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Billet de blog 28 février 2022

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A quoi servent les armes. Une vue du Sahel

Les armes servent pour être utilisées. Elles donnent un pouvoir éphémère et enrichissent un restreint nombre de personnes par rapport au nombre de ceux qui en subissent les conséquences.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les armes servent pour être utilisées. Elles donnent un pouvoir éphémère et enrichissent un restreint nombre de personnes par rapport au nombre de ceux qui en subissent les conséquences. Ayant choisi, en son temps, d’être coopérant militaire, je n’ai jamais cru que la paix serait le fruit des armes. Je les ai vues, par contre, pendant la dernière portion de la guerre civile au Libéria à la fin du millénaire. Les armes étaient, entre autre, dans les mains des enfants qui, avec tout le sérieux du monde, contrôlaient les ‘check-points’ sur les routes versa la fin du règne du président Charles Taylor. Avec des armes plus grandes et lourdes qu’eux, ils avaient le pouvoir d’arrêter et faire trembler les chauffeurs et les passagers humanitaires des ONG venue au secours du Pays. Ces enfants étaient des parfaits inconnus, invisibles comme la plus part des fils des pauvres. Avec dans la main une kalachnikov AK-47, ils étaient en mesure de commencer à exister, à compter vraiment et surtout d’avoir grandi et d’être craints. 

Les armes se vendent pour être utilisées. Nous le voyons au Sahel, présentement une des zones le plus dangereuses de la planète. Les groupes armés emploient surtout des armes ‘légères’ qui, dans les guerres ‘asymétriques’ comme celle auxquelles nous assistons depuis des années, sont le plus nocives. Les armes circulent, passent de guerre en guerre, ont leurs circuits de vente, commerce et acheteurs, elles se multiplient sans mesure et continuent d’être volées et revendues. Armes en échange de vie humaines et des souffrances et des réfugiés qui fuient ailleurs. Souvent ils passent d’une guerre à l’autre et d’un camp à l’autre en demandeurs d’asile pendant des décennies. Armes régulières, irrégulières, informelles, clandestines, illégales ou, alors, parfaitement enregistrées dont la matricule permet d’en tracer l’origine et le parcours. Tout cela, au fond ne sert pas lorsque les armes tuent ou menacent de tuer. Les armes sont l’expression du plus grand mensonge qui prétend de créer la paix avec la guerre.

Les armes se fabriquent pour être utilisées. Au Sahel nous avons eu et (par certains) célébré plusieurs coups d’états de la part des militaires armés. Après le Mali a été le tour du Burkina Faso et l’on se demande qui sera le prochain ‘élu’, parmi les états de la région. Une partie du peuple a applaudi les militaires ‘puchistes’. En effet on pense que, avec les militaires au pouvoir, avec les armes de la persuasion (et les armes dans la main), mettront un point final à la corruption, au népotisme, au néfastes influences étrangères et finalement ils donneront le pouvoir aux civils. Cela pour améliores le gouvernement du pays…jusqu’au prochain coup bien entendu. Au Niger on a construit plusieurs bases militaires étrangères et même l’Italie, bonne dernière pour le moment, aura son attendu et préconisé ‘pied-à-terre’ dans le Pays, près de l’aéroport international de Niamey. Et maintenant que la guerre retourne aussi en Europe, l’on pourra renouveler les armements, en essayer l’efficacité et en améliorer les performances létales. Il s’agit d’une occasion unique que ‘l’establishment’ militaire global, maitre dans l’art de guerre jamais oubliée, ne se laissera pas échapper.

A mourir et souffrir, par contre, seront toujours les pauvres inconnus. Les autres, les survivants, mourront de honte pour ne pas avoir osé changer ‘ les épées en charrues et les lances en faucilles’, dans le rêve du prophète Isaïe. L’Italie, de sa part, aurait encore la possibilité de transformer la base militaire dans une école de paix, avant qu’il ne soit trop tard !

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