Parce qu’il était noir ou parce que simplement humain. Peut- être les deux choses ensemble avec un évident accent pour la première raison, vu la réaction aux Etats Unis et ailleurs, à la suite de l’abominable meurtre par étouffement de George Floyd à Minneapolis. Le mouvement Black Lives Matter, la vie des noirs importe, a ‘contaminé’ une bonne partie du monde engendrant beaucoup de manifestations, interrogations et accusations sur l’action des forces de l’ordre et plus encore à propos du racisme qui ne termine de saboter l’humaine aventure. Un effet du Covid 19, une réaction aux politiques fascistes et néolibérales de Donald Trump, l’impact des medias, le rôle néfaste des Etats Unis et une juste colère pour ‘ le mort de trop’, ont contribué à créer un climat social que la démolition de certaines statues montre à merveille. Quelqu’un, il y très longtemps de cela, a écrit qu’au moment d’abattre les statues il serait sage d’en garder le support…pour y poser les prochaines. Les manifestations ont bondi un peu partout et aussi en Afrique, avec un peu de retard, quelque chose a bougé. Rien de trop éclatant bien entendu mais au moins suffisantes à la faire sortir de l’habituelle ‘clandestinité’ médiatique dans laquelle elle se laisse plonger. Le président de la Commission de l’Union Africaine, le forum des anciens chefs d’état, le Ghana, le Kenya, l’Afrique du Sud, la Tunisie, le Sénégal et puis artistes et joueurs de foot qui ont souffert des cris racistes dans les stades européens. Alpha Blondy a peut-être un peu de raison lorsqu’il chante avec le reggae de Bob Marley pour exprimer sa pensée.
J’insiste, persiste et je signe/ Les ennemis de l’Afrique sont les africains…Cet extrait est tiré de la chanson ‘Les imbéciles’ dans un album sorti à la fin des dures années ’90. Blondy, dans le texte, fait allusion aux différentes crises qui ont secoué le Continent pendant cette période-là. Le premier et grand ennemi de l’Afrique est l’oubli ou la censure des souffrances du peuple. Il est de ces jours-ci le rapport sur les ‘crises oubliées’, publié par le Conseil Norvégien pour les Réfugiés. En faisant le classement, le rapport en question prend en considération trois éléments : le manque de volonté politique pour résoudre la crise, le manque d’attention des medias et le manque d’aide économique. Le document analyse les crises qui ont provoqué plus de 200 mil déplacés ou réfugiés. Des 41 crises prises en examen il résulte que parmi les première dix on liste neuf Pays africains. On trouve à la première place le Cameroun, puis la RDC, le Faso, le Burundi, le Mali, le Sud Soudan, le Nigéria, la RCA et le nouvel arrivé Niger.
Le seul Pays non africain parmi les dix est le Venezuela. Ces crises sont d’abord crées et ensuite vite oubliées, par les africains d’abord et ensuite par le reste du monde. Ce ne sera donc pas le pan-humanitarisme qui pourra redonner une solution à ces crises qui sont voulues, souffertes, provoquées, facilitées, financées et finalement effacées. Ce dernier, le ‘pan-humanitarisme’, pourrait représenter l’autre ennemi caché de l’Afrique. Il vit et prospère dans les crises et grâce aux crises et, directement ou pas, risque de perpétuer les causes et les conséquences des crises elles-mêmes. Il y a des compétences professionnelles qui se développent et bien souvent on cherche à ‘vendre’ au mieux le ‘produit humanitaire’ en question, afin de gagner sur la concurrence des autres Agences Humanitaires. Pour pouvoir fonctionner, ce type de système, nécessite remplir certaines conditions. Une de celles-ci consiste dans la réduction des personnes à victimes plus ou moins passives de leur destinée et donc incapables d’entendre et vouloir ce qui constitue leur propre bien. L’autre logique à observer consistera donc dans la fourniture des projets et instruments pour réaliser ce qu’on pense puisse résoudre le problème d’abord crée et ensuite cultivé par la crise mentionnée.
Les fabricants d’armes, les vendeurs d’esclaves, les postes de police, les douaniers corrompues entre une frontière et l’autre, les élections ‘tropicalisés’, le vol des matières premières, la vente des terres, l’exploitation des enfants, les chaines migratoires de prostitution, le commerce de cocaïne et des faux médicaments, les mandats présidentiels avec une durée indéfinie et les Commissions Electorales Nationales Indépendantes qui ne sont que le ‘miroir’ du pouvoir, ne pourraient se perpétuer ou simplement exister sans la complicité de certains africains et des politiciens pris en otage par l’argent, le pouvoir et le prestige.
