Sa mère s’était recommandée avant qu’il ne parte pour l’Algérie. Tu peux partir pour l’aventure mais ne passes pas sur la mer. Balde est encore un étudiant en Guinée et par peur d’un refus de sa part il n’avait pas informé son père. Avec ses fils à nourrir et lui au beau milieu, sa famille ne pouvait pas lui interdire le voyage que beaucoup tentent. Sa mère lui a demandé de ne pas passer sur la mer parce que elle a bien compris comment ces choses terminent. Etudiant, volé par ceux qui s’appellent ‘rebelles’ passé Gao au Mali. Ce pays est depuis longtemps contrôlé par les trafiquants et les casques bleu qui meurent deux par deux tués par des mines artisanales placées au bord de la route. Prochainement l’armée du G5 Sahel sera effective et le théâtre de guerre donnera plus de travail aux fabriquant de guerres. Les drones, de leur part, guidés et armés par les américains, iront contribuer à faire de cette portion d’Afrique une zone parmi le plus militarisées au monde. Balde, lui, retourne chez-lui avant qu’il ne soit trop tard pour l’année scolaire déjà commencée. Pendant son séjour à Alger un monsieur d’un certain âge et avec assez d’argent lui a proposé de se prostituer et lui a refusé parce que cela n’est pas bien. Il avait déjà vu sur le chemin des filles se vendre pour se payer la suite du voyage d’aller dans le désert. Lui ne l’a pas fait parce sa mère l’avait conseillé de ne pas passer sur la mer.
Les violences sont part du paysage migrant parce qu’elles sont partie intégrante de notre monde. Mamadou, volé à son tour par le ‘rebelles’, par les propriétaires des ‘ghettos’, pas les passeurs, par les transporteurs, par les chefs chantier qui ne paient pas et par les agences qui spéculent sur les migrants, retourne chez-lui. Menuisier par un accident du destin, il fabrique des tables sans rien dessus, des chaises volantes et des tabourets pour les pauvres assis en bas. Pendant trois mois il travaille dans un chantier sans recevoir sa paie, on lui donne seulement la nourriture avec l’excuse que les BLACKS ne connaissent pas l’argent et on leur fait un service étant sans documents. Il fuit aussi parce souvent dans la rue les enfants lui crachent dessus. Cela est trop même pour un menuisier qui ne trouve pas du bois chez-lui et essai de mettre une porte de sortie à sa vie. Il ne sait pas que bientôt les drones armés commenceront à fonctionner et les premiers effets secondaires seront annoncés par un communiqué de l’état-major des armées. Un Sahel tout à inventer, armé, contrôlé, financé et convoité par les multinationales qui ne cherchent que leurs intérêts avec la complicité du système politique. Mamadou affirme vouloir faire du commerce avec rien et commencer à vendre ce qu’il n’a pas encore. Un commerçant de sable porté par le désert et enrichi par des expériences qu’il n’aurait jamais imaginées. Il dit que le Maghreb est un enfer de secours.
Eut non plus sont passés sur la mer de mer, ils ont simplement passé celle de sable. C n’est pas seulement Donald Trump qui divise et déporte les familles migrantes. C’est aussi la très africaine Algérie, où la religion principale est constituée par les intérêts d’un clan et d’une seule catégorie. Et pourtant, eux aussi pratiquent la migration en France et ailleurs. Ils déportent les ‘irréguliers’ par milliers, comme si la vie était ‘régulière’ comme un compte en banque ou un verset du Coran. A milliers ils sont expulsés,’ manu militari’, arrimés dans des camions comme des animaux, jetés dans le désert et avant tout cela dépouillés de leurs avoirs accumulés pas des années de travail exploité. Ils retournent au Niger de l’Algérie, mélangés à la poussière du vent et du sable parsemé de larmes, étendus sur les dalles bien payées de l’OIM et puis envoyés au destinataire avec tous les honneurs du cas. Les autres arrivent par centaines de la Libye, au centre de l’attention mondiale pendant quelques jours. 540 d’entre eux ont rejoint Niamey en avion, eux qui avaient pris le désert comme complice, ils ont le privilège de la déportation volante. Le gouvernement, l’OIM qui fait des migrations son juteux business et d’autres 4000 qui devraient retournes au pays. L’Europe paye ce qu’elle a créé et détruit après avec ses politiques assassines qu’elle pratique depuis des années. Selon le ministre un million de nigérien se trouvent encore en Libye et attendent le retour dans la patrie qui les a avant répudies. Tout sera mis en œuvre pour qu’ils ne passent pas sur la mer.
Mauro Armanino, Niamey, décembre 017