICTOR et le nom, la date d’enregistrement, le numéro progressif de la famille, la taille et en fin le lieu d’enregistrement : Niamey. Dans la capitale du Niger on a créé plusieurs centres de transit orientés vers le passé, le pays d’origine, abandonné  il y a des mois ou des années de cela, peut être en pleine guerre. Il s’agit des centres de ‘fichage’ international avec le code à barre, pour le moment vierge.

L’OIM, l’Organisation Internationale des Migrations vient de présenter, en toute modestie, un rapport sur les retournes volontaires aux pays d’origine des migrants du Sahel. Le mécanisme humanitaire fonctionne. On crée l’urgence, on démantèle la Libye, on fortifie les frontières, on criminalise les migrants, on sous-traite les contrôles et finalement on dicte les lois contre le trafic humain. Ensuite, avec succès, on arrive pour ‘sauver’ les piégés de cette odyssée inouïe appelée mobilité humaine. Les jeunes et ceux qui interprètent le future ailleurs, appauvris, sont dangereux et donc il faudra les ‘stabiliser’ à tout prix dans le sable selon l’ordre divin des choses. On oublie que le même Abraham était un migrant. L’OIM, avec l’appui des autorités du temps, aurait bien géré sa mobilité ‘irrégulière’ sans justification.

Selon le rapport de l’OIM la frontière ‘Nord’ reste calme avec un transit limité des migrants en direction de la Libye. En revanche la frontière ‘Occidentale’ (on dirait qu’on se trouve en guerre et cela est la pure vérité), vers l’Algérie semble plus mouvementée. Depuis le début de l’année des sept mille arrivés (lire refoulés) de  l’Algérie, il y a un nombre record pour les retours ‘volontaires’ en février. Les migrants expédies au pays d’origine sont estimés à 1300 et l’OIM, ému pour cette ‘manne’, remercie pour la complicité les ambassades du mali, du Sénégal et de la Guinée. Dans ce dernier pays, riche en bauxite, depuis quelques jours on tire dessus les gens qui protestent à cause des élections truquées par le pouvoir. L’OIM confirme que le 50 pour cent des migrants ne possède pas des documents d’identification. Pour cela on procède au fichage dans le cas les ‘criminels’ voudraient récidiver.

Les autres jeunes migrants expulsés, accompagnés, déportés, abandonnée dans le désert, traversent la frontière du Mali sous siège des groupes armés. Ils sont dépouillés du peu qui leur reste et parfois ils sont emprisonnés afin de demander l’argent aux parents par téléphone avant de les libérer. Eux, au moins, ne sont pas fichés par l’OIM, serviteur des patrons des frontières armées du Sahel. Vies desséchées même des statistiques. En dehors de l’OIM il n’y a pas de salut, parole des politiciens qui exécutent ce que dicte l’Occident qui attend d’eux la gestion d’une muraille de sable pour enterrer les migrants. L’ami ERIC, ex criminel (pardon, migrant), d’origine camerounaise, est le responsable de la maison du migrant de GAO. Dans un message paru il y a quelques jours de cela il raconte l’épopée d’un groupe des jeunes expulsés de l’histoire officielle. Ils arrivent en 110 de l’Algérie le mercredi 7 mars dans un camion, visages de poussière déçue par la migration avortée. Ils ont crainte du mépris qui revient à ceux qui ont tenté d’arriver sans y parvenir. Une créature de sable, d’origine malienne, a essayé de se suicider à cause de la honte t de la fatigue. Lui, pour le moment, ne rentre pas non plus dans les statistiques  d’Origine Contrôlés des bienfaiteurs.

                                                                                                    Mauro Armanino, Niamey, avril 2018

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