Bien sur l’Orient et l’Occident ne sont pas innocents dans cette opération de ‘ratissage’ des ressources et ces opérations ne pourraient pas se réaliser sans leur aval. Tout vrai mais cela ne fait que confirmer et renforcer ce que Diallo Telli, tués par un dictateur nommé Sékou Touré, eu le courage de dire…’Nous sommes les peuples qui ont le plus souffert l’injustice dans l’histoire et c’est pour cela que nous n’avons pas le droit, ni politiquement ni moralement, d’infliger injustices aux hommes’…Vraiment peux aujourd’hui, ici ou ailleurs, auraient le courage de concevoir et exprimer publiquement ces parole d’une très grande valeur éthique. Un Continent qui trahit et pousse ses enfants à le fuir ailleurs pour vivre renie son passé ancestral.
Encore le même Blondy, dans la chanson citée, souligne…’Il y a les diamants à ciel ouvert/ Il y a l’or à ciel ouvert/ la bauxite à ciel ouvert/ l’uranium à ciel ouvert/ mais les cerveaux sont enfouis à ciel ouvert’… IL ne devrait pas aller loin celui qui voudrait identifier et nommer les ennemis : ils se trouvent ici en bon nombre, dans le Continent africain. Si nous voulons parler sérieusement de racisme alors nous devrions commencer par nettoyer et dire la vérité ici chez-nous. Il n’est mystère pour personne qu’au Maghreb, par exemple, ce sont des africains (du Nord Afrique et donc de teint plus clair), qui insultent et réduisent en esclavage les ‘Blacks’ de l’Afrique subsaharienne. Ce qui se passe en Libye et en Algérie, entre autres, est un cas au point. Les camps de détentions et de tortures en Libye et les expulsions des migrants en Algérie, après leur avoir volé le fruit des années de travail et puis abandonnés au désert, sont une blessure ouverte à la dignité des africains. Tout cela se passe dans le silence assourdissant des dirigeants africains, les mêmes qui montrent de se scandaliser pour l’assassinat d’un noir aux Etats Unis, se rencontrent au moins deux fois par an à Addis Abeba, le siège de l’Union Africaine.
Les ennemis plus dangereux pour l’Afrique sont, néanmoins, les marchands de Dieu, un Dieu contrefait par des idéologies meurtrières et hostiles qui arrivent au Continent avec les canonnières, les aides humanitaires et les accords commerciaux. Ils trouvent assez facilement des adeptes et des débouchées afin de caser sur les plages ou ailleurs, les sites pour y déverser les déchets de leur civilisation marchande. Ils cherchent des sites, par exemple la banlieue d’ Accra au Ghana, afin d’y cacher à ciel ouvert leurs matériaux toxiques. Ils usent le dieu argent comme prétexte, ils achètent et font acheter, ils vendent illusions, mirages, utopies consommés par le trafic et ils promettent des paradis bon marché près des centres commerciaux. Ils donnent forme aux imaginaires des jeunes et mettent leurs rêves en vente aux enchères. Ils trouvent une fois de plus des complices sur place et transforment la sagesse d’antan en un inutile refrain de pécheurs qui ont oublié l’art de la pèche. Ils réduisent le monde à un grand et unique marché, afin de mieux voler les pauvres.
Discriminés parce que pauvres ou parce que noir, il est peut-être sage ne pas se tromper de décliner l’adversaire ou l’ennemi. La faute principale des migrants qui débarquent dans les ports d’Europe (s’ils ne seront pas noyés avant), ou ceux qui arrivent en avion ou par d’autres routes, ne réside pas dans la couleur de leur peau, la forme des yeux ou la langue différente mais sera plutôt la pauvreté. La même chose se passe ici en Afrique : si l’on A on EST et qui n’a pas n’EST PAS ! L’habit qu’on porte pour l’occasion n’est pas tout. Il n’est pas nécessaire d’aller aux Etats Unis pour voir les pauvres noirs discriminés ou persécutés, et ainsi les activistes des droits humains, les démocrates, les journalistes, les artistes et les juges qui font leur métier. L’Afrique a besoin et craint la vérité d’elle- même et de sa destinée. Comme nous tous elle aussi aimerait compter sur des amis sincères.
Les véritables amis de l’Afrique sont ceux qui savent se taire, parler quand il le faut et renoncer aux temps qu’ils avaient avant de la rencontrer. Les amis de l’Afrique ne viennent pas pour l’aider mais pour SE LAISSER AIDER à décliner la vie autrement. Les amis de l’Afrique sont ceux qui se laissent contaminer par la saveur du vent et qui ont appris à leurs dépens, combien le sable soit important pour interpréter sagement l’histoire humaine. Ils n’amènent ni recommandations, projets de développement ou stratégies. Ils laissent tomber les fonds d’urgences, les conseils à prodiguer, les photos à prendre ou les chemins à suivre pour s’émanciper. Les amis de l’Afrique savent qu’à la fin seront les analphabètes qui écriront, dans la poussière, les mots qui comptent le plus. Les amis de l’Afrique vivent dans l’attente qu’eux, les enfants, sans le savoir, sauvent le monde.