l y a couronne et Corona. La couronne d’épines est d’actualité, ces jours-ci, entre églises, cathédrales, mosquées et lieux de culte désertés. Même le masque qui cache et protège symboliquement de l’épidémie est, à sa manière, une couronne, une couronne de tissus ou d’autre matériel adapté à l’usage. Puis on trouve la couronne des nouvelles qui continue sans interruption et en temps réel, informant sur la propagation ou la guérison du virus. Aussi dans ce cas nous avons un Centre et une Périphérie qui affirment se trouver dans un même bateau. Il s’agit, bien entendu, d’une fiction car, par exemple, les bateaux et les Zodiacs des réfugiés et des migrants qui fuient la Libye ou d’autre Pays, n’ont pas le droit de débarquer sur les côtes européennes. Il y a bateau et bateau parce que il y a monde et monde et donc couronne et Corona. Celle royale doit aller d’office aux soignants car ils ont donné leur vie pour que d’autres la retrouvent après la guérison. C’est la seule couronne qui mérite ce nom car elle est dorée d’éternité, nom provisoire confié à ceux qui ont vécu leur vie en plénitude. Puis on trouve la couronne de la mort qui entoure, comme jamais, les sociétés qui d’elle, la mort, avaient décrété une complice élimination culturelle. Les cimetières transformés en jardins écologique pour des visites guidées, à condition de bannir tout possible signe de d’espérance dans un au-delà qui conteste la censure opérée sur les limites de l’existence humaine. Une croix peut être ou tout autre allusion à la caducité de la vie qui, quand oublie sa fragilité, devient une simple marchandise pour le marché.
Notre Afrique tient, comme toujours par hasard, par vertu ou par distraction. On avait préconisé, à cause de la pandémie, des millions des morts. Une couronne infinie de décès vues les carences des structures de la santé en temps normaux. C’était oublier d’autres facteurs qui opèrent avec le mystère et l’imprévisibilité du cheminement du virus en question. Une certaine résistance due au jeune âge de la population, la prise pendant longtemps des médicaments contre le palu et la tuberculose, moins de pollution dans l’air et, plus en général la ‘coutume’ aux épidémies. Chez nous la vie et la mort marchent ensemble parce que entre les deux mondes, le visible et l’invisible des ancêtres, il y a juste une petite couronne qui les sépare, comme une passerelle qu’on ne confine jamais. Nos couronnes sont les enfants, nombreux comme les étoiles, qui continuent de circuler, jouer et, certains d’entre eux, à mendier, sur les routes poussiéreuses de Niamey. Quelqu’un, aux carrefours et avec la complicité des feux optiques complaisants, imposent aux chauffeurs le nettoyage des carreaux, proposent des inutiles mouchoirs de papier, exhibent des laisses pour chiens et vendent des masques ‘Corona’, verts pour les hommes et noirs pour les dames. Chez nous ici, la couronne est faite de poussière qui, naïvement, ne respecte pas les distances sociales et entoure et séduit, comme elle connait par cœur, choses, personnes, projets et couvre-feu citoyen de 19 h à 6 H du matin.
Avec la chaleur de saison, selon une forte tradition locale, on a intensifiées les coupures d’électricité en ville. En brousse le problème ne se pose pas car la lune, avec sa proverbiale couronne, assure l’entretien du système de livraison de courent. Pour ceux qui ont de l’eau à la maison, une minorité jusqu’à présent, résonnent les mesures barrière au virus, entres elles se laver souvent les mains, surtout en rentrant à la maison. Dans les taxis et sur les motos on a drastiquement réduit le nombre des passagers afin de garder les distances. Certaines ONG, véritable couronne humanitaire, se font photographier pendant qu’ils collent des affiches aux rond points qui rappellent aux citoyens leurs devoirs de protection. La couronne de gloire est en voie de finition auprès des citoyens qui encore résistent à la ‘ coronisation’ du temps, de l’espace et du future. C’est à eux, inventeurs de paysages humains inédits, que revient de droit la couronne qui, comme un migrant, continue de passer des frontières et confie au vent son destin. Sont ceux qui laissent entrevoir les rives d’une utopie qui ne ressemble plus à une ile mais plutôt à une couronne de sable. Ils ont appris à habiter l’incertitude et ils gardent soigneusement la fragile vulnérabilité des paroles pas encore éditées. Leur dernière couronne est celle de lumière, dont ils s’habillent le matin du premier jour de la semaine.