A chacun le commerce qu’il mérite. Celui de la soie avec l’ambition chinoise d’empiéter l’hégémonie des Etats Unis et celui du Sahel, fait surtout de sable. Maintenant au Niger c’est tout le monde qui passe comme pour un pèlerinage choisi. La dernière à nous visiter a été Angela Merkel, chef du gouvernement allemand. Elle a amené de l’argent, des conseils et pour confirmer la politique européenne dans la région. Tout le monde était d’accord avec elle : seulement le travail et le développement pourront lutter avec succès contre le terrorisme et les migrations. Le fait que les deux choses, depuis longtemps, n’en fassent qu’une, ne fait que confirmer que la politique, l’économie et la répression de la mobilité humaine dans le Sahel ne sauraient être séparées. En échange d’aides substantielles le Niger se propose comme garant de la marchandise : les migrants criminalisés, bloqués à Agadez et puis vendus en échange d’argent et des projets de développement. De la voie de la soie, où tout se transforme en marchandise à celle de sable le pas est franchi. Demande-le à madame Emmanuela Del Re de visite à Agadez il y a à peine quelque jours. Elle, vice- ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale de l’Italie, a ténu à assurer les autorités nigériennes de l’action italienne pour soutenir le Pays. L’année passée, en échange de ‘compréhension’ du Niger dans le domaine des migrations, l’Italie a assuré au Pays un aide d 80 millions d’Euro. Qui pensait que le sable n’a aucune valeur s’est trompé. La voie du sable est aussi intéressante que la voie de la soie chinoise, parole de la Merkel.
Pour ce qui est de l’OIM, l’Organisation pour le Migrations Internationales, qui se veut comme un instrument pour les migrations programmées, ordonnées, choisies, propres, sures et surtout ‘régulières’ (pour qui a le pouvoir de décider cela, bien sûr), il récite sa partition par cœur. Pas satisfait de participer au financement du nouveau siège de la DST, la Direction de la Surveillance du Territoire, de faciliter la création de postes de frontières pour ‘sécuriser les migrants’, s’est dernièrement investi dans la caravane de sensibilisation au ‘risques’ de la migration. Théâtre, chansons, témoignage des migrants qui racontent leurs péripéties, films et documentaires…tout cela contribue à créer une mentalité en fonction des politiques migratoires de l’Occident. ‘Soyez informés, migrez dans la sécurité’, voilà le sous-titre au thème de la caravane qui a touché les villes le plus importantes du Pays. Sans pour autant oublier que la migration qu’on appelle ‘régulière’ est à tous les effets impossible, vues les conditions requises par l’espace ‘Schengen’. Il faut essayer pour croire. A Niamey qui assure le service après-vente des permis des séjours en Europe c’est l’Ambassade de France. Même qui croit aux miracles est mis à mal parti. En dehors d’Emmanuel Macron et ses politiques migratoires, assez semblables à celles de l’Italien Matteo Salvini, il n’y a pas de salut.
La voie du sable est compliquée mais juteuse. Le G 5 Sahel demande quelque 2 milliards d’Euro aux donateurs pour devenir efficace, les Etats Unis ont communiqué leur intention de tripler les aides militaires au Burkina Faso en proie à des convulsions terroristes et puis l’opération Barkhane, les Nations Unies et les Pays européens avec leurs militaires surplace. Au Sahel la voie du sable est armée et tout cela entre disparitions, attaques aux écoles, aux églises et aux mosquées et à tout ce qui bouge. Tout cela engendre des souffrances pour la plus part et du business pour d’autres. Sans oublier ce qui se passe au lac Tchad, avec les incursions meurtrières de Boko Haram qui engendrent déplacés, réfugiés, morts et otages en échange d’argent. C’est tout le sens de la voie de la soie. Quand deux éléphants jouent à souffrir c’est l’herbe du champ. Il est difficile de comprendre ce qui arrive au Sahel si l’on oublie la rivalité entre les puissances occidentales et la Chine populaire de la voie de soie. Il y a en jeu les terres, les ressources minières, les minéraux stratégiques et les géopolitiques pour influencer les choix de cette portion d’Afrique appelée Sahel. La voie du sable est celle d’un sable marchand que seulement le vent arrive à tracer et à effacer s’il le faut.