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Billet de blog 26 août 2019

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L’(auto) censure de l’Occident

Je le confesse, un mois dans ma patrie n’est pas assez. Juste 30 jours d’un calendrier qui se fait en fonction des circonstances et des attentes de mon visa pour le retour au Niger, périmée bien avant de partir à cause d’un oubli. Du Sahel et du Niger, jusqu’à présent, aucune trace en TV et dans les journaux et dans les discours.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je le confesse, un mois dans ma patrie n’est pas assez. Juste 30 jours d’un calendrier qui se fait en fonction des circonstances et des attentes de mon visa pour le retour au Niger, périmée bien avant de partir à cause d’un oubli. Du Sahel et du Niger, jusqu’à présent, aucune trace en TV et dans les journaux et dans les discours. Nous avons terminé d’exister, les deux, et avec nous le sable et les morts de chaque jour par l’œuvre des entrepreneurs de la guerre et des petits écoliers qui ont dû quitter l’école depuis longtemps. Les enseignants ont été menacés parce que considérés proches de l’Occident qui, selon eux, surtout avec l’école en perpétue le colonialisme culturel et politique. Malgré l’histoire des migrants sauvés dans les eaux de la Libye dans l’attente du débarquement à Lampedusa, ce qui se passe en amont de cela, ou mieux dans le désert, a été effacé. Les (auto) censure sont les plus dangereuses et, comme cela s’est déjà vérifié dans le passé, elles pourraient mener à bien d’autres dérives un continent qui a de la peine à assumer les conséquences des principes qu’il imposes aux autres et qu’il a du mal a assumer lui-même.

L’insoutenable censure de tout ce qui constitue la réalité, depuis toujours processus à interpréter, voulu ou non attendu, des choix effectués dans la fragilité du temps. On ne dit plus rien des migrants effacés du radar bien avant que, par milliers, ils atteignent les camps de détention en Libye. On a oublié, coupablement, que maintenant les frontières européennes ont descendu même en dessous d’Agadez au Niger, vers la cote atlantique. Les gens de la place ne sont plus ni libres de rester ni libres de partir. Ceux qui, en prenant tous les risques du monde, cherchent encore à quitter leur Pays, sont pris et ensevelis dans les camps de ‘ accueil détenu’ gérés par l’OIM. Ce dernier, des Migrations Internationales a fait son Organisation de choix, c’est-à-dire son business au nom de l’Occident qui le finance. Que les migrants ne soient que des ‘criminels’ qu’on essai d’arrêter aux frontières est un phénomène assez connu et accepté et parfois souhaité par ceux qui comptent dans le monde. Depuis des années, en effet, des politiques de l’Europe, et en particulier pour ce qui est du Sahel depuis La Valette de 2015, on ne dit plus rien du tout. Et pourtant c’est en conséquence de ce type de politiques si on voit apparaitre les bateaux de sauvetage de l’Occident qui d’abord pousse au naufrage et puis se propose comme ‘sauveur de vie des africains’.

Les gens ne sont pas libres ni de partir ni de rester sur place parce que les économies locales ont étés démantelées et on assiste au vol systématique et cohérent des ressources : cela empêche ou tout du moins rend problématique rester à la maison. De la pêche sur côte atlantique aux minéraux, en passant pas l’agriculture, le système de dépouillement global continue sans merci dans l’espace sahélien. Cela se passe, sans problèmes, grâce aux élites locales depuis longtemps achetées par le système et elles - mêmes soumises aux classes dominantes internationales. Obtenir un visa pour voyager en Occident est une loterie qui ressemble à une mission impossible pour la plupart des gens et alors le seul chemin à parcourir pour se faire accepter comme des nouveaux esclaves de l’Occident c’est le chemin du désert ou d’autres routes périlleuses qui demandent parfois des années de voyage. Tout cela on a arrêté de le dire à cause de ladite censure qui, comme une couche de fumée, empêche de saisir l’histoire et se limite à enregistrer les événements pour les manipuler selon les intérêts des puissants. On censure ‘le politique’ comme domaine privilégié de construction sociale commune et on se borne à la gestion administrative de la politique.

La censure comme une complice manipulation du réel amène comme conséquence l’inacceptable trahison des pauvres. Elle débute avec les yeux, soumis aux marchandises et à la publicité dominante et ensuite elle contamine les oreilles, esclaves des portables qui en rythment l’écoute. On marche en regardant l’écran imaginant des dialogues fictifs ailleurs tandis que les visages réels disparaissent dans l’absence. L’auto-censure, plus encore non justifiée, implique aussi les moyens de communication, les communs citoyens et les entrepreneurs sociaux et religieux. Digère et colonise le domaine du politique, de l’éducatif et de l’économique des sociétés occidentales. Démasquer cette mafia est le premier pas vers la rédemption. Le deuxième c’est la révolte c’est-à-dire la conversion aux visages réels des pauvres.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.