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Billet de blog 24 mars 2020

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A Niamey il a plu sur le virus: le court printemps du Sahel

Bien vrai. Déjà la nuit d’avant il faisait excessivement chaud et la matinée semblait encore plus étouffante. Ceci dit, la pluie tombée sur Niamey le soir du vendredi a été, pour beaucoup, au moins exceptionnelle pour la quantité d’eaux déversée en ville.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bien vrai. Déjà la nuit d’avant il faisait excessivement chaud et la matinée semblait encore plus étouffante. Ceci dit, la pluie tombée sur Niamey le soir du vendredi a été, pour beaucoup, au moins exceptionnelle pour la quantité d’eaux déversée en ville. Le jour avant le Ministère de la santé avait annoncé l’existence du premier malade reconnu de ‘Coronavirus’ dans le Pays. Il s’agissait d’un monsieur qui avait traversé plusieurs Pays de la Sous- Région et puis découvert ‘positif’ de son arrivée à Niamey, jusqu’à présent libre de toute contamination. Depuis, afin de réduire les risques de propagation du virus, le gouvernement et les autorités religieuses avaient déjà pris des mesures de prévention. L’annulation des rencontres internationales, l’interdiction des voyages dans les pays ‘contaminés’, la fermeture des frontières aériennes et terrestres et des écoles de tout ordre et degré. Quant à l’Université Nationale, cette fermeture n’a rien changé car, à cause du conflit entre le gouvernement et les chercheurs, l’année académique était déjà perturbée. Pour ce qui est des fonctions religieuses, après concertation avec les leaders religieux de tout bord, elles ont été suspendues et les lieux de culte seulement ouverts à titre privé. Faute de clochers et de cloches on a la chance d’écouter, grâce aux haut- parleurs, les muezzins qui appellent les fidèles à la prière de chez eux. La police a dû intervenir dans quelque cas  afin de disperser des groupes des fidèles résistants aux normes. Par contre personne ne s’attendait une pluie de telle intensité. Les enfants courraient pour traverser des flaques d’eaux que les taxis, plus attentifs à l’état de leur voiture, tentaient à tout prix d’éviter. Une pluie sur le virus, le vendredi passé, à Niamey.

Une pluie, d’ailleurs, peu démocratique car elle a laissé à coté plusieurs quartiers de la capitale. Une pluie atypique que certains ont mise en relation avec les mangues. Une pluie insistante, accompagnée par l’inséparable vent qui, pas du moins pour le moment, n’a divorcé du sable et que, ensemble, ils forment le couple le plus connu au Sahel. Une pluie politique qui a poussé à mettre en second plan, avec la complicité du virus- médiatisé, l’arrêt et la mise en détention des quelques représentants de la société civile qui ont osé défier l’ordonnance qui interdisait tout rassemblement avec plus de mil personnes. L’ami Moussa Tchangari, secrétaire général de l’Espace Alternative Citoyens, entre autres, se trouve dans la prison de Tillaberi, pas trop loin de Niamey, en pleine zone déclarée ‘rouge’ à cause de manque de sécurité. Ce n’est pas la première fois que Moussa est détenu et probablement, vu comme les choses vont, non plus pour la dernière, avec le risque que le Régime prenne le ‘Coronavirus’ comme un possible allié politique. On ne parle plus des milliards des francs CFA qui, destiné à la Défense de la Nation, ont pris d’autres directions et cachent probablement des noms importants du paysage politique nigérien. En effet, dans un communiqué publié le vendredi de pluie, le Ministère de la Justice a annoncé l’arrêt de toutes les séances publiques pour une semaine. Quant à la visite aux prisonniers, elles sont suspendues pour trois mois.

Récemment une partie des avocats, à cause des tentatives d’ensabler l’enquête concernant les fond destinés à la Défense, avait déclaré un ‘jour sans justice au Niger’. Il faudrait plutôt se demander  s’il y a eu UN JOUR AVEC justice  pour les pauvres dans le Pays ! La pluie est tombée en particulier sur la Commission Nationale des Droits Humains. Certains de ses membres ont eu des problèmes avec la police, pendant qu’ils cherchaient de faire leur devoir d’enquête sur les gardes à vue des membres de la Société Civile à la Police Judiciaire. Ils ont été invités à quitter le lieu sous la menace d’une intervention musclée.  

Sans demander le permis à personne, la pluie de Niamey est descendue abondante pour un bref printemps.

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