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Billet de blog 30 août 2021

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Le drapeau migrant de Niamey et le rêve de Luther King

Il ressemble à celui des Etats Unis dont le Libéria est une improbable émanation. Le drapeau du Libéria comporte once bandes horizontales au lieu des treize comme celui des USA. En plus on trouve une seule étoile en haut sur la gauche au lieu de cinquante pour le drapeau américain.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il ressemble à celui des Etats Unis dont le Libéria est une improbable émanation. Le drapeau du Libéria comporte once bandes horizontales au lieu des treize comme celui des USA. En plus on trouve une seule étoile en haut sur la gauche au lieu de cinquante pour le drapeau américain. Une seule étoile car le pays fut le seul Pays libre de toute colonisation occidentale. Le drapeau est attaché sur rien dans une salle de classe de l’école primaire de Gamkallé, quartier à la périphérie pauvre de Niamey. Autour du drapeau un groupe de migrants qui se rappellent bien de son histoire. Il s’agit de retournés forcés d’un projet migratoire échoué, détourné ou simplement abandonné par la force des événements dans la Région. Certains d’entre eux ont fui pour échapper à quinze ans de guerre pour en trouver d’autres au Soudan, au Tchad, la Libye, la Cote d’Ivoire et surtout en Algérie à cause des refoulements par milliers. D’une guerre à l’autre.

Pourtant tout semblait bien fonctionner comme dans les contes ou le ‘rêve’ de Martin Luther King, le pasteur américain, dont aujourd’hui tombe l’anniversaire. ‘I have a dream’, proclamait Luther King en 1963 devant le Lincol Memorial de Washigton, pour la conclusion de la marche pour les droits civils, connue comme la marche pour le travail et la liberté. Aussi le migrants libériens qui fêtent leur drapeau à Niamey, gardent le rêve qu’ils ont planté dans le sable du Sahara qui se mélange avec celui du Sahel. Le même rêve de ceux qui, après avoir connu l’esclavage dans les plantations des Etats Unis ont choisi de retourner en Afrique, perçue comme la Terre Promise perdue. On sait comment les choses se sont ensuite passées au Libéria. Les anciens esclaves libérés ont reproduit sur les populations autochtones, qui à leur tour commerçaient des esclaves, le même système d’esclavage qu’ils avaient enduré !

Une fois déclaré illégal l’esclavage aux Etats Unis, il était question de ‘faciliter’ le retour au bercail des esclaves désormais libérés. Et il fut ainsi que, malgré les résistances des populations autochtones qui ne voulaient nullement vendre leurs terres, les premières décennies du 1800, le rêve des ‘Libériens’ prit forme. En 1847 fut donc déclarée l’Indépendance de la Société Américaine de la Colonisation qui fut à l’origine de l’invention du Pays. Le rêve se transforma vite en cauchemar pour les populations locales parce que le pouvoir fut confisqué par les ‘colons noirs’, appelés ‘Congos’, arrivés des USA. La guerre civile qui a ravagée le Pays est, du moins en partie, une conséquence de ce rêve qui a fait naufrage avant d’arriver dans la Terre Promise de la Liberté. Les migrants libériens ont chanté l’hymne national, partagé le riz et la sauce qu’il fallait pour l’occasion. Cela sous le regard attentif de seule étoile du drapeau qui rappelle le rêve que Matin Luther King leur a confié.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.