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Billet de blog 28 mars 2022

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L’armistice sans fin de Christian. Réfugié et migrant par hasard

Christian est parti ce matin à Monrovia, au Libéria. La dernière fois il avait fui son Pays en 2013 à cause d’une guerre appelée ‘Ebola’, maladie qui a affecté et tué des milliers des personnes aussi dans la voisine Sierra Leone.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Christian est parti ce matin à Monrovia, au Libéria. La dernière fois il avait fui son Pays en 2013 à cause d’une guerre appelée ‘Ebola’, maladie qui a affecté et tué des milliers des personnes aussi dans la voisine Sierra Leone. A l’âge de vent ’ans, à cause de la guerre civile dans son Pays en 1996, il était parti en Côte d’Ivoire et, comme réfugié il avait appris le métier de mécanicien. Les cinq ans passés au Pays avait été utiles. La guerre le rattrape en Côte d’Ivoire et pour cela le Haut-Commissariat pour les Réfugiés l’amène, avec d’autres comme lui, jusqu’au Cameroun. Le destin semble s’amuser avec lui pendant neuf ans dans un camp des réfugiés. Il apprend d’autres métiers qui lui seront utiles au moment de rentrer dans son Pays, la guerre terminée, en 2009. Au Libéria il pense d’avoir terminé son périple et vivre finalement sa vie.

Il n’avait nullement envisagé la guerre d’Ebola, qui a semé mort et destruction dans son Pays et les pays limitrophes. A la mort d’une partie de sa famille, il entame un deuxième exode en Côte d’Ivoire, il passe au Ghana et puis le Togo sans trouver ce qu’il cherchait. Des amis lui conseillent l’Algérie qu’ils considèrent comme un chantier ouvert pour les migrants en quête de travail. Il n’a jamais pu l’atteindre malgré les trois tentatives effectuées car, aux frontières, les militaires l’ont refoulé et déporté sans pitié au Niger. Dans ce Pays du Sahel il travaille d’abord comme barbier avant d’être arrêté et condamné à deux ans de prison sous une fausse accusation de fraude. Il y a quelques jours de cela la Maison d’Arrêt de Niamey l’a libéré.

En prison il survie comme il peut avec les petits métiers qu’il a appris pendant les séjours forcés dans les camps. Mécanicien, chauffeur, plombier, cordonnier et commerçant de tout ce que le marché de la prison peut offrir. A la sortie de la prison, après un bref temps de repos, il s’appuie sur l’Organisation Internationale des Migrations, pour un retour ‘volontaire’ au Pays. Ces trois enfants, assez grands, se trouvent en Côte d’Ivoire. L’ainée a accouché d’une petite qu’il espère embrasser aussitôt. La mère de ses fils a su l’attendre et, une fois sur place, il la fera venir au Libéria où sa famille paternelle a un terrain et une vieille maison. Christian montre sa carte de vaccination pour le Covid car il passe pour saluer et remercier. Il demande une prière pour le voyage, un souvenir et il promet, comme tous, qu’une fois au Pays il donnera ses nouvelles avec la photo de sa petite nièce. Il dit qu’on l’a appelée Peace, Paix.

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